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pour les enfans; mais ils deviendront hom mes, & ces premieres impreffions peuvent les rendre trop crédules, ou leur donner du mépris pour tout ce qu'ils ont appris dans l'enfance, fans diftinguer le folide. De plus, le Catéchifme fe fait en public & à la face des Autels; c'eft la parole de Dieu, où il n'eft pas permis de rien mêler qui ne puiffe fe foutenir devant les hommes les plus favans & les mieux fenfés, & qui ne foit digne de la majefté de la Religion.

Un autre moyen pour fuppléer à la féchereffe des Catéchifmes, bien plus approchant de l'ancienne méthode, font les Abrégés de l'Hiftoire fainte de l'ancien & du nouveau Teftament, accompagnés de Figures, L'invention en eft excellente; les images font très propres à frapper l'imagination des enfans, à fixer leur mémoire; & c'est l'écriture des ignorans. Mais il feroit à defirer que ceux qui ont fait ces Abrégés, au moins ceux dont j'ai connoiffance, y euffent obfervé plus de choix & plus de méthode. Ils ont mis bien plus au long les Hiftoires de la Genese que des autres Livres hiftoriques : ils en ont mis plufieurs qui ne fervent de rien à l'effentiel de la Religion, comme la punition d'Adonibezec & d'Agac, la révolte de Zamri & d'autres femblables, & ils en ont

omis d'importantes, comme les promesses du Meffie faites à David, & la vie des Prophètes; fur-tout, il ne paroît pas qu'ils aient pris foin de faire voir la fuite & le rapport de tous ces faits, & véritablement c'est ce que les enfans entendent le plus tard; mais c'eft pourtant à quoi l'on doit toujours tendre. Enfin les livres remplis de figures font de trop grand prix pour être à l'ufage des pauvres, qui ont le plus de befoin de ces inftructions; & le difcours, qui n'eft fait que pour expliquer les figu

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n'eft plus fi clair quand elles font ôtées. Cependant elles m'ont paru d'une fi grande utilité, que j'ai cru en devoir mettre à ce Catéchifme, afin qu'il puiffe fervir tout enfemble de Catéchifme & de Figures de l'Hiftoire Sainte. Mais je les y ai jointes de telle forte, qu'il n'en dépend & que les Figures ont plus de befoin du difcours, que le difcours des figures.

aucunement,

Je fais bien que l'on a compofé les Catéchismes fans narrations, par le defit de fe réduire au plus néceffaire; fondé fur la connoiffance que l'on avoit de l'ignorance craffe de la plupart des Chrétiens, de leur peu d'application, de leur incapacité. On a cru qu'ils pouvoient ignorer les noms des Patriarches & des Prophètes, l'alliance avec Abraham, la fervitude d'Egypte & de

Babylone, pourvu qu'ils fuffent qu'en Dieu il y a trois perfonnes, que la feconde s'eft faite homme, qu'il y a fept Sacremens, & le refte. Cependant on n'a pu éviter de mêler beaucoup de faits à la Doctrine. On ne peut expliquer le premier article du Symbole, fans parler de la création ; ni le Baptême, fans parler du péché de notre premier Pere; ni le commencement du Décalogue, fans patler de Moïfe de l'occafion & de la maniere dont la Loi lui fut donnée. On ne peut s'exempter de raconter affez en détail la Naiffance de JefusChrift, fes principaux miracles, fa Paffion, fa Réfurrection fon Afcenfion quand ce ne feroit que pour rendre raifon des Fêtes, par lesquelles on honore ces Mysteres, qui eft une des inftructions dont le peuple a plus de befoin. Or ces faits feroient bien plus intelligibles & plus agréables, s'ils étoient contés de fuite dans leur ordre naturel, & avec une étendue raisonnable, qu'ils ne font quand on ne les lit que par occafion, fuivant l'ordre des parties du Catéchifme; quand on ne les dit qu'en paffant, & comme à regret, craignant d'y perdre du temps.

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C'est ce qui mérite d'être fort contidéré; car je crains que les Catéchifmes les plus courts ne contiennent plufieurs chofes moins néceflaires que ces narrations. Il n'y

en a gueres qui ne difent rien au-delà de ce qui eft précisément de la Foi, & ce furplus eft tiré pour l'ordinaire, ou des opinions de l'école, ou des méditations des fpirituels. Il n'y en a point qui ne foit rempli de termes de fcolaftique, qui demandent une grande explication pour pouvoir être entendus du peuple: vertus infufes vertus Theologales, Cardinales, culte de Latrie, de Dulie, d'Hyperdulie. Mais quand on pourroit, fans connoiffance des faits, favoir les vérités les plus abfolu ment néceffaires au falut, ne faut-il pas fonger à rendre les Chrétiens capables de profiter des livres de piété, des fermons de l'Ecriture même, s'ils peuvent y arriver? Ne faut-il pas qu'ils entendent, autant qu'il eft poffible, ce qui fe lit publiquement, & ce qui fe chante à la Messe & aux autres Offices, & ce qui eft fignifié par les faintes cérémonies de l'Eglife? Or, que peuvent y entendre ceux qui n'ont jamais oui parler, ni de Patriarches, ni de Prophêtes, ni d'Abraham, ni d'Ifraël, ni de Moïfe, ni de David, ni de Jerusalem, ni du Temple, ni des facrifices anciens, ou qui en ont oui parler fi confufément, qu'ils n'en ont aucune idée claire ?

Voilà les motifs qui m'ont fait entreprendre ce Catéchifme, dont le but est de foutenir, par la connoiffance des faits,

P'explication du Symbole & des autres parties de la Doctrine Chrétienne. L'expérience a déja fait voir que cette méthode n'eft pas inutile: & ce qui m'en fait bien efpérer d'abord, eft qu'elle approche de celle que Dieu même nous a enfeignée dans la fuite de ces faintes Ecritures. Les premiers livres & les plus anciens ne font la plupart que des Hiftoires : les Préceptes de Morale viennent après; puis les Livres des Prophêtes mêlés d'exhortations & de prédictions; par-tout l'ordre des temps eft faivi. Il en eft de même dans le Nouveau Teftament. D'abord eft l'Hiftoire, dans les Evangiles & les Actes des Apôtres; puis les Instructions & les Exhortations dans leurs Epîtres, & enfin les Prédictions dans l'Apocalypfe; en forte que l'ordre des Ecritures renferme toute la fuite des deffeins de Dieu. Le premier Livre commence par la création du monde, & le dernier finit par l'efpérance du dernier avénement de Jefus-Chrift.

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Si tous les Chrétiens étoient encore capables comme dans les premiers temps, de lire l'Ecriture & de l'entendre, il ne leur faudroit point d'autre inftruction, puifque ce feroit Dieu même qui les inftruiroit, parlant par fes Prophètes; mais il n'eft que trop évident que toute forte de gens ne font pas en état de lire

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