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doit au faint facrement à une autre confrairie apAN. 1564. pellée du corps de Chrift, autrefois établie par Paul III. chez les religieux dominiquains de la Minerve. Enfin fa fainteté s'appliqua à l'établissement des feminaires dans tous les archevêchez & évêchez, fuivant les decrets du concile de Trente, afin que les jeunes clercs puffent être inftruits dans la pieté & dans les lettres. Il en écrivivit à Jean patriarche de Venife le quatorziéme de Juillet, & le vingtdeuxième du même mois à Antoine d'Albon nommé archevêque de Lion ; & pour les engager à cette bonne œuvre par fon propre exemple, il établit le feminaire Romain, dont il crut pouvoir confier le foin aux Jefuites.

XCI. Commencemens

Neri.

Gallonius in vi

1564.

Pie IV. ne borna pas fon zele à ces feules œuvres; de l'oratoire de il aida encore faint Philippe de Neri dans l'établis faint Philippe de sement de sa congrégation, qui commença à prenRaynaldus ad dre une forme réguliere dans cette année 1564. Ce bunc annum n. 5. faint étoit né à Florence le vingt-deuxième de Juillet * S. Philippi an. IS15. d'une famille affez confiderée dans la Toscane. Après avoir fait fes humanitez dans fa patrie, il vint à Rome, où il fit de fi grands progrez dans la philofophie & dans la théologie de l'école, qu'il y eut peu de perfonnes diftinguées dans Rome qui ne vouluffent le connoître: mais fa vertu le rendit encore plus eftimable que fa fcience. Des études de l'école il paffa à celles du cabinet, où il acquit une connoiffance profonde des faintes écritures, des anciens peres & des canons de l'églife. De fi grands talens ne fervirent qu'à le rendre plus humble. Il les emploïa pour retirer beaucoup de jeunes gens de leurs déreglemens, & les porter ensuite à la véritable pieté.

En

En 1550. avec le fecours de Perfiano Rofa fon confesseur, il établit la célebre confraire de la Tri- AN. 1564. nité dans l'église de faint Sauveur del Campo pour le foulagement des pauvres de dehors, des pelerins & des convalefcens, qui n'avoient point de retraite. Le grand nombre de bonnes œuvres qu'il fit dans cet établiffement, & le grand fruit que fa charité produifoit dans l'églife, demandoient qu'il entrât dans les ordres pour fe rendre encore plus utile. Son confesseur l'y força, & en moins de deux mois & demi il reçut la tonfure & tous les ordres facrez, aïant été ordonné prêtre le vingt-troifiéme de Mai 1551. Il étoit alors âgé de trente- fix ans ; & peu de temps après il entra chez les prêtres de faint Jerôme, qu'on appelloit de la charité, pour y entendre les confeffions.

Ce fut en 1556. que parmi les converfions nombreufes qui le faifoient par fon miniftere, il gagna à Dieu Jean-Baptifte Salviati frere du cardinal, & coufin de Catherine de Medicis reine de France, François-Marie Tarugio, depuis cardinal, neveu du pape Jules III. Conftance Taffoni, Jean-Baptifte Modi, Antoine Fuccio, & d'autres excellens fujets qui s'attacherent à lui pour le fuivre dans les hôpitaux. Ils étoient au nombre d'environ vingt, tous animez du même defir d'étendre les limites du roïaume de Jefus-Chrift fur la terre. Baronius depuis cardinal, le célebre auteur des annales ecclefiaftiques, Bordini depuis archevêque d'Avignon, & Alexandre Fedeli fe joignirent à joignirent à eux, & c'eft ce qui donna naissance en 1558. à la communauté des prêtres de l'Oratoire à Rome, qui ne commença qu'en cette

A N. 1564.

XCII.
Le patriarche des

année 1564. à se former en congrégation. Le magiftrat & le peuple de la ville de Florence prefferent alors Philippe de Neri de prendre la conduite de l'églife, qui appartenoit à la nation Florentine à Rome fous le nom de faint Jean-Baptifte, on lui donna une maison qui joignoit cette église pour y loger fa communauté; on y ajouta même quelques revenus pour fon entretien. Jufques-là les difciples du faint étoient demeurez dans l'état des laïcs: mais la confideration de ce nouvel établissement, & les avis de quelques perfonnes de pieté le porterent à faire promouvoir les principaux d'entr'eux au facerdoce; il jetta d'abord les yeux fur trois feulement, qui furent Baronius, Jean-François Bordini & Alexandre Fedeli. Les difciples de Philippe de Neri commencerent dès-lors à vivre en communauté, & fa congrégation fe trouva en peu de temps pourvûë de prêtres qui fe virent aufli - tôt chargez des confeffions du peuple, & de la prédication.

