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firme le livre de la confécration des archevêques, AN. 1563. des évêques, & de l'ordination des prêtres & des diacres, dressé sous le regne du même Edouard; & on déclare que ceux qui ont été confacrez suivant ce rite, & ordonnez depuis la mort de ce prince, l'ont été légitimement. Dans le trente feptiéme on accor de à la reine une fouveraine puiffance fur tous les états du roïaume ecclefiaftique & civil: cependant on déclare qu'il ne faut pas étendre cette autorité au pou voir d'annoncer la parole de Dieu, ou d'adminif trer les facremens, mais au droit de contenir tous les ordres ecclefiaftiques & civils dans leur devoir, & de punir les défobéissans & les rebelles. Le trentehuitiéme dit que le pape n'a aucune jurisdiction dans le roïaume d'Angleterre. Enfin le denier décide que l'on peut punir de mort les criminels; & que les chrétiens peuvent par ordre des magiftrats porter les armes & faire la guerre. La fin de cet article eft contre les Anabaptiftes, contre lesquels on déclare que tous les biens ne font pas communs & que le ferment eft permis.

La reine marqua encore fa haine contre l'église Romaine, en témoignant, peu après la tréve qu'elle fit en 1563. avec la France, qu'elle étoit fâchée que le roi d'Efpagne lui eut envoïé pour ambassadeur un évêque à la place du duc de Feria. Ce prélat étoit dom Alvare de Quadra évêque d'Aquila. La reine le reçut affez froidement; mais quand elle eut appris qu'il tâchoit d'affermir les catholiques d'Angleterre dans leur religion, & qu'il avoit des liaisons étroites avec la famille du cardinal Polus qu'elle haïffoit, elle demanda plufieurs fois au roi d'Espa

gne qu'il eut à rappeller fon ambaffadeur; & fur le refus qu'en fit Philippe II. elle chercha à faire le AN. 1563. procès au prélat fur de fauffes accufations, mais la mort délivra cet évêque de ces poursuites. On prétend qu'il fut empoisonné. Philippe parut diflimu ler quelque-temps ; il envoïa même un autre évêque en la même qualité d'ambassadeur en Angleterre : mais les actes d'hoftilité commencerent bien-tôt de part & d'autre, & furent l'origine d'une longue dif corde entre ces deux couronnes.

XXXVII.

Mort de Vol. fang Mufculus Lu

De Thon in hift. lib. 35. in fine.

Melchior Adam

Surius in comment.

Spond. ad hunte

annum n. 77.

Parmi les auteurs morts dans cette année, on en trouve peu qui aïent écrit fur des matieres ecclefiaftiques, fi l'on en excepte quelques hérétiques, en- thefien. tr'autres Volfang Mufculus, & Sebaftien Caftalion. Le premier étoit fils d'un tonnelier de Dieufe en Lorraine fur les frontieres de l'Alface, où il étoit invit, theol. Germ. né le huitiéme de Septembre de l'année 1497. S'étant fait religieux Benedictin dans un monaftere du Palatinat à l'âge de quinze ans, il y demeura jufqu'en 1527. qu'on l'élut prieur : Mais comme la lecture des ouvrages des Proteftans l'avoit fort dégoûté du cloître, il refusa cette charge, quitta l'habit religieux, & fe maria le vingt-feptiéme Decembre avec Marguerite Bart. Il se retira enfuite à Strasbourg, où réduit à la derniere pauvreté, il apprit le mêtier de tifferand, & obligea fa femme à entrer en service dans la maison d'un miniftre. Le tifferand chez lequel étoit entré Mufculus, fe trouvant Anabaptifte, Mufculus lui en fit des reproches fi vifs, que fon maître le chassa de fon logis. Mufculus fe vit alors obligé de fervir de manœuvre aux fortifications de Strasbourg. Un état fi humiliant pour un homme

qui avoit de l'érudition & de la capacité, toucha AN. 1563. Martin Bucer, qui lui procura la place de maître d'école dans le village de Dorlisheim, le retira chez lui enfuite & le nourrit, l'occupant à tranfcrire fes ouvrages. Ce fut à Strasbourg, que fe trouvant au fermon d'un religieux, qui prêchoit contre les nouvelles erreurs, il apoftropha le prédicateur, l'obligea de defcendre de chaire, y monta à fa place, combattit ce que le religieux avoit avancé, & se fit si bien écouter du peuple, que les Lutheriens de cette ville le demanderent pour leur miniftre en 1531. Etant dans cet emploi, où il demeura près de dixhuit ans, il apprit la langue grecque, mais fort imparfaitement: il ne fçavoit gueres mieux la langue latine. On dit qu'il poffedoit mieux l'hébraïque. En 1548. il paffa en Suiffe, où après s'être arrêté quelque-temps à Constance, à Bâle, à Saint-Gal & à Zurich, il fut pourvu d'une chaire de professeur en théologie à Berne, où il mourut le vingt-neuviéme d'Août de cette année 1563. âgé de foixante,

XXXVIII. Ouvrages publiez par cet auteur.

pag.381.

fix ans.

