Page images
PDF
EPUB

Dieu! Tous doivent concourir à servir Dieu et à nous rendre utile à notre prochain, pour l'amour de Dieu. Si nous n'employons pas, conformément à la volonté de Dieu, tout ce que Dieu nous a prêté, et si nous venons à mourir dans cet état, sans avoir fait pénitence, la première sentence nous sera appliquée à la lettre : On donnera à ceux qui ont, mais pour celui qui n'a pas, c'est-à-dire pour celui qui n'a pas acquis de biens pour l'éternité, avec les moyens que Dieu lui avait donnés, et avec la grâce de Dieu qui lui avait été offerte, « on lui ôtera même ce qu'il semble avoir; » c'est-à-dire, les moyens même, dont il n'a fait aucun usage pendant la vie, ou dont il a abusé, et qu'il a pour ainsi dire enfouis en terre en les employant à des fins terrestres ?

Notre Sauveur nous apprend, par les paroles qui suivent immédiatement, de quelle manière nous devons nous enrichir pour l'éternité.

« Et, quand le fils de l'homme viendra dans sa majesté, et tous les anges avec lui, il s'assiéra sur le trône de sa gloire; et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite: Venez, les bénis de mon père; possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; j'étais nu, et vous m'avez revêtu; j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venu à moi. Alors les justes lui diront: Seigneur, quand estce que nous vous avons vu avoir faim, et que nous vous avons donné à manger; ou avoir soif, et que nous vous avons donné à boire? Quand est-ce que nous vous avons vu étranger, et que nous vous avons recueilli; ou sans vêtements, et que nous vous avons revêtu? Et quand est-ce que nous vous avons vu malade, ou en prison, et que nous vous avons visité? Et le roi, répondant, leur dira: Je vous dis en vérité qu'autant de fois que vous l'avez fait pour l'un des moindres de mes frères que vous voyez, vous l'avez fait pour moi ! »

« Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas revêtu; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez point visité. Alors ceux-ci lui diront: Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim ou soif, ou étranger, ou sans habits, ou malade, ou en prison, et que nous avons manqué de vous secourir? Et il leur répondra : Je vous le dis en vérité, autant de fois que vous ne l'avez pas fait pour un de ces petits, vous ne l'avez pas fait pour moi-même. Et ceux-ci iront au supplice éternel. et les justes à la vie éternelle, » (S. Matth., xxv, 31-46. )

Voyez quelles œuvres le Fils de Dieu exige de nous, et comme il en fait une condition de salut éternel; il veut des œuvres de charité accomplies à cause de lui et pour lui, dans la personne des pauvres! Comment pouvons-nous nous contenter si facilement du peu que nous faisons pour eux, et nous tranquilliser sur le motif qui nous y détermine! Nous sommes sourds à la voix du malheureux, et nous avons l'oreille ouverte à celle de l'avarice, de la prodigalité, de la commodité de la vie, du respect humain et de l'ambition! Combien nous sommes enclins à nous laisser tromper et à nous tromper vous-mêmes, et à détourner nos regards des besoins du prochain et de nos devoirs!

Malheur à nous, si la gloire du juge du monde, quand elle apparaîtra, fait élever pour la première fois nos regards! Si l'illusion, qui nous était si chère, se dissipe seulement devant celui dont « les yeux paraissent comme une flamme de feu ! » (Apoc., 1, 14.)

Encore une fois, malheur à nous tous, si la grâce ne précède pas la justice! Mais nul ne doit se bercer de l'espoir d'avoir cette grâce, s'il n'aime Dieu!» Si un homme ( ainsi parle le disciple de l'amour) qui a les biens de ce monde voit son frère dans la nécessité, et lui ferme ses entrailles, comment aurait-il en lui l'amour de Dieu? Mes enfants, n'aimons pas de parole ni de langue, mais par les œuvres et en vérité!» (I ép. S. Jean, 1, 17-18. )

« Or, durant le jour il était dans le temple à enseigner; et la nuit il sortait, et se retirait sur la montagne appelée des Oliviers. Et tout le peuple allait vers lui de grand matin dans le temple pour l'écouter.» (S. Lục, xx1, 37-38.)

Ces dernières paroles s'appliquent sans doute aux jours précédents; car il parait que notre Sauveur n'est plus rentré dans le temple après qu'il y eut fait ce discours véhément, qu'il termina par ces paroles : « Je vous dis en vérité : vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Il prononça ce discours le mardi.

Je me crois obligé de faire observer, en terminant, que les · paroles de notre Sauveur : « Quand le Fils de l'homme viendra» ( S. Matth., xxv, 31. ), où il est uniquement question du dernier jugement, donnent, ce me semble, un nouveau poids à cette opinion, d'ailleurs probable, que la dernière partie de la première prophétie que nous trouvons dans S. Matth. XXIV; S. Marc, xin, et S. Luc, XXI, s'applique également au jugement dernier.

CHAPITRE XII.

