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qu'en nous humiliant profondément que nous éviterons l'orgueil & l'ambition. Il faut méprifer les plaifirs permis pour éteindre le defir des plaifirs défendus. Pour ne point defirer le bien d'autrui, le plus fûr eft de n'être point attaché à celui que nous poffédons légitimement ; & pour arriver à ce détachement, il faut penfer fouvent à la mort & à la vie future. Le temps eft court, dit faint Paul, il faut que ceux qui ont des femmes foient comme s'ils n'en avoient point; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuroient point; ceux qui le réjouiffent, comme s'ils ne fe réjouiffoient point; ceux qui achetent comme s'ils n'acquéroient point; ceux qui fe fervent de ce monde, comme s'il ne s'en fervoient point; car la figure de ce monde paffe. Et ailleurs: Ceux qui veulent devenir riches, tombent dans les tentations & les filets du diable, & dans plufieurs defirs inutiles & nuifibles qui précipitent les hommes dans la perte & la damnation; car l'avarice eft la fource de tous les maux. Et c'est ce que JefusChrift dit lui-même, que pour le faivre il faut renoncer à fon pere, à fa mere, à fa femme, à fes enfans, à tout fon bien; non qu'il foit néceffaire de tout quitter réellement, mais parce qu'il eft nécessaire d'en détacher fon affection pour n'aimer

fuivant

que Dieu feul & fes créatures, fon ordre. Il faut donc modérer tous nos defirs, hors celui de bien faire & de plaire à Dieu, qui ne peut jamais être affez grand.

LEÇON X X X I.

Des trois premiers Commandemens de l'Eglife.

N

Ous fommes encore obligés à obferver les Commandemens de l'Eglife en vertu du Commandement de Dieu, d'honorer notre pere & notre mere; car l'Eglife, la Jérufalem céleste, eft notre mere & fes Commandemens ne font autre chofe que de faintes pratiques reçues par une tradition continuelle depuis les temps apoftoliques, & confervés par l'autorité de tous les Peres & les Pafteurs, dont on a enfin été obligé de faire des regles dans les derniers temps, pour marquer ce que devoient au moins faire les chrétiens. On en compte ordinairement fix, que l'on a mis en rime en cette forte.

Les Dimanches meffe ouïras, &c. Le premier eft donc d'entendre la meffe les Dimanches & les Fêtes commandées. Les Chrétiens doivent prier fouvent, affifter aux prieres publiques de l'Eglife autant

que leur commodité leur permet. Mais comme la plupart font occupés les autres jours de travaux & d'affaires qui leur laiffent peu de loifir, l'Eglife a réduit Pobligation extérieure au Dimanche & à la partie la plus effentielle de l'Office, qui eft la meffe. Et quoiqu'elle defire que l'on entende la meffe haute & folemnelle, elle fe contente au befoin de la meffebaffe, pourvu qu'on l'entende avec grande attention, s'uniffant, autant qu'il fe peut, à l'action du Prêtre & à l'intention de l'Eglife. Son fecond Commandement eft de confeffer tous fes péchés à fon propre Prêtre, au moins une fois l'année. L'Eglife fait que ceux qui ne font que des péchés légers s'approchent des Sacremens affez volontiers; & pour ceux qui négligent leur confcience, elle a craint avec raifon, voyant la corruption des derniers fiecles, qu'ils ne fuffent capables de crou pir dans l'état de péché mortel pendant plufieurs années. Elle a donc jugé à propos de les exciter par un Commandement exprès, & par la menace de l'excommunication. L'Eglife n'a point marqué de temps pour le Sacrement de Pénitence, parce que l'on doit chercher à fe relever

-tôt qu'on eft tombé dans le crime, comme il eft écrit. Ne tardez point à vous convertir au Seigneur, & ne différez point

de jour en jour. Elle a ordonné de fe confeffer au Prêtre propre, c'est-à-dire, à l'Evêque, au Curé, ou à quelqu'autre commis par eux, afin que les Pafteurs puiffent connoître le troupeau dont ils doivent rendre compte à Dieu. Le troifieme Commandement de l'Eglife eft de recevoir le faint Sacrement de l'Euchariftie au moins une fois l'an, vers la fête de Pâque & en fa Paroiffe. L'Eglife fouhaiteroit que les chrétiens communiaffent toutes les fois qu'ils affiftent à la meffe, & par conféquent au moins tous les Dimanches ; mais ; comme il ne faut s'approcher de ce Sacrement qu'après s'être bien éprouvé, elle a eu égard à la tiédeur des derniers temps, & ne les a obligés à s'en approcher qu'une fois l'année; mais elle n'a pu fouffrir qu'ils s'en privaffent plus long-temps, puifque Jefus-Chrift a dit que l'on ne peut vivre fans ce pain célefte. L'Eglife a choifi pour ce devoir les jours les plus faints après la préparation du Carême, lorfque l'on fait la mémoire de la paffion de Jefus-Chrift & de l'inftitution de ce Sacrement; c'est-à-dire, depuis le Dimanche des Rameaux jufques à l'Octave de Pâque. La néceffité de recevoir ce Sacrement en fa Paroiffe vient de la même raifon qui a été dire pour la pénitence, afin que chaque Pasteur connoife l'état de fon

troupeau. On commence à être obligé à ces deux Commandemens quand on eft arrivé à l'âge de difcrétion, ce que l'on entend d'ordinaire entre fept ou huit ans pour la confeffion ; & pour la communion, entre douze & quatorze ans ; & c'est au Pasteur à en juger.

LEÇON XXX II,
Des Fêtes & des Myfteres.

Es trois derniers Commandemens de

jours deftinés au fervice de Dieu, les uns pour chanter fes louanges, & fe réjouir fpirituellement; les autres pour s'affliger devant lui & faire pénitence. Le quatrieme Commandement nous oblige à sanctifier certains jours de fête, outre les dimanches, nous abftenant d'œuvres ferviles, & nous appliquant à la priere & aux bonnes œuvres. Ces fêtes font inftituées pour honorer Dieu, ou en célébrant les principaux myfteres de notre religion ou en renouvellant la mémoire des Saints en qui il a fait le plus éclater fes graces; de forte que l'occupation fpirituelle, propre à ces jours là, doit être de méditer le myftere ou les vertus du Saint, & en rer des réflexions utiles pour la correc

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