Page images
PDF
EPUB

Chrift, périront par le glaive. Il est toutefois permis aux Juges de faire mourir, fuivant les loix, ceux qui ont commis de grands crimes, afin de mettre en fûreté les gens de bien de bien ; & par la même raifon, il eft permis de tuer les ennemis de l'Etat en guerre légitime, obéiffant à fon Prince. Même un particulier étant attaqué peut tuer celui qui eft prêt à lui ôter la vie, s'il n'a point d'autre moyen de fe défendre, mais il n'eft jamais permis de fe venger. Dieu s'eft réfervé la vengeance, & il a établi des Princes & des Magiftrats pour Pexercer fur la terre. Dela vient que le duel eft un grand crime parce que le particulier y cherche cherche à fe faire juftice à lui-même, & d'ailleurs il expofe fa vie témérairement. Or, nous ne fommes pas à nous, mais à Dieu ; & il ne nous eft point permis d'attenter contre notre vie, fous quelque prétexte que ce foit; il faut attendre en patience que Dieu nous retire deffus la terre, où il nous a mis. Ce Commandement défend auffi tout ce qui tend à la mort, comme de blefler ou de frapper. Il défend la haine & la colere, qui en eft la fource, & tout ce qu'elles produifent, comme les injures de paroles, les affrons, les querelles & les difputes trop aigres. Au contraire, il ordonne de conferver, autant qu'il

,

nous eft poffible, la vie & la fanté de notre prochain, même de ceux qui nous haïffent. On rapporte à ce Commandement le fcandale qui eft comme un meurtre fpirituel, par lequel l'on tue l'ame du prochain, la faifant tomber dans le péché. Ainfi un Eccléfiaftique fcandaleux eft celui qui, par fa vie déréglée, donne occafion aux laïques de vivre mal à fon exemple. Ainfi ceux qui appren nent à des enfans le mal qu'ils ignorent ceux qui compofent ou débitent des livres pernicieux, les femmes qui fe parent pour fe faire aimer, tous ceux-là donnent fcandale, & participent aux péchés de ceux qui le prennent. Ce péché eft fi grand, que Jefus-Chrift dit qu'il vaudroit mieux être jetté avec une pierre au col au fond de la mer, que de fcandalifer le moindre des fideles.

L

LEÇON XXVII.
Du fixieme Commandement.

E fixieme Commandement défend

aux créatures taifonnables d'imiter les bêtes fans raifon, qui fe mêlent indifféremment, & d'abufer pour le plaisir de ce que Dieu a fagement inftitué pour la multiplication du genre-humain; car

:

l'ouvrage de Dieu eft bon en toutes fes parties il n'y a rien de mauvais ni de honteux que le péché, & la concupifcence qui nous porte à ufer de nos corps contre

[ocr errors]

la volonté du Créateur, En défendant l'adultere, il défend auffi l'incefte la fornication & toutes les autres especes d'impudicités qui font défendues nommément en divers endroits de la fainte écriture, pour montrer combien elles font abominables devant Dieu; mais dont il ne devroit pas nême être fait mention parmi les chrétiens, hors la nécefité de les condamner. It fuffit de favoir que rien n'eft permis, finon dans les faintes regles du mariage. Les plaifirs criminels font la fource de plufieurs maux très- férieux, de maladies incurables, de diffipation des biens, des haines mortelles, de jaloufies, de mauvais ménages entre les maris & les femmes, d'abandonnement des enfans de fuppofitions de part, d'avortement, d'empoifonnemens de meurtres de

[ocr errors]

toutes fortes de crimes. Pour éviter la débauche, Dieu défend aufli tout ce qui y mene toutes les actions, les attouchemeus, les regards & les paroles déshonnêtes, même jufques aux pensées arrêtées & délibérées, En cette matiere, bien plus qu'en aucune autre, il faut être foigneux de fuir les occafions de péché, qui fon

[ocr errors]

l'oifiveté, la curiofité, la compagnie des débauchés, les excès de bouche, les danfes, les affemblées profanes d'hommes & de femmes, la parure, & généralement l'amour de tous les plaifirs fenfibles. Il nous eft donc commandé de vivre chaftement, confidérant que Dieu nous voit toujours, & qu'il n'y a point de ténébres pour lui; que nos corps font les temples du Saint-Efprit, confacrés par le Baptême & la Confirmation, & encore plus par la fainte Euchariftie, & que nos membres font les membres de Jefus-Christ. Or qu'y a-t-il de plus horrible que de faire des membres de Jefus Chrift les membres d'une perfonne infâme, en devenant an même corps avec elle? Pour acquérir ou conferver la chafteté, nous devons mener une vie réglée, occupée, laborieufe, fobre & mortifiée ; & nous fouvenir qu'il faut porter notre croix tous les jours, & que cette vie n'est pas le temps du repos & de la joie, mais du travail. Le principal moyen pour obtenir de Dieu le don de continence, eft la priere.

LEÇON XXVIII.
Du feptieme Commandement.

LE Commandere, la concuf

E feptieme Commandement défend

[ocr errors]

fion, & généralement toute ufurpation du bien d'autrui par fraude & par violence. Car puifque les hommes font convenus du partage des biens, & ont des loix pour régler les manieres de les acquérir & de les conferver, comme nous en profitons pour jouir de nos biens en fûreté il eft jufte d'obferver ces loix, & nous en devons laiffer auffi jouir les autres, fans nous fervir de notre force ou de notre adreffe pour les en priver. Que fi quelque chofe nous manque, il faut nous appliquer à l'acquérir par les voies légitimes. par le travail, le trafic, le fervice. L'afure eft le profit que l'on tire d'un prêt, se faifant rendre plus que l'on n'a prêté. La concuffion eft l'abus qu'une perfonne puiffante fait de fon autoricé pour ufurper & retenir le bien d'autrui. Le larcin domeftique eft le plus criminel, à caufe de la confiance qu'il eft néceffaire d'avoir à ceux qu'on tient dans fa maifon ; & il n'eft pas permis de prendre fecretement, fous prétexte de fe récompenfer du tort qu'on

[ocr errors]
« PreviousContinue »