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LIVRE SIXIÈME

LES

LIVRES DE LA NOUVELLE ALLIANCE

(NOUVEAU TESTAMENT)

Si la lumière qui est en vous, est ténèbres, combien les ténèbres seront-elles grandes!

Matthieu 6, 23.

L'Esprit de vérité vous conduira dans toute

la vérité.

Jean 16, 13.

Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, sont fils de Dieu.

Romains 8, 14.

LIVRE SIXIÈME

LES

LIVRES DE LA NOUVELLE ALLIANCE

(NOUVEAU TESTAMENT)

PRÉLIMINAIRES

I

Légitimité de l'Examen critique du Nouveau Testament.
Servitude ou Liberté spirituelle.

Nous ne répéterons pas ici les arguments exposés Livre V, p. 77-79, sur l'utilité d'une saine et impartiale critique appliquée à nos Livres sacrés. Le lecteur qui admettra volontiers la justesse de ces arguments pour les livres des religions étrangères, hésitera peut-être lorsqu'il s'agit de ceux de sa propre religion. L'esprit humain est ainsi fait. Ce que l'on croit dès l'enfance doit être vrai, et il n'est pas permis de l'examiner. On ne réfléchit pas que les croyances que l'on professe ont été inculquées à un âge où la confiance est telle que l'on ne soupçonne pas même la possibilité de l'erreur. Les vérifier plus tard n'est donc pas une impiété, mais un devoir. «Celui, dit l'Imitation (II, 1, 7), qui juge des choses selon ce qu'elles sont, et non d'après ce qu'on en pense ou ce qu'on en dit, est véritablement sage et bien mieux instruit par Dieu que par les hommes. Si la vérification constate la justesse de nos croyances,

quelle immense satisfaction n'en résulte-t-il pas pour nous? Si elle les infirmait pour les remplacer par d'autres plus justes, ne serionsnous pas plus heureux par la possession consciente de la vérité que par l'adhésion aveugle à des erreurs? Nous laissons ici parler M. Max Muller, que personne n'accusera d'être un esprit subversif ou impie :

« Il y a peu d'années, un éminent écrivain ayant fait remarquer que le temps était venu d'étudier l'histoire du Christianisme d'après les principes d'une saine et rigoureuse critique, comme on étudie l'histoire des autres religions, telles que le Brahmanisme, le Bouddhisme ou le Mahométisme, cette observation provoqua un véritable scandale. Pourtant, que peut-il y avoir de plus juste et de plus strictement conforme à la vérité? Il faut être un homme de peu de foi pour craindre d'accepter, dans l'étude de sa propre religion, les règles de critique que suit l'historien quand il veut étudier les autres systèmes religieux. Certes nous n'avons pas de motifs pour désirer qu'on veuille bien user de ménagements ou d'indulgence en discutant cette foi que nous tenons pour la seule vraie. Nous devons plutôt demander qu'on la soumette au plus sévère examen, comme fait le marin pour le bon navire auquel il confie sa vie et la vie de ceux qui lui sont le plus chers 1.»

EXAMINEZ TOUT, RETENEZ CE QUI EST BIEN, dit le Nouveau Testament lui-même (I Thess. 5, 21). Voilà le vrai principe de la critique dont le but est, non de détruire, mais d'édifier. Comment les membres de l'Église ont-ils été préparés à pratiquer ce principe?

Le 15 juin 1415, il s'est passé un fait bien oublié depuis. Ce jour-là le Concile de Constance décrétait : « Quoique Jésus-Christ ait institué et administré à ses apôtres la communion sous les deux espèces du pain et du vin, et quoique dans la primitive Église ce sacrement ait été reçu par les fidèles sous les deux espèces, néanmoins la coutume raisonnablement introduite par l'Église (depuis le XII° siècle) de ne réserver les deux espèces que pour les prêtres officiants, et de ne donner aux laïques que le pain seul, doit être regardée comme une Loi qu'il n'est pas permis de rejeter ou de changer sans l'autorité de l'Église » (voy. Livre Ier, p. 378).

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