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libertinage de plusieurs avoient entretenuës. Il finit AN. 1564. en proteftant devant Dieu, qu'il les avoit avertis plufieurs fois en public & en particulier par l'ordre du pape ; & qu'au jour que les hommes feront préfentez au redoutable tribunal de Jefus - Chrift avec tous leurs vices & leurs fauffes vertus, il feroit des reproches aux obstinez, & ́ rendroit témoignage

contre eux.

LXXXII. parut touché de ce

Combien le fenat

difcours.

44.

Gratiani vita

Raynald. in an

A ces mots le nonce préfenta le livre au roi. Il avoit parlé avec tant de gravité, de zele & d'efficace, que non feulement il toucha le fenat, & particulierement les anciens fenateurs qui fe fouvenoient de commend. lib. 2. l'état paifible du roïaume & de la naiffance des trou- cap. 11. bles; mais encore il étonna les hérétiques. Gratiani, nal. hoc anno 11. qui nous a donné la vie de Commendon, dit qu'il affifta à cette action, tenant le livre qu'on devoit préfenter; & qu'il peut affurer qu'il vit plufieurs perfonnes de l'affemblée qui fondoient en larmes. Après que le nonce cut achevé fon discours, & préfenté le livre, il voulut fortir du fenat pour laiffer déliberer : mais le roi l'arrêta, & lui dit en souriant. Vous fçavez fi peu notre langue, que nous opine- «< rons devant vous auffi librement que fi vous étiez forti ; » & auffi-tôt on alla aux opinions. L'archevêque de Gnefne qui parla le premier, loüa en termes magnifiques le zele du pape, & la fageffe des peres du concile, fuivant fon efprit ordinaire ; & après tous ces éloges, il fut d'avis qu'on reçût le livre avec honneur, mais qu'on ne rendît aucune réponse pofitive, qu'après que le roi l'auroit lu & examiné à loifir dans fon confeil. Il s'éleva un grand murmure du côté des évêques & des catholiques contre cet Tome XXXIV.

C c

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LXXXIII.

Le roi & le fenat

vent le concile de

Trente.

Gratiani ut fup.

Pallav. ut fuprà

avis, qui sembloit foumettre les decrets du concile AN. 1564. au jugement du roi & du fenat. Alors le roi, fans attendre les avis des autres, qu'il avoit affez compris par ce murmure, prit la parole & dit: que le nonce de Pologne reçoi- avoit parlé avec tant d'ordre, tant de jugement & tant de force, qu'il se sentoit perfuadé de les raisons; d'autant plus qu'il n'avoit pas prévu qu'on lui dût donner une fi prompte audience, & qu'on pouvoit lib. 24.6.13.1.3. croire que ce difcours lui avoit été inspiré de Dieu. Que pour lui il fe croïoit obligé de recevoir les decrets du concile, & d'obéir, comme il étoit juste, à toutes les ordonnances. Le vicechancelier, felon la coutume, rendit réponse à Commendon conformément à l'avis du roi ; & ce prince écrivit au pape pour lui marquer avec quelle foumission il recevoit le concile. Sa lettre eft dattée du dix-huitiéme d'Août.

LXXXIV. Le pape apprend aux cardinaux cet

t: réception en Pologne.

Raynaldus in an

45.

Le pape annonça cette heureuse nouvelle au college des cardinaux dans un confiftoire tenu le fixiéme d'Octobre, où il dit que le roi de Pologne dans l'assemblée de ses états, en présence même des senal, hoc anno r. nateurs hérétiques, avoit reçu le livre des décisions du concile de Trente préfenté par fon nonce, & qu'il lui promettoit d'emploïer fes foins pour en faire obferver les decrets dans fon roïaume. Il ajouta que ce prince avoit publié plusieurs édits contre les hérétiques, & fur-tout les étrangers, qui répandoient leurs nouvelles erreurs, & qu'il les avoit obligez de fortir de fes états. Les lettres de ce roi furent luës par le cardinal de Gonzague, comme le dernier prêtre, parce qu'il n'y avoit aucun cardinal diacre; & fa fainteté loua fort ce prince, qui aïant un roïau

me rempli d'hérétiques, avoit néanmoins preferé l'acceptation & la publication du concile à tous les ménagemens que la politique pouvoit lui infpirer de garder avec eux; exemple, dit-il, que tous les autres princes devroient fuivre : & il ordonna aux cardinaux protecteurs de leur en écrire, & de leur propofer la conduite du roi de Pologne. L'édit de ce prince pour chaffer les hérétiques étrangers est du feptiéme du mois d'Août.

