HISTORIQUE, CONTENANT EN ABRÉGÉ ET LA DOCTRINE CHRÉTIENNE, Par Claude FLEURY, Prieur d'Argen- Précédée d'un Avertiffement, où l'on rend compte à l'ufage des Colleges A BRUXE DE L'IMPRIMERIE ACADÉMIQUE * M. DCC. LXXVIII. SUR CETTE ÉDITION. LE Catéchisme Hiftorique de Mr. l'Abbé Fleury a été conftamment regardé comme un excellent abrégé de l'Hiftoire facrée & de la doctrine chrétienne. On a admiré la noble fimplicité qui y regne, & l'expérience a fait fentir l'utilité de la méthode que l'auteur y a fuivie. Il ne pouvoit affurément imaginer rien de plus propre pour infinuer & graver dans les efprits les grandes vérités que fon livre renferme & il auroit atteint le but, que tout Catéchifte doit fe propofer, s'il n'eut gliffe dans ce petit ouvrage certains traits qui ont un rapport fenfible avec des erreurs fouvent condamnées par l'Eglife. II. On y a vu une affectation marquée de mettre les livres facrés indifféremment entre les mains de tous les fideles, & de faire de cette lecture fi dangereufe pour ceux qui n'y font pas préparés, un devoir, dont la pratique reviendroit chacun des jours Spécialement confacrés au culte du Seigneur. L'auteur auroit-il donc ignorė quel eft fur ce point l'ufage de la plupart des Eglifes hors de France, & fur-tout a celui de l'Eglife Romaine, mere & maitreffe de toutes les autres? III. On n'a pas été moins choqué de voir M. Fleury s'empreffer à porter tous les laiques à la lecture des prieres les plus fecrettes qui fe récitent à l'autel. Quelques expreffions peu mefurées de cet auteur ont même paru propres à appuyer, ou du moins à laiffer fubfifter l'erreur de ceux qui ont eu la témérité d'avancer que les prieres des fimples fideles ont quelque influence fur l'action principale du miniftre actuellement occupé à célébrer le plus augufte de nos myfteres. IV. On a trouvé deux défauts dans la maniere dont il s'explique fur l'importante & délicate matiere de la grace. D'un côté il femble favorifer des erreurs que l'Eglife a profcrites dans les trois derniers fiecles: de l'autre, il garde le filence fur des vérités qu'elle a décidées contre les novateurs de nos jours, Ses principes vont à taxer de péché tout ce qui fe fait hors de l'état de grace. Selon lui, comme felon le P. Quefnel (a) la premiere grace que l'on reçoit de Dieu, eft celle de la foi: & il ne s'en accorde aucune hors de l'Eglife. Il ne reconnoît d'autres principes des actions humaines que la charité & la (a) Propofit. XXVII, fur2. Petr. I. & 3. Propof. XXIX. fur Luc. X. 35, 36. cupidité: & il ne prend pas la moindre précaution pour diftinguer ce qu'il enseigne fur ce point d'avec le fyfteme de deux amours, flétri tant de fois par l'autorité des premiers Pafteurs. De la maniere dont il s'exprime, on diroit qu'il attribue prefque toujours à la grace habituelle ou fanc tifiante, les effets qui n'appartiennent qu'à la grace actuelle. Vous ne lirez pas un mot dans fon Catéchisme fur le pouvoir de réfifter aux mouvemens de la grace. Il fe tait de méme fur les fecours que Dien ne manque jamais d'accorder aux jukes pour leur rendre fes commandemens poffibles. Il eft vrai que ce filence ne prouve pas que l'auteur ait eu des fentimens erronés fur ces matieres. Nous avons des Catéchismes diocésains très-orthodoxes & trèseftimés, où on les a également omifes; mais enfin fi M. Fleury avoit expliqué en peu de mots la foi catholique fur ces queftions, on ne peut nier qu'il n'eût rendu fervice aux fideles, & prévenu bien des foupçons. : On a trouvé mauvais que M. Fleury rendit fi générales les tranfgreffions de l'ancien Ifraël à la vérité, cet eftimable auteur a fait entendre en vingt endroits de Les ouvrages qu'il n'embraffe point le fentiment affreux de ceux qui foutiennent qu'il ne s'eft pas trouvé un jufte dans le peuple de Dieu; mais enfin ces propofitions |