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debout les avertit de ne point défespérer de la miféricorde de Dieu, de s'appliquer aux jeûnes, aux oraifons, aux pélérinages, aux aumônes, & aux autres bonnes couvres, afin que Dieu Jeur falle faire des fruits dignes de pénitence. Auffi-tôt on ferme à leurs yeux la porte de l'Eglife, l'Evêque étant rentré commence la

Mefle, qui ce jour-là, & pendant tout le carême, convient à la pénitence. Les pénitens ne rentrent plus dans l'Eglise jus ques à leur abfolution folemnelle, & accompliffent cependant leur pénitence. Ils doivent s'abstenir de tout divertissement, de toute fonction publique, & éviter la compagnie autant qu'il eft poffible. Ils jeûnent ou au pain & à l'eau, ou avec moins de rigueur, ou tous les jours, ou certains jours de la femaine, fuivant qu'il a été prefcrit à chacun, à proportion de fes péchés & de fa contrition. Les œuvres pénales auxquelles les pénitens doivent s'appliquer, font d'ordinaire des jeûnes, des prieres, des aumônes, & tout ce que l'on appelle œuvres de miféricorde, tant corporelles que fpirituelles. Les corporelles font huit: donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont foif, vêtir les nuds, loger les paffans, vifiter les malades & les prifonniers, racheter les captifs, enfevelir les morts, Les

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fpirituelles font fept : Enfeigner les ignorans, corriger les pécheurs, donner con feil, confoler les affligés, fouffrir des injures, pardonner les offenfes, prier pour les vivans, pour les morts, & pour ceux qui nous perfécutent.

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ou du même Çarême ou d'une autre année, fuivant le temps prefcrit à chacun. L'Evêque accompagné de l'Archidiacre, & de plufieurs autres Officiers, fe profterne & récite les fept pfeaumes & les litanies, pendant lefquels il envoie deux Soudiacres, puis deux autres, pour con foler les pénitens qui font hors de la porte de l'Eglife puis un Diacres puis un Diacres, qui leur allume leurs cierges. Enfuite l'Evêque: vient s'affeoir au milieu de l'Eglife avec fon Clergé debour , tangé de part & d'autres; & l'Archidiacre, s'avançant, lui repréfente que le temps favorable s'approche où l'Eglife doit fe réjouir de la converfiɔn des baptifés & des pénitens ; que ceux-ci profternés devant lui, après s'être

long-temps affligés, demandent miféricorde, & efperent de l'obtenir. L'Evêque vient à la porte, & leur fait une exhortation fur la clémence de Dieu, leur faifant efpérer une prompte abfolution. L'Archiprêtre s'avance, intercede encore. pour eux, & rend témoignage qu'ils font dignes d'abfolution. Alors l'Evêque, comme vaincu par les prieres de toute l'Eglife, prend un des pénitens par la main, & le fait ainfi rentrer dans l'affemblée des fideles. Il fait encore plufieurs prieres, où l'on voit que toute l'efpérance des pécheurs eft fondée fur les mérites de JefusChrift, & fur le pouvoir qu'il a donné à fes Miniftres, quoique pécheurs eux-mêmes. Enfin il leur donne l'abfolution folemnelle, après laquelle ils vont quitter leurs habits de pénitens, & reviennent plus propres affifter à la meffe & aux offices comme auparavant. C'eft de cette abfolution folemnelle que font venues les abfolutes qui fe font le Jeudi faint dans toutes les Eglifes Cathédrales & Paroiffiales; & qui étant reçues avec dévotion peuvent attirer la grace de la pénitence. Le but de ces faintes cérémonies eft de nous donner une grande idée de l'énore. mité du péché, & de la difficulté de la pénitence. Et quoiqu'à préfent la pénitence publique foit peu en ufage, nous y

voyons fenfiblement quelle doit être la pénitence, même fecrette, pour les grands péchés; c'est-à-dire, que la contrition doit toujours être fort grande & fort éprouvée. Il n'y a point de péché fi énorme qu'il ne puiffe être remis par le pouvoir que Jefus-Chrift a donné à fon Eglife. Mais pour donner plus d'horreur des grands crimes, les Evêques, en communiquant aux Prêtres le pouvoir d'abfoudre, fe réfervent l'abfolution de certains cas, pour lefquels il faut s'adreffer à eux ou à leur Pénitencier ; & il y a même des cas réfervés au Pape, Mais toutes ces réferves ceffent à l'article de la mort.

LEÇON LV.

De l'excommunication & des péchés vénielsa Eux qui ne demandent point la pé

Citence après avoir commis des cri

mes dont ils font convaincus, ou par leur propre confeffion, ou par des preuves fuffifantes, ceux-là doivent être privés des Sacremens, & s'ils perféverent après avoir été avertis plufieurs fois, l'Evêque a le pouvoir de leur défendre l'entrée de l'Eglife, & même de les excommunier, c'est-à-dire, de les retrancher de la fociété des fideles comme des membres corrom

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pus, qui ne peuvent plus fervir qu'à infecter le refte du corps. L'excommunié dénoncé publiquement eft regardé comme un Infidele, dont les chrétiens doivent fuir le commerce, hors le cas de néceffité; mais s'il fe convertit, il fera reçu à pénitence. Il y a des péchés pour lesquels le facrement de pénitence n'eft point néeeffaire; favoir, les péchés véniels ou pardonnables, qui font les fautes d'ignorance ou de foibleffe, dans lesquelles il eft difficile que les Juftes même ne tombent. Tels font de petits excès de bouche, de paroles de vanité, d'aigreur ou d'imparience de courres diftractions dans la priere la perte d'an peu de temps, & les autres fautes femblables. Il y a d'autres moyens dé les effacer, favoir, la priere, l'aumône, & les autres bonnes œuvres, toutefois il eft très utile de s'en confeffer pour s'humilier d'autant plus, & recevoir les confeils propres à s'en guérir. L'ufage en eft établi dans l'Eglife, & c'eft ce qui a rendu plus fréquent le Sacrement de Pénitence qu'il ne l'étoit autrefois : or, quoiqu'il ne foit pas néceffaire de fe confeller des péchés véniels, toutefois fi l'on ne s'en confeffe, on doit être véritablesment contrit, & réfolu de s'en corriger. Il est très-dangereux de méprifer ces péchés, & quelques petits qu'ils nous paroif

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