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mort, comme on l'a dit, fans enfans, on crut que AN. 1565. Charles alloit quitter l'état ecclefiaftique, pour fou tenir fa famille: mais il prit les ordres facrez, & lorqu'il eut été élevé au facerdoce en 1562. le pape lui donna un titre facerdotal qui fut celui de fainte Praxede. Il le fit enfuite grand pénitencier de l'églife Romaine, archiprêtre de fainte Marie majeure, protecteur de quelques couronnes, & de differens ordres religieux & militaires, légat de Boulogne, de la Romagne, & de la Marche d'Ancone. L'on a vu fon application aux affaires du concile, & tous les foins qu'il fe donna pour le faire heureufement terminer: & le pape fon oncle ne l'eut pas plûtôt confirmé, qu'il voulut commencer à executer fur lui-même tout ce qu'on y avoit prefcrit pour la réformation.

III.
Sa vie fainte, &

rer dans un mo

naftere.

chap 23. pag. 263.

& fuiv.

ta S. Caroli lib. 2. cap. 2.

Il retrancha de fa maifon jufqu'à quatre-vingts le defir de fe reti- domeftiques, qu'il ne congedia pas fans les recompenfer: il ne retint que ceux qu'il jugea les plus proVie de Barthel. ptes à la vie clericale. Il ne porta plus que des hades Martirs liv. 2. bits de laine; il bannit tout luxe & toute dépense inutile. Il jeûna une fois la femaine au pain & à Ripamont, de vi- l'eau ; & dès-lors il auroit quitté le gouvernement des affaires de l'églife pour fe retirer dans un monaftere, s'il n'en eut été détourné par dom Barthelemi des Martirs archevêque de Brague. Ce faint prélat lui confeilla de réfider dans fon diocéfe, auffitôt que les affaires de l'églife le lui permettroient. Mais il lui dit, qu'il ne falloit rien précipiter, qu'il devoit confiderer que le pape fon oncle étoit âgé : qu'en quittant les affaires, on pourroit lui donner un fucceffeur qui abuferoit de fon crédit & de fon au

Giufano lib. 1.

вар. 8.

torité,

torité. Qu'il étoit plus à propos de menager & de disposer toutes chofes pour se retirer auffi tôt que Dieu lui auroit fourni le moïen d'en prevenir les mauvaises fuites. Le cardinal docile à un avis fi fa

ge, écrivit à fon grand vicaire pour le gouvernement de fon diocéfe ; il lui envoïa un évêque fuffragant nommé Jerôme Ferragata pour en faire la. vifite; & pour second vicaire general Nicolas Ormanette curé du diocéfe de Verone, dont il connoiffoit la pieté, la prudence, & les grands talens pour élever de jeunes gens dans la fcience ecclefiaftique.

Ormanette vifita une partie du diocéfe de Milan, tint le finode, où il fe trouva douze cens ecclefiaftiques, & enfin ébaucha le grand ouvrage de la réformation. Mais voïant qu'il naissoit tous les jours de nouvelles difficultez, il pria le cardinal de lui permettre de fe retirer, & lui reprefenta l'impoffibilité de bien gouverner une église fans la prefence du propre pasteur. Sur cela Charles fit de nouvelles inftances auprès du pape, pour qu'il lui permît d'aller réfider dans fon diocéfe. Tout ce qu'il put obtenir fut la permission d'y aller tenir un concile provincial. Il partit de Rome le premier de Septembre 1565. accompagné d'un grand nombre de prélats & d'ecclefiaftiques choifis, & quand il fut arrivé à Milan, il y fit venir auprès de lui d'habiles théologiens & de fçavans canoniftes.

AN. 1565.

de

IV.
Il quitte la cour

Rome & va ré

fider dans fon égli

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de Milan.

Raynaldus ad

bunc ann, n. 2 1.

V.

Il affemble à Mi

province.

Son premier foin après fon arrivée fut de penfer à la célebration d'un concile de la province, qui lan le concile de fa fut le premier de Milan fous fon pontificat, il com- Giuffano ut fumença à en traiter avec les évêques de la province, pra lib. 1. cap. 11,

qui étoient déja arrivez à Milan, & leur divifa les AN. 1565. matieres, afin qu'ils les étudiaffent pour en former enfuite des décrets. A ce concile fe trouverent le nouveau cardinal Guy Ferrero de la derniere nomination, qui dans ce concile reçut le chapeau de cardinal des mains de faint Charles, au nom du pape ; les évêques Jerôme Vida d'Albe, Maurice Pietra 'de Vigevano, Cefar Gambara de Tortone, Scipion d'Eft de Cafal, Nicolas Sfondrat de Cremone & d'autres. La premiere feffion commença par une proceffion folemnelle, après laquelle on chanta la meffe, & le cardinal en fit l'ouverture par un dif cours, dans lequel il parla de l'établiffement & montra la néceffité des conciles provinciaux. La premiere chofe qu'on fit enfuite fut de publier & d'accepter les décrets du concile de Trente, & d'en recommander l'execution à tous les évêques de la provinlefquels firent auffi-tôt publiquement leur profeffion de foi, & drefferent plufieurs ftatuts & ordonnances touchant la difcipline ecclefiaftique, & la réformation de l'églife, particulierement fur ce qui concerne la vie, la conduite, & la difcipline des évêques mêmes.

