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ainfi, écrivit aigrement contre lui; Baudoüin fe défendit, & Caffander alors fe déclara le véritable auteur de cet ouvrage, pour la défenfe duquel il écrivit avec autant. de modération, que Calvin avoit fait paroître d'aigreur & d'emportement. Jean Heffels, Robert Cenalis & Bredembachius écrivirent auffi contre ce traité de Caffander, qui a néanmoins acquis avec raifon à fon auteur, le titre d'homme moderé, & qui l'a fait regarder comme l'homme le plus propre à pacifier les differends fur la religion. Après avoir long temps enfeigné à Bruges, le prince Guillaume de Cleves le pria de venir le trouver pour examiner la caufe des Anabaptiftes, & il demeura quelque-temps à Duisbourg. Il y étoit encore en 1564. lorfque l'empereur Ferdinand lui écrivit le vingt-quatre de Juin, de fe rendre à Vienne pour travailler à la réunion des Proteftans ; mais fa fanté: ne lui aïant pas permis de faire ce voïage, l'empereur lui récrivit pour lui demander un abregé de la doctrine chrétienne, dans lequel outre les anciens articles de la foi catholique, qui ont toujours été reconnus, il expliqua avec plus d'étendue ceux qui. étoient controverfez. Caffander y travailla suivant le deffein de l'empereur, & compofa ce célebre ouvrage intitulé: Confultation fur les points de Religion : controverfez, qu'il envoïa à Maximilien II. parce que Ferdinand étoit mort, lorsqu'il fut achevé. Ce fut le dernier ouvrage de Caffander, qui mourut le trois de Février de cette année, âgé de cinquantedeux ans cinq mois & dix jours.

;

Il avoit joint à la connoiffance des chofes faintes une grande candeur d'ame, & une profonde humi

AN. 1566.

lité. Le zéle qu'il avoit pour la réunion & pour la AN. 1566. paix de l'églife, lui a peut-être fait un peu trop accorder aux Proteftans; mais il est toujours demeuré uni à l'églife catholique, & il a déclaré qu'il fe foumettoit à fon jugement, & qu'il condamnoit hautement les auteurs du fchifme, & leurs principales erreurs. Il étoit doux, patient dans les maux, & d'un défintereffement parfait. Dans toutes les difputes qu'il eut, il ne témoigna jamais ni aigreur, ni animofité; il ne rendoit point injure pour injure, & l'on n'a point remarqué dans fes mœurs, ni dans fes écrits aucun veftige de préfomption, ni d'arrogance: il fuïoit la gloire, les honneurs & les biens, & a vécu caché & retiré, n'aïant d'autre pensée, ni d'autre defir que de procurer la paix de l'église ; d'autre occupation que l'érude, d'autre emploi que de compofer des ouvrages qui puffent être utiles au public, ni d'autre paffion que celle de connoître, d'enseigner la vérité. On voit qu'il se plaint dans fes lettres de ce que les Catholiques & les Proteftans se déclaroient également contre lui; parce qu'il ne portoit pas les chofes à l'extremité; il s'y justific sur divers reproches, & il parle fouvent de la goute, qui l'incommodoit fort.

XII.

Ouvrages de cet

auteur.

&

Ses œuvres qui avoient été imprimées féparement en divers temps, à mesure qu'il les composoit, furent affemblées dans un volume in-folio à Paris en 1616. auquel on ajouta fes lettres, & deux conferences avec les Anabaptiftes, qui n'avoient pas encore paru. Son premier ouvrage, intitulé des liturgies, traite du rite & de l'ordre de la célebration.de la céne de Nôtre Seigneur, que les Grecs appellent

liturgie

liturgie, & les Latins, meffe. Le fecond eft un recueil d'hymnes & de collectes avec des obfervations, à la A N. 1566. tête duquel il a mis le traité de Bede, des mefures & des pieds des hymnes : il y parle de l'office divin, & de la distribution des heures canoniales. Il y fait une longue differtation touchant la communion fous les deux efpeces ; & c'eft là où il examine s'il eft refté du fang de Jefus-Chrift fur la terre. A l'occasion d'une hymne de fainte Catherine, il fait voir que l'hiftoire de cette fainte eft entierement apocryphe. 3. Les œuvres de Vigilius évêque de Thapfe, publiés néanmoins fous le nom de Vigilius évêque de Trente, avec un traité d'Honoré évêque d'Autun, de la prédestination & de la grace, mais fort défiguré. 4. Un commentaire fur les deux natures en Jefus-Chrift. 5. Un traité du baptême des enfans, qui fut fuivi d'un autre de l'état des enfans qui meu rent sans avoir reçu le baptême, dans lequel il répond aux objections des Anabaptiftes. 6. Son ouvra ge, qui a fait le plus de bruit, du devoir de l'homme pieux &c. dont on a déja parlé; avec un dialogue pour la défense de cet ouvrage. 7. Sa célébre confultation fur les points de religion controverfez. 8. Un traité fur l'établiffement de la communion fous les deux especes. 9. Un catalogue des hommes illuftres de l'ancien teftament, 10. Deux conferences avec les Anabaptistes. 11. Enfin les lettres adreffées aux plus habiles gens de fon temps, dans lefquelles il y en a beaucoup qui concernent des matieres ecclésiastiques. Ses autres œuvres font des éloges d'illuftres Italiens & Romains; un panegiride la ville de Bruges ; des tables qui contiennent Tome XXXIV.

