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quelle manière les princes des prêtres et nos sénateurs l'ont pour être condamné à mort, et comme ils l'ont crucifié. Cependant nous espérions que ce serait lui qui rachèterait Israël et après tout cela néanmoins voici le troisième jour que ces choses se sont passées. Il est vrai que quelques femmes de celles qui étaient avec nous, nous ont effrayés. Car ayant été de grand matin à son sépulcré, et n'y ayant point trouvé son corps, elles sont venues dire qu'elles ont vu même des anges qui disent qu'il est vivant. Et quelques-uns des nôtres ayant aussi été au sépulcre, ont trouvé toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportées : mais pour lui, ils ne l'ont point trouvé. Jésus leur dit alors: 0 insensés, dont le cœur est (lent et) tardif à croire tout ce que les prophètes ont dit! ne fallait-il pas que le Christ souffrit tous ces maux, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire? Ensuite commençant par Moïse, et parcourant tous les prophètes, il leur expliquait tout ce qui avait été dit de lui dans toutes les Ecritures. Et comme ils approchèrent du bourg où ils allaient, il fit semblant d'aller plus loin. Mais ils le forcèrent de s'arréter, en lui disant : Demeurez avec nous, parce qu'il est déjà tard, et que le jour est sur son déclin. Il entra donc (pour demeurer) avec eux. Et comme il était avec eux à table, il prit le pain, et le bénit : et l'ayant rompu, il le leur donna. Et en même temps leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent : mais aussitôt il disparut de devant leurs yeux. Alors ils se dirent l'un à l'autre : N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait durant le chemin, et qu'il nous expliquait les Ecritures? Et se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et ils trouvèrent les onze Apôtres, et ceux qui demeuraient avec eux, qui étaient assemblés, et qui disaient : Le Seigneur est vraiment

ressuscité, et il est apparu à Simon. Ils racontèrent aussi eux-mêmes ce qui leur était arrivé en chemin : et comme ils l'avaient reconnu à la fraction du pain.1

Vous le voyez : ils étaient tristes, et Jésus-Christ s'approcha d'eux ; ils unirent la miséricorde à la prière : «Mane nobiscum, Domine, quoniam advesperascit, » et ils le reconnurent à la fraction du pain. A quiconque désire la foi, je dirai :

faites comme eux, et vous verrez comme eux.

(1) Luc. 24. 43-35.

NOTES DU SIXIÈME ENTRETIEN.

Note le.

<< Le plus ignorant des hommes, dès qu'on attire son attention sur ce point, ne sait-il pas, comme le plus sublime génie, que la vérité divine ne peut être le patrimoine exclusif d'une famille ou d'une nation, mais qu'elle doit être le commun héritage de toutes, et que jamais par conséquent, l'autorité religieuse n'a pu être confondue avec l'autorité purement domestique ou nationale, mais a dû toujours remonter plus haut et se reconnaître à son grand caractère : l'unité ?» (Page 453.)

Nous disons trois choses que l'autorité religieuse n'a jamais pu être confondue avec l'autorité domestique ou nationale, qu'elle a dû toujours remonter plus haut, et se reconnaître à son signe l'unité.

Plusieurs ont pensé, nous ne l'ignorons pas, que la tradition naturelle de la famille a suffi pour conserver au monde la révélation primitive; et d'autres ont cru en trouver la raison en ce que la révélation primitive n'avait pour objet que la loi naturelle.

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y a là une double erreur. D'abord, la religion qu'on appelle exclusivement naturelle n'a jamais existé. Nous l'avons vu au deuxième Entre

DÉM. CATH.

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NOTES DU SIXIÈME ENTRETIEN.

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tien, lorsque nous avons rappelé que dans l'état réel de notre nature et de sa destination, l'homme n'eût jamais pu vouloir s'en tenir à la religion de pure nature, sans résister à la nature elle-même, parce que 4o notre nature se sent déchue et blessée et cherche le divin remède; 2o se sent attirée à une fin supérieure et en désire la révélation. La Révélation primitive n'avait donc pas uniquement pour objet l'existence de Dieu, la spiritualité de l'âme, la liberté et la responsabilité de l'homme; mais aussi la chute de l'homme, la promesse du salut, la nécessité de la grâce, les sacrifices figuratifs de la Rédemption, l'institution du Sacerdoce.

