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des écrits capables d'exciter une fédition. L'on fit AN. 1564. faire inventaire de tous fes papiers, & l'on défen

LXVI. Autre confulta.

de Crequi à l'évê

ché d'Amiens.

ut fuprà.

dit à tous imprimeurs & libraires de vendre & débiter fon livre. Dans le même temps le parlement aïant écrit au roi fur cette affaire, fa majefté approuva la détention de du Moulin; mais le vingt-cinquiéme de Mai, ou le vingt-uniéme de Juin felon d'autres, il y eut des lettres patentes expediées pour ordonner au parlement de le mettre en liberté, à condition toutefois qu'il ne feroit rien imprimer à l'avenir fans une permiffion du roi. En confequence de ces lettres intervint un arrêt quinze jours après, par lequel du Moulin fut élargi, aïant d'abord fa maison pour prifon, & joüiffant enfuite d'une entiere liberté. Monfieur de Thou dit que par les mêmes lettres le roi ôta au parlement la connoissance de cette affaire, en l'évoquant à fon confeil pour y être jugée.

Quelques jours avant cette confultation du Moution du même für lin en avoit fait une autre; la nobleffe de Picardie l'élection de Perre lui aïant député le vidame d'Amiens pour lui demander fon avis touchant la promotion à l'évêché d’ADe Thou hift. ibid. miens, d'Antoine ou Pierre de Créqui grand ennemi des Proteftans, & auparavant évêque de Nantes, & fi l'on pouvoit juftement l'empêcher de prendre poffeffion de cet évêché; du Moulin répondit que puifque les états de la province n'avoient rien fçu de la nomination de cet évêque, qu'on ne leur avoit point démandé leur avis, & qu'ils n'y avoient point confenti; l'on pouvoit justement s'opposer à fon installation & à fa prife de poffeffion, pour cette raison principale, qu'il étoit ordonné par les dé

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crets des conciles generaux, les ordonnances des rois de France, Clotaire, Charlemagne, Louis le AN. 1564. Debonnaire & par les réfolutions des états du roïaume affemblez à Orleans il y avoit trois ans, que l'autorité & le confentement de la nobleffe & du peuple intervinssent auffi dans l'élection des évêques. Sur cette réponse Antoine d'Ailly de Pequigny vidame d'Amiens fut oppofant au nom de la noblesse de Picardie, & rendit fon oppofition publique par un écrit qu'il fit imprimer dans le mois de Mars.On croit que ce fut ce qui détermina le parlement à févir contre du Moulin, joint à la confultation qu'il avoit donnée & publiée touchant le concile de Trente.

pu

pour

cc.

LXVII. Nouvelles dé

faire recevoir

Comme les difficultez fembloient croître chaque jour en France pour la reception du concile, le pa- marches du pape pe envoïa au roi Charles IX. Louis Antinori, qui le concile en Franavoit déja été chargé de négociations importantes, afin de folliciter vivement auprès de ce prince la blication des décrets du concile dans le roïaume. Antinori n'oublia rien de ce qui pouvoit engager le roi à fatisfaire le pape fur cet article: il s'efforça de faire connoître à ce prince que Pie IV. ne demandoit rien que de raisonnable, rien qui ne tournât à l'honneur & à l'avantage de la France. Mais le roi fe contenta de promettre, encore d'une maniere affez vague, qu'il feroit executer dans la fuite les décrets du concile les uns après les autres; mais que pour les faire publier dans son roïaume, il ne le pouvoit, de peur que les Calviniftes ne le replongeassent dans de nouveaux troubles dont il lui feroit peut-être plus difficile de se tirer que par le paffé. Qu'au refte

AN. 1564.

LXVIII.
Le pape veut fai-

il ne laifferoit échapper aucune occasion de témoigner au faint fiege combien il avoit de veneration pour lui, & qu'il fçavoit l'obéissance qui lui étoit dûë.

Le pape content en apparence de cette excufe, re recevoir le con- tourna fes vûës du côté de l'Allemagne, pour y faicile en Allemagne. re publier le concile; il en avoit écrit à fon nonce Pallav, ibid. lib. l'évêque de Vintimille. Il fçavoit bien qu'il n'y avoit De Thou hift. lib. rien à attendre du côté des Lutheriens, qui par des 36. versius finem. ouvrages publics avoient déja protefté contre fes Spond. hoc an. décrets; entr'autres un certain Jean Fabrice, qui

24. cap. 12.

22.39

avoit adreffé aux Allemands un discours rempli d'erreurs, qui fut auffi-tôt refuté par Pierre Fontidonius théologien Espagnol, qui avoit affifté au concile. Martin Chemnitius difciple de Melanchton s'étoit pareillement élevé contre la reception des mêmes décrets par un ouvrage auquel Joffe Ravenftein théologien de Louvain répondit. Il ne s'agifsoit donc que des païs catholiques : l'empereur Ferdinand qui avoit fait fouvent demander au concile la communion fous les deux efpeces par les ambaffadeurs, & qui l'avoit demandé lui même à Infpruk dans les diverfes conferences qu'il avoit cuës avec les cardinaux Moron & de Lorraine, voïant qu'on ne lui avoit rien accordé, fit pour l'obtenir de nouvelles inftances au pape, tant en fon nom, qu'en On trouve ces celui du duc de Baviere fon gendre. Ses lettres font naldus boc ann. du quatorziéme de Fevrier. Il y joignit un petit écrit compofé par quelques docteurs catholiques, pour montrer qu'en l'état où fe trouvoit l'Allemagne, on ne pouvoit refufer la demande ; que d'aileurs les cardinaux Moron & de Lorraine lui avoient

te lettre dans Ray

3.29.