VI.

du premier concile de Milan.

Labbe collect. con

ce,

Les conftitutions de ce premier concile de Milan, Actes & ftatuts font divifées en trois parties. Dans la premiere on trouve une profeffion de la foi catholique, & l'on eil. tom. 15. pag. y traite des moïens de la conferver; l'on y parle contre ceux qui abufent de la fainte écriture; des maîtres d'écoles, du cathechifme, que les curez doivent faire les dimanches & fêtes dans leurs paroiffes; de la prébende attachée au théologal ; de la prédication de la parole de Dieu, fur laquelle on

246. & feq.

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trouve des regles excellentes : de ce qu'on doit observer dans le culte des images, dans la véneration A N. 1565. des reliques; de ce qui concerne la magie & les divinations : enfin du blafphême, & de la célebration des fêtes. La feconde partie parle de ce qui eft nécessaire pour l'administration des facremens en general, enfuite de ce qui concerne le baptême, la confirmation, l'euchariftie, la meffe, la pénitence, le jeûne, l'extrême-onction, l'ordre, les feminaires des clercs, la collation des benefices, l'examen de ceux qu'on choifit pour être curez, ou chanoines; de la vie fage & honnête que doivent mener les évêques & les clercs ; on y décide en particulier qu'ils doivent célebrer souvent le facrifice; ne point avilir leur dignité, être vétus modeftement, avoir une table fobre & frugale, des domeftiques fages & reglez. Qu'ils doivent affifter aux heures canoniales; l'on Y entre dans le détail des livres qu'on doit faire lire aux clercs, & on les exhorte fur-tout à l'étude de l'ancien & du nouveau teftament, à celle du catechisme Romain, auffi-tôt qu'il paroîtra, à celle du concile de Trente, & des ftatuts du diocéfe. On ordonne que les curez auront un recueil d'homelies du choix de l'évêque, la fomme théologique de faint Antonin, ou d'autres choifie par l'évêque, le paftoral de faint Gregoire, & le traité du facerdoce de faint Jean Chrifoftome.

VII.

De ce qui concerne les devoirs

L'on entre enfuite dans un détail exact de tous les devoirs des ecclefiaftiques. On leur ordonne de porter l'habit clerical conforme à leur ordre, & à leur di- des ecclesiastiques. gnité, avec la tonfure & les cheveux courts; on veut que les femmes n'entrent point chez eux, & l'on

en exclut même leurs parentes; qu'ils ne portent

AN. 1565. point d'armes, qu'ils n'affiftent à aucuns jeux publics, ni fpectacles, qu'ils ne fe chargent point daffaires féculieres, qu'ils réfident dans leurs benefices; que les évêques s'appliquent à connoître l'état de chaque paroiffe: qu'ils y établiffent des vicaires; qu'ils aient foin de vifiter leurs diocéfes. On parle enfuite de leur jurifdiction, des notaires, des avocats, des procureurs fifcaux, des geoliers, de leurs prifons, & des prifonniers qui font en leur garde.

On pourfuit ce qui concerne les miniftres de l'églife, & les divins offices, le devoir du chantre d'un chapitre, de ceux qui ont des dignitez, des perfonats & des canonicats. Les devoirs du maître des céremonies, du facriftain, des mansionnaires, ou habituez qui affistent à toutes les heures, de celui qui pointe les abfens, du tréforier, des gardes des archives; on exhorte à rétablir les fonctions des ordres mineurs. On traite du portier, du lecteur, de l'exorcifte & de l'acolite : & entrant dans le détail de ce qui regarde l'office divin; on parle de la mufique, des chantres, du temps auquel il faut s'affembler pour l'office, comment il faut le comporter dans le cœur, & quand on en doit fortir: du temps des matines & de prime, de la messe folemnelle, des ornemens d'églife, des proceffions, des funerailles de l'évêque, & des enterremens, de la confervation des biens de l'église, de la maniere d'adminiftrer la jurifdiction ecclefiaftique ; & l'on finit cette partie par le facrement de mariage. On veut que les femmes de mauvaise vie foient diftinguées par leur habillement, pour être reconnuës;

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