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LEÇON XIII.

De la Priere.

Ous le nom de priere ou oraifon, nous

Sentendons toute

forte d'élévation

d'efprit à Dieu, foit pour croire, foir pour espérer, foit pour aimer, Il y en a quatre efpeces principales : la louange, la demande, l'action de grace, & l'offrande. 1. Par la louange nous honorons Dieu Gimplement, en vertu de fes perfections infinies, fans rapport à nous; nous rejouiffant faintement de le voir fi grand, fi jufte, fi bon, fi fage, fi parfait; publiant & confellant fes grandeurs, & invitant toutes les créatures à le louer avec nous. 2. Par la demande, nous prions Dieu de nous accorder quelque grace temporelle ou fpirituelle, ou de nous délivrer de quelque mal. Nous devons bien prendre garde de ne rien demander à Dieu qui ne foit digne de lui, c'est àdiré, la vie éternelle, & ce qui nous y peut conduire, qui eft fa grace pour accomplir fes commandemens. Tout le refte nous ne le devons demander que fous condition, s'il eft expédient pour notre falut. Il en eft de même des maux dont nous prions d'être délivrés : il n'y a que

le

le péché dont nous devions demander abfolument, ou d'en être préfervé, ou qu'il nous foit pardonné, s'il eft commis. 3. L'action de grace ou remercîment eft pour tous les biens que nous avons reçu de Dieu, & que nous en recevons continuellement, foit fpirituels, foit temporels, puifqu'il n'eft pas moins l'auteur de la nature que de la grace. 4. Par l'offrande, nous donnons à Dieu volontairement tout ce que nous avons reçu de lui, & lui confacrons nos biens, notre corps avec tous les fens, notre ame avec toutes fes puiffances; en un mot, tout ce que nous fommes, foit en lui promettant quelque chofe par un vœu ou par une fimple promeffe; foit en lui préfentant quelques bonnes œuvres ou quelque fouffrance; foit en agréant fimplement la dépendance entiere dans laquelle nous fommes à fon égard, quand mêmes nous ne le voudrions pas, lui donnant de bon cœur la feule chofe qu'il a laiffé dépendre de nous, qui eft notre volonté & l'ufage de notre liberté. Ainfi ceux qui aiment Dieu véritablement, ne manquent jamais de matiere pour s'entretenir avec lui. Mais nous ne favions ni comment nous devions prier, ni ce que nous devions dire dans la priere, fi le Saint-Efprit ne nous l'eût enfeigné; c'eft pourquoi JefusGr. Cath.

P

Chrift nous a donné un modele de priere, qui en renferme parfaitement toutes les efpeces, & c'est l'oraifon dominicale. Nous adreffons toutes nos prieres à Dieu par Jesus-Chrift, parce que nous n'espérons rien que par les mérites, & ne voulons demander que ce qui eft conforme à fes intentions. Quand nous prions les Saints qui font dans le Ciel, ce n'eft que pour leur demander leurs prieres, comme à ceux qui font far la terre.

LEÇON XIV.

Des deux premieres demandes du Pater.

L'e

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'Oraifon dominicale eft telle: Notre praison &c. Nous ne difons pas au fingulier Mon Pere..... donnez-moi mon pain..... pardonnez-moi mes fautes ; mais au pluriel, notre pain, nos fautes, pour montrer que nous ne prions pas pour nous feuls, mais pour toute l'Eglife, fuivant ce qui a été dit de la communion des Saints. Cette oraison contient sept demandes, dont les trois premieres regardent Dieu, les quatres autres nous regardent. Nous le nommons notre pere, parce qu'en effet c'eft de lui que nous tenons la vie, le corps, l'ame, les biens, tout ce que nous fommes, & tout ce que nous avons:

il a fait nos peres & les peres de nos peres. Il est encore notre Pere par adoption, c'est-à-dire, par la grace qu'il nous a fait à nous autres chrétiens de nous mettre au rang de fes enfans, comme freres de Jefus Chrift fon Fils, nous qui ne fommes en effet que fes efclaves & fon ouvrage; car adopter, c'eft prendre pour fils celui qui ne l'eft pas naturellement. Ce nom de pere marque encore la confiance que nous devons avoir en le priant, telle que l'ont des enfans en priant un bon pere. Nous difons qu'il est aux cienx, non qu'il ne foit préfent par-tout, puisqu'il fait tout & foutient tout, mais parce que ce font les cieux principalement qui nous déclarent fa gloire. De plus, c'eft pour nous avertir de ne penfer qu'au ciel, où regne notre Pere, & de ne lui demander que ce qui fert à nous conduire. Nous demandons d'abord que fon nom foir fandifié, que toutes les créatures lui rendent la gloire qui lui eft dûe; que nonfeulement les chrétiens mais tous les hommes l'honorent, l'aiment & le fervent comme il mérite. Or, le nom de Dieu n'eft pas feulement déshonoré par les blafphêmes & les difcours impies mais par tous les péchés des chrétiens qui donnent occalion aux hérétiques & aux infideles de méprifer la vraie reli

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gion. Nous demandons enfuite que le royaume de Dieu arrive. Ce royaume eft l'état qui fuivra la réfurrection générale & le jugement; & nous ne le demandons pas fincérement fi nous avons encore quelque attache à cette vie, & à l'état préfent du monde. La grace nous eft néceffaire pour arriver à ce royaume ; & Jefus-Chrift doit régner en nous dès-àpréfent par la grace, pour affoiblir la concupifcence, & faire que le péché ne regne pas dans notre corps mortel; car le royaume de Jefus-Chrift ne confifte point en une puiffance fenfible & extérieure comme celle des Rois de la terre, mais dans un empire fur les cœurs & fur les volontés des fideles, qu'il gouverne par fa grace. Cette feconde demande enferme donc la grace & la gloire, que nous demandons, non-feulement pour nous, mais pour tous les hommes, afin d'étendre dès-préfent le royaume de Dieu autant qu'il nous eft poffible.

LEÇON XV.

Des deux demandes fuivantes.

N demandant à Dieu que fa volonté foit faite nous déclarons que nous

EN

ne voulons pas accomplir la nôtre, fi elle

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