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ce don du Saint-Efprit, cette charité eft le principe néceffaire de toutes nos bonnes œuvres Le Saint-Efprit infpire les hommes quand Dieu leur donne des connoiffances furnaturelles; car on attribue encore au Saint-Efprit ces fortes de grace, qui fervent plus à faire éclater la puiffance de Dieu en ceux qui les reçoi vent, qu'à leur propre fanctification; comme le don des langues, le don des Prophéties, le don de guérir les malades, ou de faire d'autres miracles, qui du temps des Apôtres, étoient ordinairement communiqués avec la grace fanctifante, par l'impofition de leurs mains. C'eft ainsi que le Saint-Efprit a parlé par les Prophètes, leur faifant dire ce qu'ils ne pouvoient favoir naturellement, leur donnant une force & un courage invinci ble, & les contraignant même quelquefois à parler malgré eux. Avec le SaintEfprit on joint la Ste Eglife Catholique, qui n'eft Eglife de Dieu, que parce qu'elle eft affemblée par le Saint-Efprit.

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LEÇON I X.
De l'Eglife.

Glife fignifie affemblée, & par ce nom nous eatendons la multitude de Fideles qui font profeffion de fervir Dieu, fuivant la vraie religion que lui-même at enfeignée, qu'ils ont apprife de leurs peres, & confervée fidélement fans y rien changer. On la divife en deux : l'Eglife triomphante, c'eft-à-dire, les Saints, tant les hommes que les Anges, qui jouiffent déja de la vie éternelle, & de l'Eglife militante, qui combat ici-bas fur la terre, affligée de diverfes tentations mêlée de grand nombre de méchans, d'hypocrites & de foibles, qui ne pratiquent pas ce qu'ils font profeffion de croire. Ils ne laiffent pas de demeurer dans l'Eglife, tant qu'ils confeffent extérieurement fa foi, & fe tiennent dans fa communion: & ce ne fera qu'au Jugement de Dieu qui s'en fera le difcernement. On peut ajouter l'Eglife fouffrante, c'est-à-dire, les ames qui achevent dans le Purgatoire d'expier le refte de leurs péchés. On donne encore à l'Eglife divers autres noms. Nous l'appellons maifon de Dieu, pour montrer que tous les Fideles

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font fes enfans, qui compofent une même famille, nourrie du même pain, c'est-àdire, de fa parole & des Sacremens. Nous la nommons auffi Jerufalem ou Sion, pour montrer que cette fainte Cité n'en étoit que la figure. J. C. la nomme fon troupeau, & dit qu'il en eft le Pasteur. On dit qu'elle eft fon époufe, pour montrer comme il l'aime tendrement, & comme il lui communique tous fes biens. On dit qu'elle eft fon corps, pour montrer qu'elle fait avec lui un tout dont il est la. partie principale, comme tous les memhres du corps humain font réunis fous la tête, d'où leur vient la vie & le mouvement. Mais en nommant ainfi l'Eglife, on la nomme le corps mystique de Jefus-Chrift pour montrer que c'eft une maniere de parler figurée & la diftinguer de fon corps naturel & véritable. Les marques de la vraie Eglife, pour la diftinguer de toutes les autres fociétés qui en ufurpent le nom, fe réduifent à quatre. Elle eft une, fainte, catholique & apoftolique. Une par le temps; car c'eft la même Eglife qui a duré fous la loi de nature; depuis Adam & Abel le jufte jufques Noé; depuis Noé jufques à Abraham; depuis Abraham jufques à Moïfe, de Moïfe, fous la loi écrite, jufques à Jefus-Chrift; de Jefus-Chrift, fous la

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loi de grace, jufques à nous. L'Eglife eft une par les lieux, car c'eft la même qui s'étend à l'Orient & à l'Occident dans les Pays les plus-reculés, au ciel & en la terre. Par toute la terre elle profelle la même foi, ufe des mêmes Sacremens, & reconnoît un même chef JefusChrift dans le ciel, & fur la terre le Pape, qui eft fon Vicaire. L'Eglife eft fainte par fa doctrine, par fes Sacremens qui donnent la grace, par fon chef & par plufieurs de fes membres, qui font Saints. Elle eft catholique, c'eft à-dire, univerfelle, parce qu'elle s'étend à tous les temps & à tous les lieux, à toutes les Nations, les conditions & les âges. Elle eft apoftolique, parce qu'elle conferve la doctrine des Apôtres, par une fuite continuelle des pafteurs, qui remonte jufqu'à eux. On ajoute romaine › pour montrer que la marque de la vraie Eglife eft la communion avec le faint Siége

de Rome.

LEÇON X.

·De la communion des Saints, & de la rémission des péchés.

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A communion des Saints eft la communauté, la participation, la communication de tous les biens fpirituels entre tous les Fideles. C'eft. une fuite de l'unité de l'Eglife, & de ce qu'elle est un même corps; car quoique les membres aient leurs fonctions féparées, toutes courent à la même fin, qui eft la confervation & l'augmentation de tout le corps. Ainfi dans l'Eglife, les uns inftruisent, les autres exhortent, les autres prient, les autres gouvernent, les autres fervent, foit à l'adminiftration des Sacremens, foit aux œuvres de charité corporelle; mais tous ont un même but, qui eft d'arriver à la vie éternelle, & y faire arriver les autres. Tous ceux qui font dans l'Eglife profitent de toutes les prieres & des bonnes œuvres qui s'y font; ceux qui font en grace, y participent pleinement; & ceux qui font en état de péché, ne laiffent pas que d'en tirer du fecours pour fortir de leur mifere. On voit par-là quel grand mal eft l'excommunication, par laquelle on eft retranché de l'Eglife, & on perd

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