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le refte. Cependant on n'a pû eviter de mêler beaucoup de faits à la doctrine. On ne peut expliquer le premier article du Symbole, fans parler de la création; ni le Baptême, fans parler du peché de notre premier Pere; ni le commencement du Decalogue, fans parler de Moyfe, de l'occafion & de la maniere dont la Loi lui fut donnée. On ne peut s'exempter de raconter affez en détail la Naiffance de JESUS-CHRIST, ses principaux miracles, fa Paffion, fa Refur rection, fon Afcenfion : quand ce ne feroit que pour rendre raifon des Fêtes par lesquelles on honore ces myfteres: qui eft une des inftructions dont le peuple a plus de befoin. Or ces faits feroient bien plus intelligibles & bien plus agréables, s'ils étoient contés de fuite dans Jeur ordre naturel, & avec une étendue raifonnable, qu'ils ne font quand on ne les dit que par occafion, fuivant l'ordre des parties du Catechifme; quand on ne les dit qu'en paffant, & comme à regret, craignant d'y perdre du temps. C'est ce qui merite d'être fort confideré. Car je erains que les Catechifmes les plus

les plus courts ne contiennent plufieurs chofes moins neceffaires que ces narrations. Il n'y en a guères qui ne dilent rien au-delà de ce qui eft précifément de la foi: & ce furplus eft tiré pour l'ordinaire ou des opinions de

l'école, ou des méditations des fpirituels. Il n'y en a point qui ne foit rempli de termes de fcholaftique, qui demandent une grande explication pour pouvoir être entendus du peuple. Vertus infufes, vertus Théologales, Cardinales, culte de latrie, de dulie, d'hyperdulie. Mais quand on pourroit fans connoiffance des faits, fçavoir les verités les plus abfolument neceffaires au falut, ne faut-il point fonger à rendre les Chrêtiens capables de profiter des livres de pieté, des Sermons, de l'Ecriture-même, s'ils peuvent y arriver? Ne faut-il pas qu'ils entendent, autant qu'il eft poffible, ce qui fe lit publiquement, & ce qui fe chante à la Meffe & aux autres Offices; & ce qui eft fignifié par les faintes Ceremonies de l'Eglife? Or que peuvent y entendre ceux qui n'ont jamais oui parler, ni de Patriarches, ni de Prophetes, ni d'Abraham, ni d'Ifraël, ni de Moyfe, ni de David, ni de Jerufalem, ni du Temple, ni des Sacrifices anciens; ou qui en ont oui parler fi confufément, qu'ils n'en ont aucune idée claire

Voilà les motifs qui m'ont fait entreprendre ce Catechifme, dont le but eft de loûtenir par la connoiffance des faits, l'explication du Symbole & des autres parties de la Doctrine Chrêtienne. L'experience a déja fait voir que

cette methode n'eft pas inutile & ce qui m'en a fait bien efperer d'abord, eft qu'elle approche de celle que Dieumême nous a enfeignée dans la fuite de fes faintes Ecritures. Les premiers livres & les plus anciens ne font la plûpart que des hiftoires: les préceptes de morale viennent après, puis les livres des Prophetes, mêlés d'exhortations & de prédictions: par-tout, l'ordre de temps eft fuivi. Il en eft de même dans le nouveau Teftament. D'abord eft l'hiftoire, dans les Evangiles & les Actes des Apôtres puis les inftructions & les exhortations dans leurs Epîtres; & enfin les prédictions de l'Apocalypfe; en forte que l'ordre des Ecritures renferme toute la fuite des deffeins de Dieu Le premier livre commence par la création du monde, & le dernier finit par l'efperance du dernier avenement de JESUS-CHRIST.

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Si tous les Chrêtiens étoient encore capables, comme dans les premiers temps, de lire l'Ecriture & de l'entendre, il ne leur faudroit point d'autre inftruction; puifque ce feroit Dieu-même qui les inftruiroit parlant par fes Prophetes. Mais il n'eft que trop évident que toutes fortes de gens ne font pas en état de lire utilement l'Ecriture. La plupart font ar

rêtés à toutes les pages, par les manieres de parler, & par les locutions hébraïques, que l'on ne peut éviter dans les meilleures traductions: ou par les mœurs des anciens Orientaux fi differentes des nôtres Quoique chacun des livres foit court, tous enfemble font un aflez gros volume; & le commun des Chrêtiens ont peu de loifir pour lire, peu d'application ou peu de mémoire. De plus, quoique toute l'Ecriture foit très-utile pour notre falut, toutes fes parties ne font pas neceffaires à tous. Les livres purement hiftoriques font plus neceffaires que Job, le Cantique & les Prophetes; le nouveau Teftament plus que l'ancien, quoique l'on ne puiffe bien entendre l'un fans l'autre, Dans la Genese & dans les autres livres d'hiftoires, il y a bien des faits, qui ne nous importent pas autant, qu'à ceux pour qui ils ont été premierement écrits comme les origines des Nations & les génealogies. Dans la Loi, nous avons bien plus de befoin des préceptes de morale, que des ceremonies, qui font abolies. Or il efl impoffible de démêler d'abord tout cela, fi l'on n'est averti par quelqu'un, qui ait bien la l'Ecriture. L'obfcurité de l'Ecriture eft encore un obftacle confiderable. Car, fans parler de ce qui a été écrit obfcure

ment tout exprès, pour exercer notre foi & notre foûmiffion, & pour exciter notre attention; ce qui étoit écrit le plus clairement, eft devenu obscur en plufieurs endroits, par des caufes fort naturelles; par l'imperfection des traductions, qui ne peuvent jamais at teindre à la force des expreffions originales; par la difference des mœurs; par la longueur du temps, qui a fait perdre la tradition de mille circonftances des lieux & des perfonnes. On ne peut lever ces difficultés que par une longue étude & une grande applica tion, qui doit être le partage des Prêtres & des Pafteurs. C'eft à eux d'étudier continuellement la Loi de Dieu, pour l'expliquer au Public, & en particulier au Peuple, qui a droit de la chercher, dans leurs bouches. Mais avant que d'en venir au detail de chaque livre & de chaque paffage, il eft neceffaire de leur montrer en abregé le fommaire de la doctrine, que contiennent ces livres divins, pour les conduire dans la lecture qu'ils en pourront faire enfuite, leur marquant ce qu'ils y doivent principalement chercher, ce qu'ils doivent lire d'abord, & où il faut le plus s'arrêter. Or j'efpere que ce Catechifme pourra fervir à cette forte d'inftruction.

Après avoir rendu compte du deffein

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