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publié le vingt-huitiéme de Septembre.

·AN. 1563.

Le roi défend

bation.

Par une déclaration dattée du deuxième du mê- XXXI. me mois, le roi défendit qu'aucuns livres nouveaux d'imprimer aucuns fuffent imprimez fans avoir été auparavant exami- livres fans appronez & approuvez par des perfonnes commises pour cela par le roi, fous peine de la vie aux contrevenans, & de la confifcation de leurs biens. Cet édit fut fait non feulement pour reprimer la licence des libraires, qui imprimoient toute forte de livres & de libelles fans permiffion; mais encore pour arrêter la fureur des partifans de la maifon de Guife, & de ceux de l'amiral de Coligny, qui se faifoient une guerre continuelle par des libelles très-injurieux.

XXXII. Autre édit en

De Thou ut fupi

Il fut auffi ordonné en faveur du clergé du diocéfe de Paris, que les prêtres & curez feroient faveur des curez. exemts de charges publiques, de logemens de gens de guerre, & de fournir des vivres & autres chofes pour la fubfiftance des foldats dans leur paffage. La déclaration fut enregistrée le même jour que la précedente, & l'on en attribua particulierement la connoiffance au lieutenant civil, avec ordre de la faire executer. Par un autre édit il fut ordonné que dans chaque église cathedrale & collegiale où il y auroit plus de dix chanoines, il y auroit un maître ou écolâtre qui feroit chargé d'inftruire les jeunes gens dans la religion & dans les lettres, & qu'on lui affecteroit le revenu d'une prébende.

Le vingt-fixiéme d'Avril précedent de la même année 1563. le cardinal du Puy mourut à Rome âgé de foixante-neuf ans. Il étoit né à Nice en Provence d'une famille noble le neuviéme de Fevrier 1495. & avoit étudié le droit fous le celébre Pierre

XXXIII.

Mort du cardinal Ciaconius in vitir Pontif. & cardinal

Jacques du Puy.

tom. 3. pag. 773°

de Accoltis, l'un des plus fçavans jurifconfultes de A N. 1563. fon temps ; il lui fucceda même dans fes emplois, & fut honorablement reçu par Paul III. qui le fit auditeur de rote, charge qu'il exerça pendant quinze ans avec beaucoup d'honneur & de probité. Jules III. qui l'avoit particulierement connu avant qu'il fut élevé au fouverain pontificat, lui donna l'archevêché de Bari, le chargea d'affaires importantes & difficiles, & l'honora du chapeau de cardinal en 1551. avec le titre de faint Simeon. Le pape l'affocia au cardinal Cicada pour examiner & abolir les alienations des biens ecclefiaftiques faites contre la conftitution de Paul II. & pour liberer les biens emphitheotiques, & les cens de quelques églifes qui étoient du domaine de l'église Romaine. Sous Paul IV. il eut le titre de fainte Marie in via, fut prefet de l'une & l'autre fignature, président de l'inquifition, & protecteur du roïaume de Pologne, de l'ordre des carmes, & de celui de Malthe. Après avoir gouverné l'églife de Bari, quoiqu'absent, pendant plus de douze années, il s'en démit en 1562. en faveur d'Antoine fon neveu. Pie IV. venoit de le nommer pour être un des préfidens du concile de Trente en la place du cardinal Seripande, lorsqu'il mourut. L'on a de ce cardinal quelques ouvrages, comme les décifions de la rote, de la difference des monnoïes, & plufieurs lettres. Il avoit vû quelques mois auparavant une création de deux cardinaux que le pape avoit faite le fixiéme deJanvier de la même année, fçavoir celle de Frederic de Gonzague fils de Frederic I.duc de Mantoüe & de Marguerite Paleologue dame de Monferrat, & celle de Ferdinand de Medi

XXXIV.

Le pape fait deux Ciaconius in vitis tom. 3. pag. 943.

cardinaux.

pontif cardinal.

cis

cis fils de Cosme grand duc de Toscane, & d'Eleonore de Tolede.

A N. 1563.

XXXV. Le pape refufe reine d'Angleter

d'excommunier la

re.

Seq.

Sanderus hift.

Quoique la religion catholique ne fut pas ouvertement perfecutée en Angleterre fous le regne d'Elifabeth, cependant le pape fouffroit avec peine qu'elle n'y fut pas autorifée. Les uns lui propofoient Raynald. ad bune d'excommunier la reine, & de mettre fon roïaume annum n. 115. & en interdit; d'autres plus moderez penfoient au contraire, qu'en fuivant ces confeils, ce feroit tout per- fem fchifm. Anglic. dre & engager cette princeffe à févir contre les catholiques. Pic IV. fuivit ce dernier avis, & en confequence l'empereur Ferdinand écrivit à Elifabeth pour la prier de traiter avec douceur les évêques catholiques, qu'elle retenoit en prifon, & de ne point faire d'édit fi fevere contre ceux qui faifoient profeffion de la doctrine de l'églife.

