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fitions néceffaires. C'eft la mifere inévitable en cette vie de ne favoir jamais fi nous fommes dignes d'amour ou de haine, ni fi nous perfévérerons jufques à la fin; & d'être obligés à travailler à notre falut avec crainte & tremblement. Toutefois connoiffant la bonté de Dieu, nous avons grand fujet de bien efpérer quand nous nous approchons de fes Sacremens avec foi, confiance, fincérité, humilité & componction. On appelle docent Crablis de Dieu pour des fiones nignifier & opérer en nous la grace. L'ancienne loi parmi tant de cérémonies n'avoit aucun de ces Sacremens qui donnent la grace, & c'est un avantage de la loi nouvelle. C'eft Jefus Chrift qui les a tous inftitués, afin que fon fang & fes mérités infinis, plus que fuffifans pour le falut de tous les hommes, fuffent appliqués en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appellé. 11 en a marqué quelques-uns par les paroles & fes actions rap portées dans l'Evangile favoir Baptême, l'Euchariftie, la Pénitence & POrdie. Les Apôtres ont déclaré les autres en expliquint ce qu'ils avoient appris de lui; car il n'étoit pas en leur pouvoir d'inftituer des Sactemens; il n'y avoit qu'un Dieu qui pût attacher à des choles fenfibles, l'opération du faint-Esprit. Il en

le

a inftitué pour tous les befoins de la vie fpirituelle; le Baptême pour y entrer & naître fpirituellement : pour croître & fe fortifier, la Confirmation: pour fe nourrir, l'Eucharistie la Pénitence, pour guérir les maladies de l'ame, & même la refufciter après qu'elle eft morte par le péché pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'Extrême Onetion. Les deux autres Sacremens regardent l'utilité de toute l'Eglife; l'Ordre lui donne des Miniftres publics; le Mariage fert à la perpétuer dans tous les fiecles. Il y a donc fept Sacremens, le Baptême, la Confirmation, l'Euchariftie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre & le Mariage. La validité des Sacremens ne dépend point du Miniftre, quelqu'indigne qu'il foit, pécheur ou hérétique: il fuffic qu'il ait reçu le pouvoir dans l'Eglife, parce que c'est en effet Jefus Chrift qui confére les Sacremens. Pour bien entendre la nature des Sacremens, il faut savoir les raifons des faintes cérémonies, dont l'E glife les accompagne.

L

LEÇON XXXIX,
Du Baptême.

E Baptême eft le plus néceffaire de tous les Sacremens. En vérité, en vérité je vous dis, dit Jefus-Christ, perfonne ne peut entrer au nyaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau & du SaintEfprit. Ce qui eft né de la chair, eft chair, & ce qui eft né de l'efprit, eft efprit : or, fi nous vivons felon la chair, nous mourrons, puifque la chair n'eft autre chofe que l'amour-propre ; la concupifcence que nous apportons au monde comme enfans d'Adam avec le péché originel, dont elle eft une fuite. De-là vient que le baptême eft néceffaire, même aux petits enfans, pour effacer ce péché avec lequel ils naiffent. Aux Adultes, c'eft-à-dire, à ceux qui font en âge de raison, il efface de plus tous les péchés qu'ils peuvent avoir commis; mais pour le recevoir, il faut qu'ils foient fuffisamment inftruits de la doctrine chrétienne, qu'ils la croient & la profeffent publiquement; & de plus, qu'ils foient fincérement convertis, qu'ils aient un grand regret de leurs péchés paffés, & une ferme réfolution d'observer les commandemens de Dieu. Le Bap

tême, autant qu'on le peut, doit fe faire, à l'Eglife par les mains des Prêtres avec toutes les cérémonies: mais en cas de né

ceffité toute perfonne peut baptifer, pourvu que l'on verfe de l'eau fur le baptifé, avec l'invocation de la fainte Trinité. L'eau doit être fimple & naturelle, & il faut dire : Je te baptife au nom du Pere, & du Fils, & du Saint-Efprit. Le Baptême ainfi donné ne peut être réitéré, & imprime un caractere qui ne s'efface jamais. Quelque crime que le baptifé puiffe commettre, il eft toujours vrai de dire qu'il a été régénéré & confacré à Dieu comme fon enfant d'adoption. Si un adulte, defirant le Baptême avec une charité parfaite, eft furpris de la mort avant que de le recevoir, il ne laiffe pas d'être fauvé; & fon falut eft encore plus affuré, s'il eft baptifé dans fon fang, fouffrant le martyre pour la foi qu'il veut profeffer, Il y a donc trois Baptêmes: celui de l'eau & du Saint-Efprit, du Saint-Efprit feul, & celui du fang; mais l'eau eft abfolument néceffaire pour les enfans qui ne peuvent avoir les faintes difpofitions capables d'y fuppléer. ›

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LEÇON X L.

De la préparation au Baptême.

ou

Our bien entendre toute la cérémonie du Baptême, il faut confidérer celui des adultes, & fuppofer qu'il fe fait à l'un des jours folemnels de la bénédiction des fonts. Il étoit très-ordinaire dans les premiers fiecles de baptifer des perfonnes en âge parfait, au lieu que parmi nous, on ne le pratique que rarement; c'est-à-dire, quand des Juifs, des Mahomérans, d'autres Infideles fe convertiffent. Il faut inftruire avant que de baptifer, fuivant l'ordre que Jefus-Chrift en a donné; c'eft pourquoi l'on commençoit par faire Catéchumene celui qui vouloit être Chrétien, pour l'inftruire à loifir & pour éprou ver fa vocation pendant un long-temps, & c'est à cette préparation que fe rapportent les exorcifmes & les autres prieres, par où commence la cérémonie du Baptême jusqu'à la récitation du fymbole & la profeffion de foi. Depuis qu'il eft plus ordinaire de baptifer des enfans, on a joint se qui fe faifoit auparavant à plufieurs fois, & ce n'eft aujourd'hui que la fuite d'une même cérémonie; mais quand on baptife un adulte, on ne doit pas ref

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