Le Sacerdoce, le ministère sacré que tous les siècles ont reçu comme une institution divine (voyez le 3me Entretien, p. 204, note 1.), a pu être uni à l'autorité dans la famille, mais jamais confondu avec elle. L'autorité religieuse a toujours été distincte de l'autorité domestique et de l'autorité civile. Voilà pour l'institution. Nous ajoutons que l'autorité religieuse divinement instituée, a toujours été assistée de Dieu pour conserver le dépôt de la Révélation primitive, et que les familles et les nations qui sont devenues infidèles, et qui ont perdu ce divin dépôt, ne sont devenues infidèles que pour avoir rompu avec l'autorité assistée de Dieu.

Mais comment Dieu donna-t-il cette assistance au Sacerdoce primitif, à l'autorité religieuse patriarcale? Il la donna comme il convenait qu'elle fût donnée dans l'enfance du monde, c'est-à-dire, d'une manière sensible, par lui-même ou par ses anges. Dieu ne conversa-t-il pas avec Adam, Abel, Seth, Enoch, Noë, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, pour ne citer que les grands patriarches? Et qu'on remarque bien que ce n'est pas seulement aux Pères ou aux Pontifes d'un peuple et d'une race que Dieu se montre et que Dieu parle; non, car l'Ecriture, qui ne nous a pas donné l'histoire de tous les peuples et de toutes les races, nous dit cependant que Job, prêtre chez les Arabes, conversa avec Dieu et lui offrit des sacrifices; qu'Abraham reçut la bénédiction du Prêtre du Très-Haul chez les Cananéens, de Melchisédech, qui offrit aussi l'hostie figurative de la grande Victime; que le Père des croyants, se trouvant en Egypte, fut en relation avec les chefs de ce peuple qui adoraient aussi le vrai Dieu et conversaient avec lui. Maintenant, je le demande, quel sera l'esprit assez préoccupé de rapetisser la Providence et d'amoindrir la bonté divine, pour croire que Dieu n'a accordé ce secours qu'aux Pères et aux Pontifes des peuples et des races que l'Ecriture ne rappelle qu'incidemment? Nous avons donc eu raison d'affirmer que les familles et les nations

qui ont perdu le dépôt de la révélation primitive, ne sont devenues infidèles que pour avoir rompu la chaîne de l'autorité religieuse patriarcale, divinement instituée et assistée dans l'Eglise primitive universelle dont Dieu lui-même, par une intervention positive et vivante, restait le chef visible, le centre d'unité. « Ecclesia, enim, generatim accepta pro omni statu, loco et tempore, est congregatio fidelium in vero Dei cultu adunatorum sub Christo capite. Quæ definitio comprehendit etiam fideles V. T. ab Adamo usque ad Christum, tum Judæos, tum GENTILES. » (Dens, de Ecclesia.)

Mais à l'époque même où l'infidélité commença, à l'époque de la naissance de l'idolâtrie, cette grande hérésie du monde primitif, Dieu protesta contre elle par un acte admirable de sa providence, par la vocation du Père de ce peuple dont nous lui avons vu faire un monument vivant élevé à la Révélation primitive au confluent des grands empires, et puis un peuple missionnaire chez les nations égarées. C'est ainsi que Dieu ajouta aux grâces et aux secours extérieurs accordés jusqu'alors à l'Eglise primitive, selon que sa sagesse les jugea nécessaires à la conservation du dépôt divin, c'est ainsi, disons-nous, qu'il ajouta, par la révélation mosaïque et la constitution du peuple élu, mais élu pour tous, un secours permanent et général qui préparait l'état final de l'Eglise dans la perfection qu'elle a reçue de celui qui ne vint rien changer mais tout accomplir. Et comme les nations qui ont perdu la foi primitive ne sont tombées dans la grande hérésie qu'on appelle infidélité, que pour avoir rompu la chaîne de l'unité de l'Eglise primitive, de même les nations infidèles du monde chrétien, ne sont tombées dans l'hérésie que pour avoir rompu avec l'unité de l'Eglise dont le centre visible a été constitué à jamais par le Christ: « Tu es Petrus et super hanc petram ædificabo ecclesiam meam et portæ inferi non prævalebunt adversus eam. »

Nous avons tâché de rappeler dans cette note, l'ensemble des vérités dont le Père Perrone n'a indiqué qu'une partie, en répondant aux objections qu'il oppose à cette thèse : « Validissimæ rationes ostendunt, de via ordinaria divinam revelationem ab auctoritate divinitus instituta atque infallibili custodiri, atque proponi debere. » (De vera Religione. p. 2. prop. 4.) C'est la pensée du comte de Maistre : « Le catholique, dit-il, sait qu'il ne peut se tromper (en matière de foi); il sait de plus que s'il pouvait se tromper, il n'y aurait plus de vérité révélée, ni d'assurance pour l'homme sur la terre, puisque toute société divinement instituée sup

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