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remplis de l'amour de Dieu, enforte qu'ils étoient prêts à accomplir tous fes commandemens non feulement fans peine, mais avec plaifir. Ils entendirent parfaitement les faintes écritures & les paroles de Jefus Chrift, & virent que fon regne étoit tout célefte & tout fpirituel. Enfin, ils fentirent un courage & une force merveilleufe pour méprifer également tous les biens & tous les maux de cette vie, même la mort, & rendre hardiment témoignage à la vérité malgré toutes les puiffances humaines.

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LEÇON XLIIL
De l'Eglife de Jerufalem.

y eut en peu de temps à Jerufalem une grande multitude de Juifs qui crurent en Jefus-Chrift. Ils vivoient dans une union parfaite, & n'avoient qu'un cœur & qu'une ame; auffi Jefus-Chrift

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avoit dit, que tout le monde connoîtroit ceux qui feroient fes Difciples, par l'amour qu'ils auroient les uns pour les autres. Ils s'appliquoient aux inftructions des Apôtres, & les fuivoient exactement & conftamment ils alloient tous les jours au temple, & y faifoient enfemble leurs prieres ils s'affembloient auffi dans l

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maifons pour rompre, le pain & communier, c'est-à-dire, recevoir le précieux corps de Jefus-Chrift, & prenoient enfuite leur nourriture avec joie & fimplicité de cœur. Comme ils favoient queJerufalem alloit bientôt périr, & que d'ailleurs ils ne prétendoient aucun établiffement fur la terre, & n'afpiroient qu'au royaume célefte de Jefus-Chrift, ils méprifoient les biens temporels. Ils mettoient tout en commun; & ceux qui avoient des héritages, les vendoient & en appor toient le prix aux pieds des Apôtres, qui diftribuoient à chacun ce dont il avoit befoin, en forte qu'il n'y avoit point de pauvre parmi eux. Tout le peuple les aimoit & les honoroit, mais les autres n'ofoient fe joindre à eux par la crainte des Juifs. Cette premiere Eglife de Jerufalem eft la plus parfaite qui ait jamais été fur la terre, & tous les Religieux & les autres qui ont voulu pratiquer fidélement l'Evangile, l'ont regardée comme le modele le plus excellent. Le nombre des Fideles croiffant, les Apêtres jugerent à propos d'établir des Officiers pour les foulager, qu'ils nommerent Diacres, c'eft-à-dire, Miniftres. Ils en choificent fept de l'avis de toute l'Eglife affemblée, & leur donnerent la charge de fervir aux tables: premiére

ment à la table facrée, c'eft-à-dire, à la diftribution de la fainte Euchariftie, puis à la table commune,, c'eft-à-dire, de prendre foin de tout ce qui étoit néceffaire pour la nourriture des fideles, & généalement de tous les biens temporels de l'Eglife. Les Apôtres s'étant déchargés de ces fonctions ne s'appliquerent plus qu'à l'oraifon & au miniftere de la parole, & toutefois ils permettoient encore aux Diacres de prêcher & de baptifer.

LEÇON XL I V.

De la perfécution des Juifs, & de la converfion des Samaritains.

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Es Juifs charnels & intéreffés ne pouvoient goûter la doctrine de l'Evangile, fur-tout les Saducéens, qui ne croyoient ni la résurrection ni l'immortalité de l'ame, & dont le parti étoit le plus puiffant, car même le Grand Pontife en était. Dès que les Apôtres commencerent à prêcher, les plus puiffans d'entre les juifs leur défendirent avec ménaces, de parler de Jefus-Chrift; enfuite ils les firent mettre en prifon, d'où un Ange les délivra & les ayant repris ils les firent fouetter. Les Apôtres fe réjouiffoient de l'honneur de fouffrir des affronts pour le

nom de Jefus-Chrift, & leur difoienthardiment: jugez vous-même s'il eft jufte devant Dieu de vous obéir plutôt qu'à lui car nous ne pouvons nous empêcher de dire ce que nous avons vu & entendu. Que ce Jefus que vous avez crucifié, eft reffufcité, & que c'eft en fon nom que nous faifons des miracles. Saint Etienne, le premier des fept Diacres faifoit de grands miracles, & reprochoit hardiment aux juifs leur endurciffement, leur faifoit voir que la religion n'étoit point attachée à leur temple, ni à leur ville. Ils le condamnerent comme ayant parlé contre le lieu faint, & le lapiderent. Ce fut donc le premier Martyr, c'est-à-dire, le premier qui mourut pour le témoignage de l'Evangile, car Martyr fignifie témoin. Il s'éleva à cette occafion une grande perfécution contre l'Eglife de Jerufalem; en forte que tous les Difciples furent difperfés dans la Judée & la Samarie, hors les Apôtres. Celui qui étoit le plus échauffé contr'eux étoit un jeune homme nommé Saul, de la fecte des Pharifiens, & fort favant. Il entroit dans les maifons, & traînoit par force les hommes & les femmes en prifon. Il ne refpiroit que les menaces & le fang, & fe fit donner commiffion par le Grand-Prêtre pour les aller chercher jufques à Damas. Comme il en

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étoit proche, il vit en plein midi une lumiere extraordinaire, qui l'aveugla & le fit tomber par terre, & il entendit une voix qui lui dit: Saul, Saul, pourquoi me perfécutes-tu? Je fuis Jefus c'eft en vain que tu me réfiftes. Seigneur que voulez-vous que je faffe, dit Saul. Le Seigneur l'adreffa à un faint homme nommé Ananias, qui le baptifa, & lui rendit la vue. Saul commença auffi-tôt à prêcher l'Evangile avec grand zele: il eft connu fous le nom de Paul, qu'il prit depuis, & compté entre les Apôtres du' premier ordre, ayant été appellé & inftuit par Jefus Chrift même. Cependant, le Diacre faint Philippe vint à Samarie où plufieurs fe convertirent, & reçurent le baptême. Les Apôtres qui étoient demeurés à Jerufalem l'ayant appris, leur envoyerent faint Pierre & St. Jean pour les confirmer & les perfectionner dans la foi. Ils prierent fur eux, & leur impoferent les mains ; & ces nouveaux fideles reçurent le faint-Efprit, c'eft-à-dire, une grace plus abondante, & le don des miracles. Entre ceux qui avoient été baptifés à Samarie il y avoit un magicien, nommé Simon, qui, voyant que les Apôtres donnoient le faint-Efprit par l'impofition de leurs mains, leur offrit de l'argent pour avoir la même puiffance. Saint Pierre lui

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