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LEÇON X X X VI,

Des Confeils & de la perfection Chré

L

tienne.

Eglife ne nous a obligés qu'à ce peu de pratiques extérieures, non qu'elle ait voulu borner là tout l'exercice de la religion, mais pour laiffer plus de liberté à la piété des vrais Chrétiens; car nous fommes fous la loi d'amour, où nous devons fervir Dies de bonne volonté & avec joie, non pas avec crainte & comme par une néceffité fâcheufe. Auffi ce peu de loix eccléfiaftiques n'ont été faites que dans les derniers temps, depuis que la charité de plufieurs eft refroidie. Elles ne font pas immuables comme les loix divines. L'Eglife, qui les a faites, peut les changer ou en difpenfer quelques particuliers, felon les temps, & pour des raifons très-importantes. Voilà donc ce que tour Chrétien eft obligé d'obférver: les commandemens de Dieu & de l'Eglife qui y font compris. Si vous voulez entrer dans la vie, dit Jefus Chrift, gardez les commandemens. Mais il ajoute : fi vous voulez être parfait, allez, vendez tous vos biens, & fuivez-moi, & vous aurez un tréfor dans le ciel. Il dit encore: il y a

des eunuques qui fe font rendus tels euxmêmes pont le Royaume des cieux, Qui en eft capable le fofle, mais il n'y a que ceux à qui il eft donné qui en font capables. Et faint Paul dit: fi vous n'êtes point marié, ne cherchez point de femme, ajoutant que c'est un confeil qu'il donne & non pas un précepte du Seigneur. Il y a donc différence entre les préceptes & les confeils. Les préceptes ou commandemens font propofés à tous comme leur obligation; les confeils font propofés feulement comme les moyens d'arriver à la perfection. Or, Jefus-Chrift nous exhorte tous à tendre à la perfection, & à l'imitation de notre Pere céleste, qui eft parfait. En effet, comme notre volonté eft foible, nous faifons toujours moins bien que nous ne voulons : & fi nous ne nous propofons que ce qui eft précisément d'obligation, nous demeurons en-deça, c'est-à-dire, dans le péché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous, mais lui donner généreusement tout ce que nous pourrons, puifque nous ne lui devons pas moins que de l'aimer de tout notre cœur & de toutes nos forces: il faut avoir une haute eftime des confeils de Jefus Chrift, puifqu'il eft la fagelfe même, & qu'il fait bien mieux que nous ce qui nous eft bon. Il ne faut pas chi

caner avec Dieu, ni trop s'attacher à diftinguer les préceptes des confeils, mais s'efforcer, autant qu'il eft poffible, de connoître & de pratiquer ce qui lui eft agréable. Jefus-Chrift a renfermé l'idée de toute la perfection dans ces huit béatitudes. Heureux les pauvres d'efprit, parce que le Royaume des cieux eft à eux. Heureux ceux qui font doux, parce qu'ils pofféderont la terre. Heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils feront confolés. Heureux ceux qui ont faim & foif de juftice, parce qu'ils feront raffafiés. Heureux les miféricordieux, parce qu'on leur fera miféricorde. Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Heureux ceux qui procurent la paix, parce qu'ils feront nommés enfans de Dieu. Heureux ceux qui fouffrent perfécution pour la juftice, parce que le Royaume des Cieux eft à eux.

LEÇON XXXVIL
De la Grace.

N mandemens de Dieu, ni fuivre fes Confeils que par fa grace. De nous-mêmes nous ne pouvons former une bonne penfée, ni dire le Seigneur Jefus, que par

Ous ne pouvons accomplir les com

afin

le faint-Efprit. Ce n'eft pas que Dieu ne nous ait créés libres, & ne nous ait propofé dans fa loi la vie & la mort, afin que nous choififfions la vie; mais notre volonté eft tellement affoiblie par le péché, que de nous-mêmes nous choififfons toujours le mal, & nous n'avons point de liberté pour bien faire, fi nous ne fommes délivrés par la vérité, qui eft Jefus Christ. Nous connoiffons le bien par la lumiere de la raifon que Dieu a mife en nous, & par fa loi qu'il nous a donné, mais nous n'avons pas la force de l'accomplir, parce que notre concupifcence nous entraîne. continuellement vers le mal que nous condamnons. Cette concupifcence eft l'amour de nous-mêmes fans rapport à Dieu, & l'inclination au plaifir fenfible, qui nous fait préférer le bien du corps à celui de l'ame. De là viennent les paffions déré glées, l'amour fenfuel, la haine, la coTere, la peur, la trifteffe, la joie. Ces paffions nous font commettre toutes fortes de péchés, quand elles font plus fortes que la raifon; & elles font toujours plus fortes, quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompue, où nous naiffons tous, parce qu'en cet état il eft impoffible que nous prenions plaifir à autre chofe qu'à ce qui flatte nos fens, qui est conforme à notre amour-propre. C'est pour

cela qu'il faut mourir au vieil homme & renaître de nouveau en Jefus-Chrift étant justifiés gratuitement par la grace, afin de faire, par amour de Dieu & avec plaifir, ce qui eft conforme à sa volonté & à la lumiere de la raison.

L

LEÇON XXXVIII.
Des Sacremens.

pas

A grace nous étant adio... ceffaire, Dieu ne fe contente de la donner; il veut bien l'accompa gner des lignes fenfibles proportionnés à notre foibleffe. On appelle ces fignes Sacremens, c'est-à-dire chofes facrées; ou 'myftere, c'est-à-dire, chofes cachées. Et en effet, ce font des chofes matérielles & des actions extérieures, qui nous fignifient l'opération intérieure du faint-Efprit, par laquelle il fanctifie nos ames en même temps que nous pratiquons ces faintes cérémonies. Ce n'eft pas que Dieu ne puiffe nous communiquer fa grace fatis l'accompagner de ces fignes, mais nous n'en fommes pas alors fi affurés; & ce 'n'eft pas auffi que que ces fignes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçu la grace, puifque nous avons toujours fujet de douter fr nous y avons apporté les difpo

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