Pie IV. ne s'appliqua plus enfuite qu'à régler la difcipline de l'églife, conformément aux decrets du concile. Par une premiere bulle, il obligea à la réfidence les évêques, & les autres beneficiers aïant charge d'ames, ordonnant que les biens de ceux qui ne réfideroient pas, feroient confifquez au profit de la chambre apoftolique. Il y en eut une feconde beaucoup plus rigoureufe fur la même obligation de la réfidence; & par une troifiéme il déclara, que les graces qu'on accordoit à quelques beneficiers de recevoir les fruits fans réfider, en faveur de leurs études, ne feroient d'aucune valeur fans le confentement des ordinaires. Par une autre, il condamnoit à des peines très-rigoureufes tous ceux qui poffedoient des benefices en confidence ; & il publia la forme du ferment que tous les beneficiers féculiers & réguliers, tant les clercs que les laïcs qui étoient engagez dans quelque ordre militaire, devoient faire avant que d'entrer en poffeffion d'aucun benefice. Cette profeffion de foi fe trouve à la fin des actes du concile; & la bulle qui fut donnée à cette occafion eft dattée des ides de Novembre, c'est-à-dire du treiziéme de ce mois 1564. Elle étoit conçue en ces Ccij

termes.

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LXXXVI.

Ja profeffion de

foi.

944. & feq.

Pie évêque, ferviteur des ferviteurs de Dieu, pour AN. 1564. mémoire à la pofterité. Le devoir de la fervitude Bulle du pape apoftolique qui nous a été imposé, exige qu'à l'honpour le ferment de neur & à la gloire du Dieu tout-puiffant, nous nous appliquions inceffamment & avec foin à l'exécution Labbe in collect. des chofes, qu'il a daigné divinement inspirer aux cone. tom. 1. P. faints peres affemblés en fon nom pour la bonne conduite de fon églife. Tous ceux donc qui feront à l'avenir élevez aux églifes cathedrales & fuperieures, ou qui feront promus aux dignitez defdites églises, canonicats, ou quelques autres benefices ecclefiaftiques que ce foit, aïant charge d'ames, étant obligez, fuivant la difpofition du concile de Trente, de faire une profeffion publique de la foi orthodoxe, & de jurer & promettre qu'ils demeureront dans l'obéissance de l'église Romaine : Nous voulons aussi que la même chose foit obfervée par tous ceux qui, fous quelque nom ou titre que ce puiffe être, feront préposez aux monafteres, couvens, maisons, & tous autres lieux de quelques ordres réguliers que ce foit, & même de chevaleries ; & que rien ne puiffe être defiré par perfonne, de ce qui peut dépendre de notre foin, pour faire enforte qu'une même profeffion de foi foit faite par tous de la même maniere: & que la même formule unique & certaine vienne à la connoiffance d'un chacun. Ordonnons en vertu des préfentes, & enjoignons très-étroitement par autorité apoftolique, que la formule même ci-après inferée dans ces préfentes, foit publiée, & par toute la terre reçuë, & observée par ceux qui y font obligez, felon les decrets du faint concile, & par les autres ci-deffus mentionnez; & que fous les peines por

tées par ledit concile contre les contrevenans, ladite profeffion de foi foit par eux faite folemnelle- AN. 1564. ment, conformément à ladite formule, felon la teneur fuivante, & non autrement.

Je N. crois d'une ferme foi, & confeffe tous & chacuns les articles qui font contenus dans le fimbole de la foi, dont fe fert la fainte église Romaine, comme il s'enfuit.

Je crois en un feul Dieu le Pere tout-puiffant, créateur du ciel & de la terre, de toutes les chofes vifibles & invifibles; & en un feul Seigneur JefusChrift, fils unique de Dieu, & né du Pere avant tous les fiecles, Dieu de Dieu, lumiere de lumiere, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré & non fait, confubftantiel au Pere, par lequel toutes choses ont été faites, qui pour l'amour de nous hommes & pour notre falut eft defcendu des cieux, & a pris chair de la Vierge Marie par la vertu du Saint Esprit, & s'eft fait homme; qui a été auffi crucifié pour nous fous Ponce Pilate, a fouffert & a été enseveli, qui eft reffufcité le troifiéme jour felon les écritures, & eft monté au ciel, eft affis à la droite du Pere, & viendra une feconde fois avec gloire juger les vivans & les morts, duquel le regne n'aura point de fin ; & au Saint-Esprit, Seigneur & vivifiant, qui procede du Pere & du Fils, qui avec le Pere & le Fils eft conjointement adoré & glorifié, qui a parlé par les prophetes: & l'Eglife une, fainte, catholique & apoftolique. Je reconnois un feul baptême pour la rémif fion des pechez, & j'attens la réfurrection des morts, & la vie du fiecle à venir. Ainfi foit - il.

J'admets & j'embraffe fermement les traditions.

LXXXVII quels doit être fellion de foi.

Termes dans lef

conçue cette pro

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