Cette princeffe lui répondit qu'elle recevoit avec respect ses remontrances, & qu'elle auroit égard à ses prieres: ce qui obligea l'empereur de lui écrire une feconde fois pour la remercier d'une fi favorable réponse. Sa lettre eft du vingt-quatriéme de Septem bre. Mais il ne paroît pas que la reine y ait eu beaucoup d'égard : elle étoit réfolu de s'en tenir aux articles du finode de Londres de l'année précedente 1562. & qu'elle fit confirmer en 1571. Ces articles étoient au nombre de trente-neuf, dont voici les principaux.

XXXVI.
Articles du fi

fous Elizabeth.

Les cinq premiers n'ont rien qui differe de la créance catholique : mais le fixiéme rejette comme nede de Londres apocriphes tous les livres de l'écriture fainte qui ne font pas compris dans le canon des Hebreux, & reconnoît pour canoniques tous ceux du nouveau tefTome XXXIV.

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tament. Dans le dixiéme article, on reconnoît que AN. 1563. depuis le peché d'Adam, l'homme ne peut pas fe préparer à la foi, ni rien faire d'agreable à Dieu fans le fecours de la grace. Dans le onzième la justification est attribuée à la feule foi, quoiqu'on reconnoiffe dans l'article douzième que les bonnes cuvres font agreables à Dieu, & qu'elles font des fuites & des effets néceffaires de la foi. Mais l'article treiziéme déclare pechez toutes œuvres qui précedent la juftification; & le quatorziéme rejette la doctrine des œuvres de furérogation. L'article dixfeptiéme explique la prédestination en termes trèsmoderez; & on y remarque que cette doctrine est aufli dangereuse à ceux qui font curieux, charnels & deftituez de l'efprit de Dieu, qu'elle eft utile & pleine de confolation pour ceux qui font animez d'une véritable pieté. Dans le dix-neuviéme l'église eft définie une affemblée visible d'hommes qui enfeignent la pure parole de Jesus-Chrift, qui eft reconnue pour témoin & confervatrice des livres facrez. Dans le vingt-uniéme l'infallibilité des conciles généraux est rejettée : & dans le vingt-deuxième le purgatoire, l'invocation des faints, le culte des images & des reliques.

Le vingt-troisième établit la néceffité de la voca tion des miniftres par ceux qui ont le pouvoir de les appeller. Le vingt-quatrième veut qu'on faffe les prieres en langue vulgaire. Le vingt-cinquiéme définit les facremens; des fignes efficaces de la grace & de la bienveillance de Dieu, par lesquels il opere invifiblement en nous, excite & confirme notre foi. Le vingt-fixiéme déclare qu'il n'y a que deux facre

mens instituez par Jesus-Chrift, la cene & le batême. Le vingt-septiéme dit qu'il faut retenir le ba- A N. 1563. tême des enfans, comme étant conforme à l'institution de Jesus-Chrift. Le vingt-huitième enfeigne que la cene n'eft pas fimplement un figne de la mutuelle bienveillance des chrétiens les uns envers les autres, mais le facrement de notre redemption par la mort de Jefus - Chrift; & qu'ainfi ceux qui le reçoivent dignement & avec foi, participent au corps & au fang de Jesus-Chrift: Cependant le vingt-neuviéme rejette la transubstantiation, & déclare que le corps de Jesus Christ n'est donné, reçu & mangé dans la cene que d'une maniere fpirituelle par la foi: que fuivant l'inftitution de Jesus- Crist, on ne doit point garder, élever, ni adorer ce facrement; & que les impies & les méchans ne reçoivent point le corps de Jefus-Christ, quoiqu'ils mangent le sacrement de fon corps. Le trentiéme ordonne de donner l'euchariftic fous les deux efpeces, & le trente uniéme déclare que le feul facrifice eft celui de la croix.

Dans le trente-deuxième il eft permis aux éveques, aux prêtres & aux diacres de fe marier. Dans le trente-quatriéme on condamne ceux qui violeront les cérémonies ecclesiastiques, qui ne font pas contraires à la parole de Dieu, & qui font inftituées & approuvées par l'autorité publique : on accorde néanmoins aux églises particulieres ou nationales la liberté de les changer, & même de les abolir. Dans le trente-cinquiéme on approuve le fecond tome des homelies, aufli-bien que le premier fait fous le regne d'Edouard. Dans le trente-fixiéme on con

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