met, c'est-à-dire, fa grace en cette vie, & la vie éternelle enfuite pour récompenfe des bonnes œuvres que nous aurons faites par fa grace. L'efpérance eft fondée fur la foi, car nous croyons que Dieu eft tout-puiffant, qu'il eft infiniment bon, qu'il eft véritable & fidele en fes promeffes; toute fa conduite far les hommes depuis la création du monde en eft une preuve manifefte. Nous croyons d'ailleurs que J. C. a des mérites infinis, & qu'ils nous font appliqués par le baptême & par les autres Sacremens, fi nous les recevons dignement, d'où il fuit que nous avons lieu d'efpérer fa grace pour effacer nos péchés, & pour faire de bonnes œuvres. L'effet de cette grace, & le principe des bonnes œuvres, font la charité, c'est-àdire, l'amour de Dieu fur toutes chofes, qui fait que nous prenons plaifir à accomplir fa loi, & à nous conformer à sa volonté ; & quand ce plaifir l'emporte fur le plaifir de faire notre volonté, & de fuivre nos passions, nous, fommes heureux autant que l'on peut l'être en cette vie. La charité eft fondée fur la foi & fur l'efpérance; car qui croit fincérement en Dieu, fi grand & fi bon, & qui efpere fermement l'effet de fes promeffes, eft bien difpofé à l'aimer de tout fon cœur. Nous devons exercer fouvent ces vertus pour les fortifier & les augmenter, particuliérement la charité, qui eft la plus excellente des trois; car la foi & l'efperance ne conviennent qu'à l'état de la vie préfente. Dans le Ciel nous verrons clairement la vérité que nous croyons ici-bas, & nous jouirons du bien que nous efpérons encore ; mais nous aimerons ce bien & cette vérité, qui eft Dieu même, bien plus parfaitement que nous ne l'aimons en cette vie. Ainfi la charité fubfiftera éternellement, L E fymbole eft tel. Je crois en Dieu, &c. Il contient douze articles. Le premier nous enfeigne qu'il y a un Dieu, c'est-à-dire un fouverain Seigneur de toutes chofes, & il est évident qu'étant fouverain il ne peut être qu'un. Ce grand Dieu est tout-puiffant, c'eft à-dire, qu'il peut tout ce qu'il veut; & en effet, c'eft lui qui a tout fait, qui conferve tout & gouverne tout. On l'appelle pere par rapport à fes créatures qu'il a produites & qu'il entretient; mais, à proprement parler, ce nom de pere marque en Dieu la diftinction des perfonnes, & nous ap prend prend que Dieu a un Fils. C'eft de ce Fils. que traite le fecond article du fymbole & les fuivans. Nous croyons donc que Dieu étant un efprit, fe connoît lui-même; & qu'étant très-parfait, il fe connoît trèsparfaitement. Delà vient le Verbe ou la: parole intérieure, par laquelle il se dit à lui-même tout ce qu'il eft, & fe préfente tel qu'il eft. C'est pourquoi le Veibe s'appelle auffi image, & figure de la fubftance de Dieu. On le nomme encore fon Fils, parce qu'il eft produit de fa fubftance, & ainfi tous ces noms le Fils, le Verbe, l'image du Pere, la fagefle, ne fignifient en effet que le même, c'eftà-dire, la feconde perfonne divine; & la premiere fe nomme Pere, principe, ou fimplement Dieu ou Seigneur. Cela n'empêche pas que le Fils ne foit Dieu & Seigneur comme le Pere, car le Fils eft confubftantiel au Pere, l'un & l'autre font le même Dieu ; & quand on nomme l'un le premier & l'autre le fecond, ce n'eft pas à dire que l'un foit plus ancien ou plus grand que l'autre, Dieu n'a jamais. été fans fe connoître, & il fe connoît auffi grand qu'il eft. Le Verbe étoit en Dieu au commencement & le Verbe étoit Dieu ; ainfi l'ordre que nous obfervons en nommant les perfonnes divines, marque feulement que l'un procede de Gr. Cat. l'autre, Dieu ne fe peut connoître auffi parfait qu'il eft, fans fe complaire en Îni-même, & s'aimer d'un amour parfait; de là vient le Saint-Esprit, nommé aulli l'amour de Dieu; & comme le Fils n'aime pas moins le Pere, que le Pere aime le Fils, le Saint-Esprit est l'amour commun de l'un & de l'autre, & procéde de tous les deux. Il eft égal à tous deux puifqu'il n'y a rien en eux qu'ils n'aiment, & il eft par conféquent & Dieu & Seigneur comme eux. Il ne s'enfuit pas pour cela qu'il y ait trois Dieux, mais trois perfonnes en un feul Dieu ; car le Fils n'a rien qu'il ne tienne du Pere, & le Saint-Esprit n'a rien qu'il ne tienne du Pere & du Fils, & ils procédent fans en . fortir. Ce myftere n'a rien qui fe contredife, puifque nous ne difons pas une perfonne mais trois perfonnes; ni trois Dieux, mais un Dieu. Il eft vrai que nous ne comprenons pas comment trois perfonnes diftinctes font un même Dieu. Il faut fe contenter de ce qu'il lui a plu de nous révéler, quoiqu'il ne nous l'ait pas expliqué évidemment. Si nous fommes fideles à pratiquer fes commandemens, il nous en donnera dans le ciel la vifion parfaite, qui fera notre félicité éternelle, & qui fait en attendant le fujet de notre efperance. Nous ne laiffons pas de voir en nous une image imparfaite de la Trinité; car nous fentons que nous fommes, que nous connoiffons, & que nous voulons. Nous favons bien que connoître n'eft pas vouloir, & que nous pouvons être fans connoître ou vouloir telle ou telle chofe, & nous fentons bien que tout cela eft nous-même. Mais il y a cette différence entr'autres, qu'en Dieu ce font des perfonnes diftinctes, & qu'en nous ce ne font que des actions de notre ame, qui, avec notre corps, ne fait qu'une feule perfonne. LEÇON IV. De l'incarnation du Verbe. IE fecond article du fymbole nous L marque le mystere de l'Incarnation, en difant que le Fils de Dieu eft Jefus-: Chrift Notre-Seigneur. Nous croyons donc que le Verbe, qui étoit en Dieu au commencement, par qui toutes choses ont été faites, qui eft la vie & la lumiere que ce même Verbe s'eft fait chair, & a habité avec nous, c'eft-à-dire, qu'il s'eft fait véritablement homme, lui qui étoit Dieu de toute éternité. Il a montré fur la terre qu'il étoit l'un & l'autre, Comme Dieu, il faifoit des miracles; comme |