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tous les fruits de la communion des Saints. Il y a communication entre l'Eglife triomphante & la militante. Les Saints qui font dans le ciel, nous fecourent de leurs fuffrages auprès de Dieu pour nous obtenir les graces, toujours fondées fur le mérite de Jefus-Chrift, de qui les Saints même ont tiré tout le leur. Les ames que la juftice de Dieu acheve de purifier après cette vie, peuvent auffi être fecourues par nos prieres & par celles des Saints; c'eft pourquoi il eft utile de prier & de faire des aumônes, & d'autres bonnes œuvres pour la diminution de leurs peines. Le dixieme article du fymbole eft de la rémiffion des péchés. Jefus-Chrift a prouvé par de grands miracles, le pouvoir qu'il avoit fur la terre de remettre les péchés; il a communiqué ce pouvoir à fes Apôtres, & s'eft obligé de ratifier & confirmer tout ce qu'ils auroient fait pour remettre ou pour ne pas remettre les péchés. Des Apôtres, ce pouvoir a paffé aux Evêques & aux Prêtres; & il s'exerce en l'administration des deux Sacremens de Baptême & de Pénitence. Or, il y a deux fortes de péchés: Le péché originel que nous apportons en naillant, comme enfans d'Adam; le péché actuel que nous commettons étant venus en âge de raison, & qui eft encore

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de deux fortes; le péché véniel, c'eft-àdire, pardonnable, tels que font ceux que commettent les plus juftes, fouvent par foibleffe on par ignorance; & le péché mortel, qui fait perdre entiérement la grace de Dieu, & rend digne de la mort éternelle. Ce dernier ne peut être remis aux baptifés que par la pénitence.

LEÇON X I.

De la réfurrection de la chair.

Nchair, dit l'onzieme article du fym

Ous croyons la réfurrection de la

il a

bole. Dieu n'a point fait la mort, fait toutes chofes, afin qu'elles fubfistent, Il a créé l'homme immortel, & c'est par l'envie du diable que la mort eft entrée dans le monde, car la mort même du corps eft la peine du péché. Nous fommes compofés de deux parties, d'un corps terreftre & corruptible; d'une ame fpirituelle & immortelle, qui eft l'image de Dieu. A la mort ces deux parties se séparent; le coprs, qui n'eft que poudre, retourne à la terre d'où il eft pris, l'efprit retourne à Dieu, qui l'a donné, & ne laiffe pas de fubfifter, quoique le corps foit corrompu; mais cette féparation

n'eft que pour un temps; à la fin du monde ceux qui dorment dans la pouffiere de la terre s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre qu'ils verront toujours. L'heure viendra, où tous ceux qui font dans les tombeaux entendront la voix du fils de Dieu, & fortiront; ceux qui ont bien fait, pour la réfurrection de la vie; ceux qui ont mal fait, pour la réfurrection du jugement. Nous reffufciterons donc tous, mais nous ne ferons pas tous changés. Les Bienheu reux auront des corps glorieux & incorruptibles, plus brillans que les aftres c'est-à-dire, parfaitement foumis à l'efprit. Les damnés auront des corps qui ne ferviront qu'à augmenter leur fupplice éternel; mais les uns & les autres auront leur propre corps, la même chair qu'ils avoient en cette vie, & que Dieu rétablira par fa toute-puillance; lui, devant qui rien n'eft caché, ui dans le fépulcre ni dans la mort.

LEÇON XII.

De la vie éternelle.

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Près la réfurrection fuivra le dernier état des hommes qui fera éternel;

d'un côté la vie, de l'autre la mort. La

vie éternelle confifte à connoître le feul vrai Dieu, & Jefus-Chrift qui l'a envoyé. Cette connoiffance ne fera pas obfcure comme la foi, qui nous fait croire les mysteres de la Trinité & de l'Incarnation. Nous ne connoiflons ici Dieu que par des énigmes, nous ne le voyons que comme dans un miroir, mais alors nous le verrons face-à-face, & comme il eft; & cette vue nous rendra femblable à lui nous faifant fes images auffi parfaites qu'il eft poffible. Nous ne pouvons comprendre ici-bas la grandeur de cette béatitude. L'œil n'a point va, l'oreille n'a point entendu; il n'eft point tombé dans l'efprit de l'homme rien de comparable à ce que Dieu prépare à ceux qu'il aime. Pour nous en donner une image groffiere, proportionnée à notre foibleffe, l'écriture nous repréfente la Jerufalem célefte, c'eftà-dire, l'Eglife triomphante, comme une ville très-grande, bâtie de pierres précieuses, & d'un or très-pur, tranfparent comme du cristal. Elle n'a point de temple, la présence de Dieu y fuffit. Elle n'a point de foleil ni de lune, c'est Dieu & l'agneau qui l'éclaire, c'eft un jour perpétuel. Ses portes ne font jamais fermées, les Rois de la terre & toutes les Nations y viennent rendre gloire à Dieu. Rien d'impur n'y entrera, il n'y aura plus

aucune malédiction. Là eft le trône de Dieu, & de l'agneau qui a été tué pour nous racheter par fon fang. Ses ferviteurs voient fa face, & lui rendent gloire continuellement, chantant Amen, Alleluia. Tout eft accompli, louez Dieu. C'eft aink: qu'ils régneront dans les fiecles des fiecles. Cependant ils verront ceux qui auront été infideles à Dieu dans la mort érernelle, où leur ver ne mourra point, & leur feu ne s'éteindra point. C'eft la feconde mort, bien pire que la premiere, en ce que l'ame fera continuellement dans un état de mort, féparée a jamais de Dieu, qui eft fa vie; dans une trifteffe amere & une rage furieufe de voir qu'elle s'eft perdue par fa faute. C'eft pourquoi Jefus Chrift dit fouvent, què là feront les pleurs & les grincemens de dents. Telle fera la fin quand Dieu aura mis tous les ennemis de Jefus-Chrift fous fes pieds & que toutes chofes lui feront foumifes ; alors le fils lui-même fera foumis à celui qui lui a foumis toutes chofes, afin que Dieu foit en tous.

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