C'étoit un homme laborieux & fçavant. Les ouvrages qu'il a publiés font en grand nombre. Ses Ex Melch Adam traductions de grec en latin n'ont d'autre mérite que in vit. theol.Germ. la fimplicité & la fidelité : il exprimoit comme il pouvoit ce qu'il entendoit, comme ce qu'il n'entendoit point; mais il ne prêtoit rien aux auteurs qu'il traduifoit, ni n'en diminuoit rien. Il a traduit ainfi les commentaires de faint Chrifoftome fur les épitres de faint Paul aux Romains, aux Ephefiens, aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens; une partie des œuvres de faint Bafile, les fcholies du

même pere fur les pfeaumes, & plufieurs traitez de faint Athanafe & de faint Cyrille, l'hiftoire cccle- AN. 1563. fiaftique d'Eufebe, de Socrate, de Sozomene, de Theodoret & d'Evagrius. Les autres ouvrages qu'il compofa de fon chef, furent deux fermons de la messe papistique, prononcez pendant la diette de Ratilbone en 1541. Ils furent imprimez à Wittemberg, puis à Aufbourg, avec une addition fur les abus de la meffe. Cochlée écrivit contre cet ouvrage en 1544. & le réfuta folidement; ce qui procura l'Anticochlaus, que Musculus publia en latin & en Allemand à Aufbourg dans la même année. Il publia quatre dialogues cinq ans après fous le nom d'Euthychius Myon, & fous le titre de Profcerus, fur la question, fi un Proteftant peut communiquer exterieurement aux fuperftitions papales ? Son commentaire fur les pleaumes fut imprimé en 1550. Celui qu'il fit fur la Genefe fut publié l'an 1554. Un autre fur l'épitre de faint Paul aux Romains en 1555. fur les deux épitres aux Corinthiens en 1559. fur l'épitre aux Galates & fur celle aux Ephefiens en 1561. Son commentaire fur les épitres aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens, & fur les premiers chapitres de la premiere à Timothée, fut publié après fa mort par fes héritiers. Les lieux communs font un ouvrage auquel il travailla pendant dix ans, & qu'il mit au jour en 1560. On remarque qu'il varia dans fes fentimens; & qu'après avoir renoncé à la doctrine de Zuingle dans le concordat de Wittemberg, il l'embrassa tout de nouveau, après qu'il fe fut retiré d'Ausbourg.

Sebaftien Caftalion ou Caftilion étoit du païs des

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XXXIX. Mort de Sebaftien Caftalion,

de claris interpret.

Allobroges, c'est-à-dire ou du Dauphiné ou de la AN. 1563. Savoïc. Calvin l'aïantconnu pendant le féjour qu'il fit à Strasbourg dans les années 1540. & 1541. l'ef tima, le logea même chez lui, & lui procura une réDe Thou lib. 35. gence dans le college de Geneve, qu'il exerça penDaniel Huetius dant trois ans. Il fut contraint de l'abandonner en Beze in vita Cal- 1544. & de chercher une autre demeure, pour avoir vini ad an. 1544. foutenu quelques opinions particulieres. On voit néanmoins dans l'attestation que lui donna Calvin, qu'il fe défit volontairement de la régence, qu'il s'y étoit comporté de telle forte, qu'on l'avoit jugé digne d'être pasteur, & que rien n'avoit empêché qu'il ne fût promû à cette charge, que l'opinion particuliere qu'il avoit touchant le cantique des cantiques,& l'article de la defcente de Jefus-Chrift aux enfers; que ce fut-là l'unique raifon pour laquelle il quitta

pag.372.

XL,

Sa verfion latine

bible.

Henri Etienne,

pag. 96.

Lov. 2. chap. 25.

P. 349.

Geneve.

Comme il fçavoit bien les langues, & fur-tout & françoife de la l'hebraïque, il entreprit une traduction ou version latine & françoife de l'écriture fainte, qu'on a beauapolog. d'Herodote coup loüé & beaucoup blâmé. Le défaut qui a été iv. 1. chap. 14. condamné le plus généralement dans fa traduction Simon bift. cri- latine, eft l'affectation de ne fe fervir que des tertiq. du V. teftam. mes de la bonne latinité, de genius au lieu d'angelus, de lotio pour baptifmus, refpublica pour ecclefia, collegium pour finagoga, & d'autres. On l'accufa d'avoir pris l'autre extrémité dans sa traduction françoise, c'est-à-dire de s'être fervi de termes bas & rampans: mais ce défaut n'eft pas fi fenfible que plufieurs l'ont dit. Il commença la verfion latine à Geneve en 1542. & l'acheva en 1550. à Bâle, où elle fut imimprimée l'année fuivante. Il la dédia à Edouard roj d'Angleterre,

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