A N. 1564.

LXIX.
Il propofe aux

cardinaux la de

reur fur l'ufage du

calice.

Pallav. ut fuprà cap. 12. 11. 3.

LXX.
Cet ufage eft aca

fait efpeter qu'on auroit cette condefcendance, & que les archevêques électeurs le fouhaitoient fort. Le pape aïant assemblé le facré college le quatorziéme de Juillet propofa aux cardinaux cette demande de l'empereur, & s'étendit fur les motifs fur lef- mande de l'empequels elle étoit appuïée, entr'autres qu'en la refufant on expofoit toute la nation à abandonner nonfeulement la foi catholique, mais encore la religion chrétienne, & à devenir païenne. Qu'on avoit prié plufieurs cardinaux & évêques de donner leur avis en fecret, & que fuivant leur confeil, quelque éloignement qu'il eût des nouveautez, il avoit accordé à quelques évêques d'Allemagne, la permiffion d'u- cordé aux Allefer du calice pour leurs diocéfains, non pas en general & abfolument, mais dans les endroits feulement, où cela feroit abfolument néceffaire pour les raifons alleguées, & en leur prefcrivant certaines conditions. Il ajouta que cette conceffion avoit été reçue à Vienne avec beaucoup de joie, & que fon nonce lui mandoit que depuis ce temps-là les deux tiers des heretiques, étoient rentrez dans la fein de l'églife. On approuva ces vûës du pape, & pour les remplir entierement, Pie IV. envoïa un bref à l'empereur par lequel il lui accordoit fa demande.

mans.

Pallav. ut fuprà.

Raynaldus ad

hunc ann. n. 35.

Boffuet, traité de la communion fous

les deux efpeces 1. tart. 7. fur la

fine

LXXI. L'empereur de

mande encore
qu'on laiffe aux
leurs femmes.
De Thou hift. lib.

prêtres convertis

Mais le pape n'eut pas la même indulgence à l'égard d'une autre demande que Ferdinand avoit en core faite : c'étoit qu'on accordât aux prêtres qui s'étoient mariez après leur apoftafie, la permiffion de retenir leurs femmes en rentrant dans le fein de l'églife. Pie IV. fentoit mieux que ce prince à quels inconveniens on feroit expofé, fi on accordoit fur Pallav. lib. 24. ce point ce qu'il defiroit, il prévoïoit combien cet

36. n. 9. versùs fi

nem.

cap. 12. n. 9.

AN. 1564.

Raynald, ad hunc

Annum n. 29.

LXXII. Nouvelles inf

xances de Maximi

lien II. fur le même fujet.

De Thou loco fu

prà citato.

Raynaldus ad Junc ann. n. 38.

re

te indulgence éloigneroit les miniftres du fanctuaide "application qu'ils doivent apporter à leurs devoirs, qu'ils ne confulteroient plus que la chair & le fang, pour augmenter leur bien, pour laiffer des enfans riches, & que par-là les benefices deviendroient hereditaires, un pere n'oubliant rien pour voir fon fils dans la même place qu'il occuperoit. Qu'enfin bien que le célibat ne foit pas attaché de droit divin aux ordres facrez, c'est-à-dire qu'il n'y ait point de loi divine qui défende d'ordonner prêtres des perfonnes mariées, ni aux prêtres de fe marier; cependant la loi ecclefiaftique qui prescrit le célibat aux clercs étoit trop ancienne, & trop bien autorisée pour y donner la moindre atteinte. L'empereur n'eut pas le temps de faire de nouvelles inftances contre le refus du pape, parce qu'il mourut le vingt-cinquiéme de Juillet, mais fon fils Maximilien II. qui lui fucceda, ne fut pas plûtôt en poffeffion de l'empire, qu'il revint à la charge, & en écrivit fortement à fa fainteté.

La lettre de ce nouvel empereur eft du vingt-huitiéme de Novembre ; il y prie Pie IV. de relâcher quelque chofe de la feverité qu'on gardoit envers les prêtres mariez, & qu'on eût en cela quelque égard fur-tout aux demandes de ceux de Silefie, de Moravie, de Boheme, & d'Autriche, où fans cette condescendance, on manqueroit bien-tôt entierement de miniftres. Ses lettres étoient accompagnées d'une courte expofition des raisons qui paroiffoient favorables au mariage des prêtres. On y difoit entr'autres, qu'on ne pouvoit nier que fuivant l'ancien & le nouveau teftament il ne fut per

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