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parfaite réformation dans les mœurs, & pour diffiAN. 1563. per en particulier la mauvaise opinion qu'on avoit conçuë de fa conduite & de fes intentions, en publiant qu'il avoit toujours été très éloigné de cette réforme, & qu'il avoit toujours empêché le concile de la faire entiere & parfaite.Il ajouta que fon deffein étoit même d'aller plus loin que le concile, dont il trouvoit les reglemens trop moderez, & de montrer qu'il ne craignoit rien tant qu'une lâche condefcendance,

XI. Melures du pare

exécuter.

lib. 24.8.9. n. 6.

Il déclara qu'il vouloit que les cardinaux Moron pour confirmer le & Simonette priffent foin de veiller à ce qu'on ne concile & le faire fift aucun reglement qui pût donner atteinte à ses Pallav. ut fuprà décrets, & dit qu'il vouloit changer les légats des provinces de l'état ecclefiaftique, & les vifiter luimême, & que pour contribuer davantage à l'observation des décrets du concile, il falloit que tous les évêques fe rendiffent inceffamment dans leurs diocéfes pour y réfider ; il ordonna que fi quelques cardinaux après avoir renoncé à leurs évêchez en retenoient les revenus, & l'adminiftration ; les évêques en titre qui rempliffoient leurs places, en joüiroient dans leur entier: il loüa fort comme un décret infpiré par le Saint-Esprit, l'établissement des feminaires, & dit qu'il vouloit lui-même donner le premier exemple en faisant un tel établissement. Pour faci liter le travail aux deux cardinaux Moron & Simonette chargez de l'execution des décrets du concile, il nomma trois autres cardinaux, fçavoir Cicala, Vitelli & Borromée, pour déliberer avec eux fur la maniere de confirmer le concile, & de le faire entierement executer, Il affura que son dessein étoit

de

de revétir le concile de l'autorité pontificale, afin que les actes & fes décrets fuffent inviolablement gardez, & que ni la faveur ni le crédit des grands n'y puffent donner aucune atteinte; il ajouta que fi l'on fe trouvoit obligé fur quelque point de s'éloigner de fes décisions, fon intention étoit que les cardinaux nommez ne décidaffent rien qu'après avoir reçu les ordres. Enfin il protefta que comme tous les défordres venoient de ce qu'on nommoit aux évêchez des perfonnes peu capables de les remplir, on n'y éleveroit aucun à l'avenir qu'auparavant on ne fe fût bien affuré de la pureté de fes mœurs & de fa doctrine. Cette réfolution étoit fage: heureux, fi l'execution s'en fut fuivie.

A N. 1563.

XII.
On confeille au

pape de confirmer

le concile de Tren

te.

Fra-Paolo ut fuprà

A l'égard du parti qu'il paroiffoit avoir intention de fuivre, qui étoit de confirmer les actes du concile, il confulta avant que de prendre une derniere refolution, les cardinaux de la Bourdaifiere Pallav, in hist. & d'Amula, & les principaux officiers de la cham- lib. 24. c. 7. 1. 4. bre apostolique, de la chancellerie & de la rote, qui liv. 8. pag. 791. tous lui confeillerent de le faire. Hugues Boncompagnon évêque de Refte, qui fut dans la fuite cardinal & enfin pape fous le nom de Gregoire XIII. fut du même avis, & en fit voir la juftice, & ce qu'il dit détermina plufieurs autres à fuivre le même parti. Il reprefenta entr'autres, que la confirmation ne donneroit pas au concile plus d'autorité qu'aux autres conciles, aux décrets & aux décretales, dont le grand nombre & les déclarations formelles contre la corruption des mœurs, étoient plus fortes que les décrets de Trente très-mefurez dans leurs expreffions. Que fi le pape commandoit aux juges de re

courir au faint fiege pour l'explication de leurs douAN. 1563. tes, fans fe mêler d'être les interpretes du concile,

XIII. Ravages des Ca'

perfonne ne pourroit fe prévaloir de fes décrets contre la cour de Rome; qui au contraire par fes déclarations pourroit les accommoder au befoin de l'églife. Que comme il y avoit à Rome une congrégation d'inquifiteurs, dont le fervice, étoit trèsutile, le pape pouvoit de même en établir un autre, où l'on s'adreffât de tous les endroits du monde pour être éclairci de fes doutes. Si cela fe fait, difoit-il, je foutiens que l'autorité du fiege apoftolique, ni les droits de l'églife Romaine ne feront point bleffez par ces décrets; mais qu'ils en feront même fortifiez, felon que ces moïens feront emploïez. Ces raisons furent goûtées, & le pape prit dès ce moment la réfolution d'en venir à une confirmation abfolue & fans réserve.