Ce fut auffi fous le pontificat de Pie IV. que le Armeniens envoie patriarche des Armeniens, qu'on croit avoir été un député au pape. Abid-Jehu fucceffeur de Salaca, fit profeffion de la Raynald. ad hunc créance de l'églife Romaine & reconnut la primau

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té du pape. Il lui députa un internonce nommé Abagare avec deux lettres; par l'une il fe foumettoit au vicaire de Jefus-Christ, au nom de tous ceux qui lui étoient foumis ; & par l'autre il lui demandoit fa benediction & le prioit de renouveller, & confirmer la protection que le pape faint Silveftre, & l'empereur Conftantin avoient, felon lui, autrefois accordée à leur roi Tartare & à Gregoire leur premier patriarche, pour ne faire tous enfemble qu'une

bergerie, & un pafteur; ces lettres étoient dattées d'Etchemiazin, vulgairement les Trois-Eglifes proche d'Erivan ville de l'Armenie, ou Turcomanie, sous la puissance du roi de Perse, le premier d'Avril 1563. & furent prefentées au pape le vingtiéme Mars de l'année fuivante avec la profeffion de foi du patriarche, qui contient plufieurs articles, & qui fut interpretée par un certain Jean-Baptifte Æthiopien qui étoit à Rome. La proceffion du Saint Esprit du Pere & du Fils, y eft formellement contenue. On y reconnoît les fept facremens, & feulement les trois premiers conciles generaux de Nicée, de Conftantinople & d'Ephefe; on y dit, que le patriarche & ceux qui reconnoiffent fon autorité ne fe fervent ni de pain levé, ni d'eau à l'autel; que tous les moines font chaftes & vierges n'époufant point de femmes, au lieu que les clercs non reguliers fe marient & peuvent enfuite être ordonnez prêtres. Qu'ils jeûnent cent cinquante-cinq jours dans chaque année, s'abftenant de poiffon & de laitage: Qu'ils ne font la fête d'aucun faint le dimanche ; qu'ils communient tous fous les deux efpeces; qu'ils ne beniffent que les premiers & feconds mariages, fans donner aucune benediction aux troifiémes. Enfin, difentils, nous croïons tout ce que la fainte églife catholique & apoftolique croit, & nous anathématisons tout ce qu'elle anathématife. Comme ce patriarche étoit fort habile, il convertit plufieurs Neftoriens & fortifia beaucoup fon parti.

Le même pape reçut du cardinal Alexandrin le quatorziéme d'Avril de cette année une requête au nom de Philippe II. roi d'Espagne, de fon fils, de

A N. 1564.

XCIII.

Le roi d'Efpa

gne demande au pape la canonila

tion du B. Didace.

ann. n. 58.

Galefin. in vita

pag. 298.

l'univerfité d'Alcala & de toute la province, pour A N. 1564. fupplier fa fainteté de travailler à la canonifation du Raynald. ad hunc bienheureux Didace de faint Nicolas frere lais, ou convers de l'ordre de faint François. Il y avoit cent Didaci ap. Surium ans que ce frere étoit mort en odeur de fainteté dans le convent de Henarès, & l'on affure qu'il s'étoit operé beaucoup de miracles à fon tombeau, par fon interceffion, & qu'il s'en operoit encore alors. Le pape aïant égard à cette requête nomma les cardinaux Sarrazin, Alexandrin, de Ara Cali & Vitelli, pour informer de la vie du faint, & lui en faire le rapport.

Suprà liv. 112.

n. 96.

XCIV. Memoire du rci

la reine de Na

La France toujours irritée de la conduite de Rode France préfenté me envers Jeanne d'Albret, reine de Navarre, veuau pape au fujet de ve d'Antoine de Bourbon, qui avoit été citée à Rome par un bref de Pie IV. comme on l'a dit ailleurs, Dans le traité des éclata dans cette année 1 5 64. contre cette entreprife. droits of libertez Le roi fit compofer par Jean-Baptifte du Mefnil fon" tom. 1. in-fol. pag. avocat au parlement de Paris un memoire instructif

varre.

de l'églife Gallic.

56. & fuiv.

I

fur cette affaire, où il reprefentoit d'abord les motifs qui obligeoient fa majefté à fe plaindre de ces procedures. Il y rapportoit enfuite la moderation des papes des premiers fiecles, les fervices que les rois de France avoient rendus à plusieurs, qui avoient usé de beaucoup de reconnoiffance. Enfin il expofoit en quoi confiftent les libertez de l'églife de France; quelles ont été les entreprises des papes fur les empereurs depuis Gregoire VII. & les fuites fâcheufes de ces entreprises; ce que les rois de France ont fait pour conferver leurs droits, & les libertez de l'églife, & l'interêt que le roi a de les maintenir.

Ce premier memoire fut envoïé à Rome pour

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