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sainteté cette confiance n'a-t-elle pas été justifiée depuis Jésus-Christ, qui l'a lui-même encouragée par cette divine proclamation :

Confidite! ego vici mundum!

Quels prodiges de pureté et d'innocence dans tant de vierges chrétiennes! quels prodiges d'héroïsme et de courage moral dans tant de martyrs! quels prodiges de zèle et de dévouement à la vérité dans tant d'apôtres, de confesseurs, et de docteurs! quels prodiges de repentir et de réforme morale dans tant de pénitents et de convertis! quels prodiges enfin de charité et de sacrifices à la paix et au soulagement de l'humanité dans tant de prêtres, tant de saintes femmes, tant de chrétiens de toutes sortes!......... Oh! si nous pouvions voir d'une manière sensible le monde des âmes, si nous pouvions embrasser de nos regards toutes les vertus qui ont fleuri, tout le mal qui a été déraciné depuis dixhuit cents ans, quel spectacle! combien la nature humaine nous paraîtrait régénérée, et combien Jésus-Christ mériterait à nos yeux les noms de libérateur et de sauveur!

Cette régénération n'est pas, il est vrai, définitive ici-bas, et c'est là ce qui nous empêche d'en saisir toute la portée. Dans la mêlée du combat qui se continue nous ne pouvons pas distinguer la victoire aussi nettement qu'elle apparaîtra lors de la fin dernière. Mais c'est déjà beaucoup que le combat et les ressources que suppose sa durée. Il n'avait pas lieu avant Jésus-Christ toutes les erreurs

se promenaient en robes sous le portique, tous les vices, toutes les folies divinisées, se donnaient droit de bourgeoisie au Panthéon; on ne connaissait pas alors l'intolérance, parce qu'on ne connaissait pas la vérité. Le génie du mal tenait tout le genre humain en servitude, et le genre humain était assis dans son abjection; il s'y plaisait, il s'y engraissait comme un esclave qui a perdu jusqu'au rêve de la liberté. Mais depuis que son libérateur est venu le réveiller et briser ses chaînes, alors une lutte immense, inexorable, s'est engagée : le monde a appelé le christianisme l'ennemi du genre humain, le christianisme a appelé le monde l'ennemi du ciel et de la vérité; et dans cette intolérance réciproque le bien et le mal, la vérité et l'erreur, la vertu et les passions, le christianisme et le monde, se sont pris corps à corps, et le monde a été vaincu, et les viles passions jusque-là divinisées ont croulé dans les âmes comme sur leurs autels, et la vérité triomphante est montée s'asseoir au Capitole où elle est

C'est ce que le philosophe Gibbon appelle l'harmonie religieuse du monde ancien. « Nous avons déjà fait connaître, » dit-il, l'harmonie religieuse du monde ancien et la facilité » avec laquelle tant de nations différentes, et même ennemies, » avaient adopté ou du moins respecté les superstitions les unes » des autres.... Un seul peuple refusa de souscrire à cet accord >> universel du genre humain. » (Hist. de la déc., tome 111, p. 4.) Comment une plume qui se dit philosophique a-t-elle pu écrire de pareilles lignes ! Nos lecteurs ne se méprendront pas, du reste, sur le vrai sens que nous attachons au mot intolérance.

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encore, et le bien a levé son étendard sur l'univers et l'a embrasé des feux de son prosélytisme. Depuis lors la lutte n'a pas discontinué, elle s'est réveillée même parfois jusqu'à faire paraître la victoire incertaine à des yeux mal exercés; les hérésies et les persécutions ont suscité toutes sortes de ruses et de fureurs contre le christianisme, mais elles n'ont réussi par là qu'à raviver son triomphe et qu'à prolonger leur défaite; elles ont été, sans le savoir, les instruments de la Providence qui, en les lâchant de temps en temps, a voulu étendre et prolonger le combat pour donner le temps et la place à tous les hommes d'y assister et de prendre part à la victoire, réalisant ainsi tous les caractères de la réhabilitation promise dès le commencement, lorsqu'il fut annoncé que le descendant de la femme écraserait la tête du serpent, et que celui-ci chercherait toujours à se replier et à le mordre au talon1, ou, comme disent les traditions profanes, que l'antique ennemi serait surmonté seulement par le descendant d'Isis, mais non tué, la Divinité ne voulant pas permettre que sa puissance fût du tout anéantie, mais seulement lâchée et diminuée pour que le combat demeurât'.

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Nous voici arrivés au terme de la première partie de nos Études et comme au sommet de la vérité chrétienne envisagée dans ses aperçus préliminaires.

Il nous reste à résumer notre marche et surtout à en fixer le résultat dans les esprits.

S Ier

Nous nous sommes certiorés d'abord, à l'aide de la philosophie, de la solidité des principes spirituels et religieux que nous avons trouvés existants autour de nous dans le monde, sur l'âme, sur Dieu, sur l'immortalité de l'âme, sur la Religion naturelle nous avons repris ces quatre premières vérités en sous-œuvre et nous leur avons reconnu une consistance rationnelle qui ne permet pas à un esprit bien fait de s'y refuser.

Nous nous sommes demandé ensuite si de nousmêmes et en nous isolant de la société où ces vérités sont en circulation nous aurions pu les décou

TOME II.

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vrir comme nous avons pu les vérifier, et nous n'avons pas tardé à reconnaître,

soit en observant la génération de la vérité sur la terre, soit en remontant à l'origine du langage, — soit en comparant la nature de la vérité religieuse à la portée naturelle de l'entendement humain, — soit enfin en remarquant la méthode traditionnelle employée à sa conservation dans tous les temps, que l'homme individuellement et par cela même aucune agrégation d'hommes toute seule n'ont pu se donner la connaissance de cette vérité, et qu'il faut nécessairement reconnaître celle-ci, également reçue parmi les hommes, qu'il y a eu une première révélation.

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De là nous avons suivi le sort de la vérité primitivement révélée sur la terre, et après l'avoir vue briller de son éclat le plus pur sur le berceau de toutes les nations, nous l'avons vue décroître, se mélanger, s'obscurcir, et se perdre presque entièrement au sein des ténèbres les plus épaisses qui aient jamais chargé l'esprit humain. Nous avons assisté à la lutte antique du rationalisme contre la tradition, du philosophisme contre la philosophie. Nous avons vu les efforts désespérés de celle-ci pour retenir la vérité par la tradition. Nous avons entendu ses cris de détresse et son appel à une seconde révélation. Nous l'avons vue enfin succomber dans Socrate, se cacher dans Platon, et ne plus servir, par ses lâches complaisances envers l'idolâtrie, comme par le mépris secret qu'elle déversait sur les seules croyances qui s'y étaient con

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