que

Ddd

les regles, & les préceptes de la rhétorique & de la AN. 1566. dialectique ; une réduction de la monnoïc des Grecs & des Romains à celle de Flandres, & un traité de l'art de prêcher. On convient qu'il eft le premier qui a écrit de la liturgie un peu folidement.

XIII.

Heffelius.

toribus facul. XVI.

bibl. Be'g.

Dupin loco fup.

Suiv.

III. Jean Heffelius ou Heffels, né en 1522. à Mort de Jean Louvain, où il fut profeffeur roïal de théologie, en Lemire de ferip- la place de Rithovius devenu évêque d'Ypres. En Valere André in 1563. il fut député au concile de Trente, où il alla avec Michel Baïus, & Corneille Jansenius, qui fut to. 16. pag. 61. & depuis évêque de Gand; & après la fin de ce concile il revint à Louvain, où il continua fes exercices, & y mourut d'apoplexie le fept de Novembre 1566. n'aïant pas plus de quarante-quatre ans. L'ouvrage qui lui a acquis plus de réputation eft fon catechilme, qui eft proprement un corps de theologie dogmatique, & morale, tiré des peres & principalement de faint Auguftin, qui fut imprimé à Louvain en 1571. Ses autres ouvrages font les preuves de la préfence réelle du corps & du fang de Jesus-Chrift dans l'euchariftie: Un traité de l'invocation des faints : Une réfutation de la loi nouvelle : Un traité de la fermeté perpetuelle de la chaire de saint Pierre: Un autre traité du facrifice de l'euchariftie: Un autre du devoir de l'homme picux fur les differends de la religion,contre Caffander: Un autre contre le même touchant la communion fous les deux efpeces : Une défense de la célébration de l'office en une langue que l'on n'entend point, imprimée en 1567. La cenfure de quelques hiftoires des Saints, que Molanus a fait imprimer avec fon martyrologe à Louvain en 1568. Un commentaire fur la Paffion de

Nôtre Seigneur, imprimé à Louvain la même année ; & une lettre fur la conception de la fainte Vier- AN. 1566. ge. Enfin, des commentaires fur l'évangile de faint Matthieu, fur la premiere à Timothée, sur la premiere épitre de faint Pierre, & fur les épitres canoniques de faint Jean. Tels font les ouvrages imprimez de cet auteur, qui a été un des plus grands ornemens de l'univerfité de Louvain, non pas tant pour fon éloquence, par la fcience des langues, & par la profondeur de fon érudition, que par fon jugement folide & fon fage discernement; par l'amour qu'il avoit pour l'églife & pour la vérité, par son affiduité au travail, & par le fruit qu'on peut tirer de Les ouvrages.

XIV. Mort de Barthe

Echard de fcript. ord. Pradicat. Nicol. Antonie

IV. Barthelemi de Las-Casas, né à Seville en ́1474. s'est rendu célebre par fes miffions dans les lemi de Las-Calas. Indes, où il passa la premiere fois avec son pere Antonio de Las-Casas, n'aïant que dix-neuf ans en 1493. Revenu en Espagne en 1498. il y continua bibl. Hisp. fes études & s'engagea dans l'état ecclefiaftique, pour repaffer dans l'Amerique ; & y aïant été ordonné prêtre en 1510. il fe vit contraint d'accepter la cure de Zaguamara dans l'ifle de Cuba; mais il ne la garda pas long-temps, il aima mieux travailler à la liberté & au foulagement des Indiens, que les Espagnols traitoient avec une extréme dureté. Ce qui l'affligeoit le plus étoit que les Chrétiens fe fervoient du prétexte de la religion, pour affouvir leur infatiable avarice, & que s'érigeant en tirans, ils vouloient infpirer aux Indiens de l'amour pour notre religion,par les endroits même qui les en éloignoient davantage. Pour procurer cette liberté, il fit un

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