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que Dieu nous donne tout le fecours né ceffaire pour ne point pécher; en mêmetemps nous frappons notre poitrine comme pour nous punir nous mêmes, & nous demandons pardon à Dieu, implorant l'interceffion de tous les Saints, & les fideles avec lefquels nous prions. Ces quatre prieres, Pater, Ave, Credo, & Confiteor, doivent être fouvent à la bouche des chétiens. Il les faut dire tous les jours, au moins le matin & le foir, & les avoir encore plus dans le cœur que dans la bouche. Il eft bon de les dire en latin avec l'Eglife, mais il faut auffi les favoir en français, & en entendre bien le fens. Pour prier avec plus d'étendue, les meilleures prieres font les pfeaumes, les autres cantiques tirés de l'Ecriture fainte. Ce font les fentimens que le Saint-Esprit a infpirés à David; & aux autres Prophêtes, les paroles qu'il leur a dictées. Afin de s'en entretenir le plus fouvent qu'il eft poffible, Eglife en a composé fon Office, diftribué de trois en trois heures pour toutes les parties du jour & de la nuit. Cet Office commence à Vêc'eft à-dire, au foir, fuivant l'ancienne loi, environ les fix heures & le coucher du feleil. Trois heures après viennent les Complies, pour demandes à Dieu fa protection pendant le fommeil

pres,

A minuit les Nocturnes, qui eft la plus Jongue partie de l'Office, pour employer en prieres une partie de la nuit. Les Matines ou Laudes, au chant du coq avant le point du jour. Prime, après le foleil levé, fur les fix heures du matin, pour demander à Dieu de bénir nos occupations pendant la journée. Tierce, à neuf heures, pour honorer la defcente du Saint-Efpritfur les Apôtres. Sexte, à midi, en mé moire du temps où Jefus-Chrift fue à la Croix, None, à trois heures après midi qui eft l'heure de fa mort. Vêpres à l'heure qu'il fut mis dans le fépulchre. Cet Office a été inftitué pour tous les chrétiens qui ont la commodité d'y affilter ou de les réciter en particulier particulier, quoique les Clercs: & les Moines y foient particuliérement obligés.

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'Eglife a reçu depuis long-temps l'afage du Chapelet, ou Couronne de la fainte Vierge, autrement nommé le Rofaire, comme étant un chapeau de fleurs fpirituelles. Il fut d'abord inftitue pour ceux qui n'avoient pas appris les pleaumes, & ne favoient pas lire, afte

qu'ils puiflent réciter le Pater & l'Ave un certain nombre de fois à chacune des heures de l'Office. Les fept pleaumes de la pénitence font ceux dont l'ufage eft le plus fréquent; ils ont été choifs pour exprimer les fentimens d'un pécheur véritablement converti, & on les récite fouvent pour les morts, parce que les prieres que l'on fait pour eux fervent à fuppléer à leur pénitence. On y joint les Jitanies pour implorer les fuffrages de tous les Saints, & toutes ces prieres font autorisées par l'ufage public de l'Eglife. Depuis environ deux cents ans, l'ufage s'eft introduit de fonner trois fois le jour pour avertir les fideles de prier le matin, à midi & au foir, & réciter l'Angelus Domini en mémoire du myftere de l'Incarnation. Mais les plus faintes & les plus authentiques de toutes les prieres font celles qui accompagnent le faint facrifice de la meffe & l'adminiftration des Sacremens. Tous les fideles, même les Laïques, doivent être foigneux de les entendre, afin de joindre leur intention à celle des Prêtres. Il eft encore très-àpropos d'entendre la bénédiction de la table, l'itinéraire, la bénédiction de l'eau qui fe fait tous les Dimanches, la bénédiction du pain, des cierges, des ornemens, des images, des cloches, & du

lit nuptial, des femmes relevées, & toutes les autres bénédictions & prieres eccléfiaftiques qui fe font en diverfes fêtes, ou en diverfes occafions, compofées par de grands Saints, des paroles de I'Ecriture, & confervée par une ancienne tradition, pour fanctifier toutes nos actions, & l'ufage de toutes les créatures. La priere la plus abrégée eft le figne de la Croix par les paroles, Au nom du Pere & du Fils, & du Saint-Esprit, nous confeffons le myftere de la Trinité; & par le gefte nous exprimons la croix; c'est-à-dire, le myftere de la rédemption, & celui de l'Incarnation, dont il dépend.

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LEÇON XIX.

De l'Oraifon mentale.

Uoique Dieu n'ait pas befoin de nos paroles pour nous entendre, elles font utiles pour arrêter nos penfées, & nous rendre plus attentifs, & pour édifier les autres avec qui nous prions. Tout l'extérieur y fert auffi. C'est pourquoi nous devons prier dans une pofture modefte & refpectueufe; c'eft-à-dire, debout ou à genoux, les mains jointes out étendues; les yeux élevés au Ciel on

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baiffés à terre, ou arrêtés fur quelque image qui nous excite à la piété, ou fur un livre de prieres: & même nous tourner au devant plutôt que d'un autre côté, fuivant l'ancienne tradition, en mémoire du Paradis d'où nous avons été chaffés. L'oraifon vocale ou priere de la voix, n'eft guere utile, fi elle n'eft accompagnée des penfées & de l'affection du cœur. Au contraire, on peut fort bien prier fans parler, lorfqu'on eft attentif à penser à Dieu, & à s'humilier devant lui, le remercier, lui demander pardon, former de bonnes réfolutions, demander le fe cours de fa grace, & pour foi & pour les autres; c'eft ce qu'on appelle oraifon mentale, c'eft à-dire, priere de l'efprit. C'est encore une efpece de priere que les bonnes œuvres & les fouffrances, puifque ce font les preuves de l'amour de Dieu qui eft l'effentiel de la priere, Et c'eft ainfi qu'il eft pofible de prièr fans ceffe, comme il nous eft recommandé dans l'Ecriture, puifqu'il eft poffible & même facile, quand on aine Dieu, de fe tenir conti nuellement en la préfence; non par une contention pénible d'efprit, mais par une fainte difpofition de volonté. Or, la priere eft l'état le plus heureux de cette vie, puif que tant qu'il dure, nous fommes unis à Dieg autant que nous en fommes capables,

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