Page images
PDF
EPUB

quelque moyen que ce foit; l'impiété qui combat la religion, fans prétendre en établir d'autre; enfin l'irréligion c'est-àdire, l'indifférence des libertins, qui vivent comme s'il n'y avoit ni Dieu, ni religion. Tous ces péchés attaquent la foi. Contre l'efpérance on péche par le défefpoir, on la défiance du fecours de Dieu, ou par la trop grande confiance en nous, & la préfomption de nos forces. Or, quoique la charité, par laquelle nous adcompliffons les commandemens de Dieu, fuppofe la foi & l'efpérance, toutefois elle les fortifie; & l'on ne peut aimer Dieu que l'on ne fe plaife à exercer fes vertus, & à méditer les vérités qui en font les objets. On péche contre la charité en particulier, par l'attachement aux créatures, qui nous porte à la haine & au mépris de Dieu, même fans nous en appercevoir; & comme ces péchés font les fources de tous les autres, on peut dire qu'il n'y a point de péché qui ne viole en quelque façon ce premier commandement. L'honneur que nous rendons aux Saints, ou à leurs images, n'a rien qui y foit contraire, non plus que celui que nous rendons au Roi, à fes Officiers, & aux marques de leur dignité. Nous ne rendons tous ces honneurs aux créatures que par rapport à Dieu pour l'honorer en elles.

Nous honorons donc les Saints comme les amis de Dieu, plus dignes d'honneur fans comparaifon, que tous les Grands de la terre. Nous implorons leur fecours, & nous nous recommandons à leurs prieres comme à celle des hommes vivans, dont nous estimons la piété. Nous rendons graces à Dieu de leurs victoires qu'il a couronnées, & nous reconnoiffons que tous leurs mérites font fondés fur le mérite infini de Jefus-Chrift. Quant à leurs images, elles ne fervent qu'à nous faire fouvenir d'eux. Les génuflexions, les révérences & les autres actions extérieures

ne font que des fignes des fentimens que nous avons pour les originaux, & l'efprit dans lequel nous le faifons eft fuffifamment exprimé par les termes dont nous ufons en nos prieres. Les images qui repréfentent les perfonnes divines, font tirées de l'Ecriture fainte; Dieu s'accommodant à notre foibleffe, a quelquefois apparu à fes Prophètes fous la forme d'un vénérable vieillard, pour fignifier en quelque maniere fon éternité; & pour nous faire entendre que fon Saint Efprit eft l'efprit de douceur & de paix, il l'a fait paroître fous la forme d'une colombe.

L

LEÇON XXIII

Du fecond Commandement.

E fecond commandement nous oblige

à honorer le nom de Dieu en l'invoquant & lui rendant les louanges qui lui font dues. On l'honore auffi par les vœux, qui font des promeffes que l'on fait à Dieu de faire quelque bonne œuvre, à laquelle on n'est pas obligé, comme de vivre en continence ou en pauvreté. On rend encore honneur au nom de Dieu en

le prenant à témoin de la vérité, par les fermens qui fe font avec refpect & reli, gion, comme lorfque les Princes jurent des traités de paix & d'alliance, & lorfque les Officiers prêtent ferment à leur réception, ou que les particuliers font ferment en juftice. Mais les hommes méchans & menteurs abufent fouvent de ce moyen d'affarer la vérité, en affurant avec ferment des fauffetés, en joignant des set, mens à des vérités peu importantes, ou s'en fervant pour marque de la colere & pour le rendre terribles, ou les mêlant à leurs difcours fans aucun fujet. C'est pour. quoi ce précepte nous défend de prendre le nom de Dieu en vain, c'est-à-dire, de faire aucun ferment que dans les occafions

:

très importantes. Notre-Seigneur ajoute dans l'Evangile Et moi je vous dis de ne point jurer du tout, c'eft-à dire, de votre autorité privée, & hors les occafions publiques, comme les trois qui ont été. marquées, car tout ferment eft une impiété, s'il n'eft pas un acte de religion. Or, dans les rencontres où le ferment est légitime, c'eft un grand péché de jurer fauffement, ou ne pas accomplir ce que l'on a promis avec ferment, & c'est ce qui s'appelle parjure. C'est auffi un péché de promettre avec ferment quelque mal; mais ce feroit un fecond péché de l'exécuter. Un autre grand péché contre ce commandement eft le blafphême; c'elt, à propre ment pailer, toute parole injurieufe à Dieu; & l'on peut mettre en ce rang tons les fermens qui ne font en ufage que parmi les méchans & les infolens, & dont on ne fe fert pas en juftice; car ces fermens témoignent un mépris manifefte de Dieu. Les blafphêmes les plus criminels font ceux qui attribuent à Dieu d'être auteur du mal, ou quelque autre qualité indigne de lui, fur-tout s'ils font dits avec Connoiffance & réflexion. Ce font auffi des blafphèmes que les paroles qui attaquent la fainte Vierge ou les autres Saints, parce que les injures qu'on leur fait retournent contre Dieu même, comme les

[ocr errors]

honneurs qu'on leur rend fe rapportent Dieu. On péche à l'occafion du vœu en plusieurs manieres en faifant vœu de quelque chofe mauvaise ou trop légere, en avouant témérairement, en n'accompliffant pas le vœu bien fait, ou le différant fans grande caufe, en accompagnant le vœu de quelque fuperftition.

S

LEÇON XXIV.

Du troifieme Commandement.

Ouviens-toi de fanctifier le jour du fabat. Ces paroles, fouviens-toi, marquent que ce n'étoit pas un nouveau précepte du temps que Dieu donna la Loi écrite, & qu'il s'obfervoit dès le commencement du monde. Sabat fignifie repos, & la fanctification de ce jour eft ordonnée pour honorer le repos de Dieu; car après qu'il eut créé le monde en fix jours, il eft dit qu'il fe repofa le feptieme; non qu'il fût fatigué, puifqu'il avoit tout fait par fa parole; ni qu'il ait alors ceffé d'opérer, puifqu'il opére encore, confervant fans ceffe fes ouvrages, mais pour montrer qu'il ceffa de produire des créatures nouvelles. Sous l'ancien teftament le jour de repos étoit le feptieme jour, c'est-à-dire, le Samedi, que les Juifs

« PreviousContinue »