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eft contraire à la fienne; nous défavouons & nous rejettons cette volonté, qui ne peut être que mauvaise, puifque le mal n'eft autre chose que ce qui eft contraire à la volonté de Dieu. Le principe de cette mauvaise volonté eft la concupifcence qui nous fait faire, non pas le bien que nous voulons par la droite raison, mais le mal que la droite raison nous fait hair. Par cette priere nous demandons la grace néceffaire pour vaincre la concupifcence, afin que toutes nos YOlontés foient conformes à celles de Dieu. Nous ajoutons la comparaifon du ciel, pour protefter que nous voulons être autant foumis à Dieu que le font les Anges & les autres Bienheureux. Le pain quetidien que nous demandons enfuite fignife en effet la nourriture, & les autres chofes nécelfaires pour l'entretien de notre corps. Dieu veut que tous lui demandent leur pain, les riches comme les pauvres, afin que tous reconnoiffent qu'ils le tiennent de lui, que c'est lui qui a donné les biens aux riches, en les faifant naître de parens riches, ou leur fourniffant des occafions d'en acquérir ; que c'eft lui qui entretient les pauvres, leur donnant la force & l'induftrie pour travailler, ou donnant aux riches de la charité pour les affifter. Le mot de pain comprend toute

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la nourriture; mais il nous marque que nous devons nous paffer de peu, & être contens d'avoir de quoi nous nourrir & nous couvrir, puifque nous n'avons rien apporté en ce monde, & que nous sommes bien affurés de n'en rien emporter. Il nous eft dit de le demander pour aujourd'hui, afin de nous apprendre à nous confier à la providence, & à n'avoir point d'inquiétude du lendemain, & afin de nous marquer que nous devons faire cette priere tous les jours. Le pain quotidien s'explique aufli, le pain qui furpaffe toute fubftance. En effet, fous le nom de pain, nous demandons la nourriture fpirituelle pour nos ames, c'eft-à-dire, la grace qui nous eft néceffaire à cha que moment, la parole de Dieu & le corps de Jefus-Chrift, qui eft le pain

de vie.

LEÇON XV I.

Des trois dernieres demandes,

P Ar la cinquieme demande, nous nous

reconnoiffons véritablement pécheurs. En effet, fi nous difons que nous n'avons point de péché, nous nous trompons nous-mêmes, & la vérité n'eft point en nous. Il n'y a perfonne qui ne com

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au moins des fautes légeres & journalieres dont cette priere eft le principal remede. Nous reconnoiffons que nous n'efpérons obtenir le pardon qu'autant que nous pardonnerons aux autres, parce qu'il ne feroit pas jufte que nous nous fiffions payer à la rigueur de ce que nous prétendons qui nous eft di par nos freres, tandis que Dieu nous remet libéralement les dettes immenfes dont nous fommes chargés envers lui; & comme nous avons tonjours befoin qu'il nous pardonne, auffi devons-nous être toujours prêts à pardonner. Par la fixieme demande, nous prions Dien de ne pas nous laiffer fuccomber aux tentations du diable du monde & de la chair. Le monde font les hommes corrompus, au milieu defquels nous vivons, qui s'efforcent continuellement de nous corrompre par leurs mauvaises maximes. C'est ce monde qui n'a point voulu connoître la lumiere c'est-àdire Jefus Chrift, C'eft ce monde pour lequel Jefus-Chrift n'a point prié, & dont il a déclaré que fes Difciples n'étoient point non plus que lui. On le nomme auffi le fecle, & fes fectateurs mondains ou féculiers. La chair eft notre concupifcence, cette loi que nous fentons en nos membres, qui combat

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contre la loi de notre raifon & contre l'efprit. Les œuvres de la chair font l'impudicité, l'idolâtrie, les haines, les homicides, les excès de bouche, & tous les autres péchés qui excluent du royaume de Dieu. Par la feptieme demande, nous prions Dieu de nous délivrer du mauvais, c'est-à-dire, du démon ; ou du mal, c'est-à-dire, de tous les maux de l'efprit ou du corps, mais principalement de tout ce qui peut muire à notre falut. C'eft principalement dans les occafions de tentation que nous devons dire l'oraifon Dominicale avec une grande foi ; & comme c'eft la plus excellente de toutes les prieres, l'Eglife nous la met à la bouche à toute heure, nous la faifant répéter plufieurs fois à toutes les parties de fon Office. En effet, nous ne pouvons faire de prieres qui ne s'y rapporte; toutes les autres ne fervent qu'à exprimer en diverfes façons ce qui eft renfermé en abrégé dans celle-ci,

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De l'Ave, du Credo, du Confiteor, & de l'Office de l'Eglife.

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E toutes les prieres que nous faifons aux Saints, la plus excellente eft la falutation angélique, ou l'Ave Maria, pour demander l'affiftance de la fainte Vierge. Elle est compofée des paroles de l'Ange & de fainte Elizabeth, rapportées dans l'Evangile, à quoi l'Eglife a ajouté une courte priere, où elle la reconnoît mere de Dieu. C'eft auffi une maniere de prier que de réciter le Credo, puifque c'eft adorer Dieu & l'honorer que de témoigner que nous lui foumettons notre raifon, & que nous captivons notre entendement fous l'obéiflance de JefusChrift. C'est encore une excellente priere qué le Confiteor, par lequel nous nous reconnoiffons pécheurs devant Dieu en présence de toute la cour célefte. Nous confeffons que nous avons péché par notre faute, nous le répétons trois fois, ajoutant à la derniere fois, ma très-grande faute, pour montrer que nous ne cherchons point d'excufe, que notre regret eft fondé fur ce que nous avons péché purement par notre faute, & confeffer

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