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LEÇON X X.

De l'amour de Dieu & du Prochain.

Oure la loi de Dieu fe Tes rapporte ces deux commandemens. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute con ame de tout ton efprit; c'eft là le plus grand & le premier commandement. Le fecond lui eft femblable tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il est bien juste d'aimer Dieu, puifqu'il nous a tant aimé le premier. Il aime tout ce qui eft, & ne hait aucun de fes ouvrages, puifque rien ne fubfifte que par fon amour. Lui à qui le ciel & la terre appartiennent, a a bien daigné sabaiffer jufqu'à nous, avec nos peres, les délivrer & les protéger par de grands miracles, & les inftruire par fa parole. Enfin, il nous a recherchés lorsque nous étions les ennemis, & quoique tous les hommes fuffent dans le péché, les Juifs auffi be que les Gentils; & qu'il n'y en eût pas un qui fûr le bien, pas même un feul, Dieu a tant aimé le monde qu'il a denné fon Fils unique, afia que quiconque croir en lui, ne périffe pas, mais qu' 'il ait la vie éternelle. Il nous a comblé de bénédictions fpirituelles : il nous a

choifis avant la création du monde, & nous a prédeftinés pour être fes enfans d'adoption. Nous étions morts par nes péchés, lorfque, par fon exceffive charité, il nous a donné la vie, nous a reffufcité avec JesusChrift, & nous a fait affeoir avec lui dans le ciel. Nos peres étant Gentils, étoient éloignés de Dieu & étrangers de fes promeffes; Jefus Chrift les a rapprochés, réconciliés à Dieu par fa croix, incorporés à fon Eglife. Il nous y inftruit continuellement par fa parole, & nous donne tous les jours fon propre corps pour notre nourriture, en attendant l'héritage incorruptible, qui nous eft réfervé dans le ciel. nous ferions bien ingrats de ne pas aimer un Dieu fi bon; mais fi nous l'aimons, Nous devons aimer aufli tous les ouvrages, & particuliérement les hommes nos freres, fes images comme nous. Celui qui n'aime point fon frere qu'il voit, comment aimera-t-il Dieu qu'il ne voit point? Nous devons aimer notre prochain comme nous mêmes. Or, nous ne devons nous aimer nous-mêmes que pour Dieu, nous conformant à l'amour qu'il a pour nous, & ne defirant autre bien que celui qu'il nous veut faire, parce qu'il n'y en a point d'autre qui foit notre vrai bien. C'est ainfi que nous devons aimer notre prochain, ne lui fouhaiter & ne lui

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procurer que le vrai bien; c'eft-à-dire, ce qui peut lui fervir pour connoître Dieu, & pour l'aimer de tout fon cœur. L'ordre de la charité eft donc d'aimer Dieu fur toutes chofes; enfuite aimer en nous & en notre prochain l'ame qui eft faite à fon image, & enfin le corps deftiné à servir l'ame. La marque de l'amour de Dieu, c'eft de favoir fes commandemens & de les obferver.

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LEÇON X X I.
Du Décalogue.

Es dix Commandemens que Dien donna aux Ifraélites fur le Mont Si naï, lorfqu'ils fortirent d'Egypte, contiennent en fubftance ce qui fuit: 1. Je fuis le Seigneur ton Dieu, tu n'auras point d'autre Dieu devant moi. Tu ne te feras ni idole, ni aucune figure pour l'adorer. 2. Tu ne prendras point le nom du Seigneur ton Dieu en vain, 3. Souviens-toi de fanctifier le jour du repos. 4. Honore ton pere & ta mere, afin que cu vives long-temps. 5. Tu ne tueras point. 6. Tu ne commettras point d'adultere. 7. Tu ne déroberas point. 8. Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain. 9. Tu ne defireras point la femme

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de ton prochain. 10. Tu ne defireras point le bien de ton prochain. Pour les retenir plus aifément, on les a mis en rime, comme il fuit: Un feul Dieu tu adoreras, &c. On les appelle autrement le Décalogue, c'eft à-dire, les dix paroles: car ce font les paroles que Dien prononça devant tout le peuple, & qu'il donna à Moïfe, écrites fur deux tables de pierre. On croit que la premiere table contenoit les trois premiers des commandemens qui regardent Dieu; & la feconde les fept autres, qui regardent le prochain. Il étoit jufte de commencer par nous inftruire de ce que nous devons à Dieu, qui est premiérement l'adoration, far-tout le culte intérieur en efprit & en vérité. Secondement, le refpect pour fon nom. En troifieme lieu, l'obfervation des jours ¿qu'il s'eft-réfervé pour l'exercice de la religion. Quant au prochain, le premier devoir eft à l'égard des peres & des meres, puifque perfonne ne nous eft plus proche. Il faut que la vie des hommes foit en fûreté, il faut affurer les mariages & la naiffance des enfans, les biens, & la réputation. Enfin il faut régler les defirs qui font la fource de tous les crimes. Voilà l'ordre des commandemens. Quoique quelques-uns foient affirmatifs, conçus en forme de précepte, les autres

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négatifs, en forme de défenfe, chacun néanmoins ordonne & défend quelque chose.

LEÇON XXII.

Du premier Commandement,

E premier Commandement ordonne de reconnoître un feul Dieu, l'adorer, le fervir fuivant la religion qu'il a établie. Il faut donc, pour s'en acquitter, penfer fouvent à Dieu, faire des actes fréquens de foi, d'efpérance & de charité, le prier & lui rendre honneur par nos difcours & par toutes les marques extérieures de religion. Ces péchés contre ce commandement, font premiérement l'infidélité, c'est-à-dire l'exercice d'une fauffe religion, comme l'idolâtrie, qui confifte à adorer Dieu fous une forme corporelle, croyant qu'il eft tel en effet, ou à adorer la créature pour Dieu; le Judaïfme, qui fait adorer Dieu avec les mêmes cérémonies que fi le Chrift n'éteit pas encore venu: l'hétéfie, qui, fous le nom de Chriftianifme, s'attache à quelque erreur coadamnée par l'Eglife. La fuperftition, qui fait pratiquer, fous prétexte de religiou, ce qui n'en eft point; la magie, le fortilege, la divination par

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