Après que Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples: Vous savez qu'on fera la pâque dans deux jours, et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié. Dans le même temps les princes des prêtres et les scribes, et les anciens du peuple s'assemblèrent dans la salle du grand-prêtre, nommé Caïphe, et ils délibérèrent sur les moyens de s'emparer de Jésus par la ruse, et de le faire mourir. Mais ils disaient: Il ne faut pas que ce soit durant la fête, de peur que le tumulte n'éclate parmi le peuple.» (S. Matth., 26, 1-3. - S. Marc.', xiv, 1–2. -S. Luc, XXII, 1-2.)

« Or Satan entra en Judas, surnommé Iscariote, l'un des douze, et celui-ci alla et parla aux princes des prêtres et aux magistrats du temple, et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le li

« Magistrats du temple, » chefs des prêtres et des lévites, qui montaient la garde au temple,

vrerai? Et ils se réjouirent et lui promirent trente pièces d'argent 2. Et dès-lors il cherchait l'occasion de le livrer sans tumulte. » (S. Matth., XXVI, 14-16. - S. Marc, xiv, 10-11. — S. Luc, xx1; 3-6.)

Les évangélistes saint Matthieu et saint Marc placent immédiatement avant cette démarche de Judas, l'onction de Jésus-Christ à Béthanie, laquelle cependant eut lieu, suivant saint Jean, six jours avant Pâques. Ce mème évangéliste saint Jean nous donne la raison pourquoi les deux autres écrivains sacrés semblent rattacher l'onction de Jésus à la trahison de Judas. Celuici était indigné de la dépense des parfums précieux, parce qu'il eût mieux aimé qu'ils fussent vendus, et que le prix lui en fût confié pour les pauvres. Car «< il était un larrcn. » (S. Jean, x11, 6-7, et vin.) Quelque grande que fût la douceur de notre Sauveur dans cette circonstance, Judas s'en offensa néanmoins, parce qu'il voyait avec peine que le butin lui eût échappé. Celui qui a abandonné Dieu, et qui a par conséquent ouvert son cœur au péché, peut être poussé, par la moindre circonstance, aux crimes les plus affreux et donner beau jeu à l'esprit malin qui « tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchant quelqu'un qu'il puisse dévorer. » (S. Pierre, v, 8.)

L'inquiétude de ces indignes chefs d'Israël qui craignaient que l'arrestation de Jésus, durant la fête à laquelle assistait à Jérusalem un si grand nombre de Galiléens, n'eût quelque danger pour eux, ou ne présentât du moins de graves inconvénients, était fort naturelle. Jésus-Christ étant une fois arrêté, il n'y avait plus aucune manifestation, tant soit peu sérieuse, à redouter du côté du peuple, parce que le peuple est toujours peuple. De là leur chan

I «<

Pièces d'argent.» Ces pièces d'argent valaient à peu près un demiécu. (1 fr. 85c.) Peut-être les princes des prêtres attachaient-ils un mépris particulier à cette somme, qui, du temps de Moïse, semble avoir été le prix ordinaire d'un esclave ou d'une servante, puisqu'elle était fixéé comme indemnité pour celui dont le domestique ou la servante avaient été tués par le taureau d'un autre. (Exode, xx1, 32.)

gement de résolution, de là leur joie, quand Judas leur promit d'arranger les choses de manière à ce qu'ils parvinssent à leurs fins sans bruit.

Ils ne savaient pas que cette circonstance même, c'est-à-dire la présence de tous les hommes d'Israël à Jérusalem, tendait à une plus grande gloire du Messie, et à une propagation plus rapide de sa foi.

CHAPITRE XIII.

« Or, le premier jour des azymes vint, jour dans lequel il fallait immoler l'agneau pascal. Et Jésus envoya Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pàque, afin que nous mangions. Ils lui dirent: Où voulez-vous que nous la préparions? Et il leur dit: Quand vous entrerez dans la ville, un homme se présentera à vous portant une cruche d'eau; suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de la maison: Le maître vous envoie dire : Mon temps est proche; je fais la Pâque chez vous; où est le lieu où je pourrai manger avec mes disciples? Et il vous montrera une grande chambre ornée, et là apprêtez la Pâque pour nous. Et ses disciples allèrent, et ils vinrent à la ville, et ils trouvèrent ce qu'il leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque . Or, le soir venu, sus entra dans la maison, et se mit à table, et les douze apôtres avec lui. >>

L'évangéliste saint Luc ne les appelle point ici comme à l'ordinaire, les disciples ou ses disciples; mais il les désigne sous une expression en quelque sorte solennelle, qui ne manque pas son but pour les lecteurs, et dont nous avons un grand nombre

1 « Une grande chambre ornée de tapis; » c'est à-dire une salle à manger ornée de tapis pour se coucher dessus. Ces salles se trouvaient ordinairement, chez les anciens, dans l'étage supérieur de la maison. De là vient que le mot latin Cœnaculum, la salle à manger, signifie aussi quelquefois l'étage supérieur. Ils préparèrent la Pâque. » Cela veut dire qu'ils eurent soin de se procurer l'Agneau pascal, du pain azyme et les légumes prescrits pour la Pâque.

[ocr errors]
« PreviousContinue »