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il leur est toujours beaucoup plus avanta geux d'être lavés da péché originel incontinent après leur naiffance, & de recevoir la grace avant l'ufage de la raifon, qui rend capable de pécher, que de croupir long-temps dans le péché & les mauvaifes habitudes, qui leur feroient peut-être négliger le baptême. On baptife donc les enfans, & on les baptife incontinent après leur naiffance pour éviter les accidens, fans même attendre les jours folemnels; ce qui montre que l'on doit beaucoup moins retarder pour attendre un parrain ou par quelqu'autre confidération temporelle. On obferve les cérémonies du Baptême des adultes; on exorcife l'enfant, parce qu'il eft fous la puiffance du démon par le péché originel; on fait fur lui les prieres qui regardent l'état Catéchumene, quoiqu'il ne foit encore capable, ni d'être inftruit, ni d'être éprouvé. On n'a pas cru le devoir priver de ces prieres & de es faintes cérémonies, qui font toujours fort utiles pour lui attirer des graces abondantes, feulement on les a abrégées; & en plufieurs Eglifes on les obferve plus exactement aux adultes. Le Parrain & la Marraine répondent à tout ce que l'enfant devroit dire; & d'abord ils lui donnent un nom, qui doit être le nom de quelque Saint que l'enfant prendra pour Patron;

c'est-à-dire, pour fon protecteur particu lier auprès de Dieu, & pour le modele de fa vie. Le Parrain & la Marraine fe rendent cautions envers Dieu par leurs réponfes, que l'enfant obfervera tout ce qu'ils lui promettent pour lui; c'est pourquoi ils doivent avoir un foin particulier de fon instruction & de fon éducation', & lui tenir lieu de pere & de mere pour tout ce qui regarde le fpirituel. Or comme la religion chrétienne n'eft point attachée aux cérémonies extérieures, on omet toutes celles du Baptême en cas de néceffité; & l'on fe contente de verfer de l'eau fur le baptifé, en difant les parties effentielles Je te baptife au nom du Pere, & du Fils & du Saint-Efprit. De-là vient qu'encore que les hérétiques méprisent les faintes cérémonies de l'Eglife, leur Baptême ne laiffe pas d'être valable pourvu qu'il foit fait avec de vraie eau, avec l'invocation de la Sainte Trinité, & en cas de néceffité toute perfonne peut baptifer; un laïque, une femme, un infidele, pourvu qu'il ait férieufement l'ins tention de faire ce que l'Eglife ordonne.

LEÇON XLIII.

&

Du Catéchifme & de la Confirmation.
'Etoit l'Evêque d'ordinaire, qui

Cadminiftroit le Baptême folemnel,
CE

& alors il confirmoit les Néophites en même temps au fortir des fonts: ainfi étant parfaits Chrétiens, ils affistoient auffitôt à la meffe, & communioient; ce qui fe doit encore obferver, autant qu'il fe peut, au Baptême des adultes. Mais quand c'étoit un Prêtre qui avoit baptifé, il falloit que l'Evêque impofât les mains au Néophite, pour lui donner le SaintEfprit; car l'Evêque a toujours éré le Miniftre ordinaire de ce Sacremert. Comme il eft le pere fpirituel de tout fontroupeau, il eft jufte que chaque Fidele au moins une fois en fa vie, fe préfente à lui, & reçoive de lui la perfection du chriftianifme, comme de celui qui a la perfection du Sacerdoce. Depuis que l'on ne baptife plus gueres que des enfans, on a jugé à propos de différer ce Sacrement jufqu'à l'âge de raifon, afin qu'ils reçoivent auparavant les inftructions qu'ils n'ont pu recevoir avant le Baptême. Il faut donc que les peres & les meres aient grand foin d'inftruire leurs enfans dès qu'ils commencent à entendre ce qu'on leur dit. Qu'ils leur enfeignent tout ce qui est expliqué dans ce Catéchifme, & toutes les autres chofes qui peuvent leut être utiles pour le falur: Qu'ils leurs racontent les merveilles que Dieu a faites pour fon peuple, & avant & après l'Incarnation de

fon

fon Fils: Qu'ils leur montrent fa loi, & la leur faffent aimer: Qu'ils leur expliquent les Fêtes, les Sacremens, toutes les faintes cérémonies de la religion. C'eft un Commandement de Dieu, fouvent répété dans l'Ecriture, d'inftruire ainfi les enfans. Les parrains & les marraines y doivent veiller & fuppléer au défaut des pareus. Les maîtres font à cet égard les peres de leurs ferviteurs, & de tous ceux qui compofent leur famille. Mais fur-tout les Pafteurs & les Prêtres s'y doivent appliquer foigneufement, avoir des heures deftinées, au moins les Dimanches & les Fêtes, pour inftruire les enfans publiquement dans l'Eglife. C'eft encore le devoir des maîtres & des maîtreffes d'école, & de tous ceux qui enfeignent les lettres aux jeunes gens, afin que tant de perfonnes, concourant enfemble à leur inftruction il n'y en ait point qui périffe par ignorance. Les enfans étant fuffifamment inftruits au jugement du Pasteur, peuvent êrre préfentés à la Confirmation dès l'âge de fept ans. L'Evêque étend les mains fur eux & prie Dien, qui les a régénérés par l'eau & le faint-Efprit, & qui leur a donné la témillien de tous leurs péchés, d'envoyer fur eux du Ciel fon faint Efpritavec fes fept dons, puis il exprime ces fept dous, qui font la fageffe & l'intelligence, Gr. Cat.

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le confeil & la force, la fcience, la piété & la crainte de Dieu. Il prend enfuite du faint chrême, dont il fait à chacun l'onetion fur le front, le nommant par fon nom, & lui difant: Je te marque du figne de la croix, & je te confirme du chiême du falut ; au nom du Pere, &c., & le frappe légèrement fur la joue. Le bandeau que l'on met quelquefois fur le front n'eft que pour empêcher que l'onction du faint chrême ne foit profanée.

LEGON XLIV.
Da faint Chrême.

E faint chrême, dont on fe fert au

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compofé d'huile d'olive & de beaume. L'huile fert à guérir les plaies, à fortifier le corps qui en eft frotté, à éclairer quand on la brûle; ainfi elle est très propre à marquer la grace qui nous guérit, nous fortifie & nous éclaire. Le beaume repréfente la fainteté, parce qu'il préferve de corruption, & répand une bonne odeur. De ces deux liqueurs mêlées ensemble T'Evêque fait le faint chrême, qu'il confacre tous les ans le jeudi faint à la messe, affifté de douze Prêtres, de fept Diacres, & de fept Soudiacres. Il fouffle deffus

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