Pendant tous ces mouvemens, la France soufviniftes en France, froit de plus grandes & de plus funeftes agitations après la bataille de de la part des Calviniftes. L'amiral de Coligni deDe Thou bift, lib. venu le chef de ces rebelles depuis la prise du prin

Dreux.

34. n. 7.

ce de Condé, traverfa la Beauffe pour aller paffer le refte de l'hiver dans la Sologne, & dans le Berri. Les églises y furent pillées, l'argenterie fonduë, & emploïée au paiement des troupes. La petite ville de Sully fut surprise le quatorziéme de Janvier de cette année 1563. trente-fix prêtres y furent tuez, & beaucoup d'autres jettez dans la Loire.

Dans le même temps le duc de Guife, qui commandoit l'armée roïale, & qui avoit toute l'autorité depuis la détention du connétable de Monmorency, reprit les villes d'Etampes & de Pluviers, &

l'amiral aïant appris que ce duc s'approchoit d'Orleans avec l'armée du roi, s'y rendit promptement pour mettre cette ville en état de faire une longue & vigoureuse refiftance: mais n'aïant pas voulu s'y renfermer, il y établit Dandelot fon frere pour commander, & partit avec les réïtres vers la Normandie pour recevoir l'argent qu'on lui envoïoit d'Angleterre.

Le duc de Guife perfuadé qu'il extermineroit le parti Calviniste, s'il pouvoit devenir maître d'Orleans, fe rendit devant cette ville & en forma le fiege le fixiéme de Fevrier. Mais fa mort précipitée fit abandonner cette entreprife. Ce duc fut bleffé à mort d'un coup de piftolet, qui lui fut tiré par Jean Poltrot gentilhomme Angoumois, un des plus déterminez du parti Calviniste : c'étoit le dix-huitiéme de Fevrier. La bleffure fut trouvée mortelle, & il rendit l'ame en effet le vingt-quatrième du même mois. Poltrot après ce coup s'enfonça dans la forêt d'Orleans, mais il fut pris le lendemain, interrogé le vingt-un & condamné à mort quelques jours après. Il fut conduit à Paris pour y être executé : mais il mourut à la question. Comme il avoit déclaré que c'étoit l'amiral de Coligni qui l'avoit porté à tuer le duc, l'amiral fit pour se justifier une apologie qui ne perfuada prefque perfonne : mais on voulut bien l'épargner, & d'ailleurs les conjonctures du temps obligeoient, finon à le regarder comme innocent, au moins à ne pas tenter de le punir comme coupable. Theodore de Beze, dont les difcours féditieux n'avoient pas peu contribué à la révolte, ne se croïant pas alors en sûreté en France,

AN. 1563.

XIV.
Le duc de Guife

eft tué devant Or-
leans.

De Thou in hift. ut fuprà.

fe retira à Geneve, où il perfifta dans fa fureur conAN. 1563. tre la vraïe religion.

XV.

La reine follici

temberg de venir en France.

Dans le même temps la reine regente craignant que la guerre ne diminuât l'autorité dont la mort du duc de Guise l'avoit mise en poffeffion, envoïa plufieurs fois Henri Clutin d'Oyfel, & l'évêque de Limoges à la princeffe de Condé & à Dandelot pour traiter de la paix. Mais enfuite appréhendant que le grand crédit du prince de Condé ne fut un obstacle à l'envie qu'elle avoit de dominer, elle refolut de donner la conduite des affaires fous elle à Chriftophle de Wirtemberg prince Allemand, à qui elle députa à cet effet Rafcalon, créature du duc de Guife. Il étoit chargé d'inviter ce prince à venir en France, ou du moins fur la frontiere, & la reine promettoit de le venir joindre au plûtôt.

Le duc de Wirtemberg aïant reçu Rascalon le cite le duc de Wir- cinquiéme de Mars, & eu communication de ce qui étoit contenu dans fes lettres de créance, deDe Thou ut fup. manda quatre jours pour en déliberer, & il répondit enfuite qu'il remercioit fort le roi & la reine, & qu'il plaignoit la deftinée du roïaume de France, pour la confervation duquel il faifoit tous les jours des prieres en particulier, & en faisoit faire en public. Qu'au refte il ne fe fentoit affez fort pour foutenir la charge qu'on lui offroit, & qu'il ne pouvoit venir ni en France, ni fur la frontiere, comme on l'en prioit. Qu'il croïoit que ceux du parti du prince de Condé n'avoient pris les armes que contre les infracteurs des édits du roi; qu'ainfi la reine pour détourner la colere de Dieu, ferois mieux de s'appliquer à rétablir en France le culte

pas

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