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tuelle conjuration de l'impiété philosophique du dix-huitième siècle. - Nullité absolue de religion;-Exclusion même du mot religion; Athéisme universel; - Destruction de tous les trônes et établissement général de républiques: - Voilà les quatre derniers degrés du nouveau délire, où d'abîmes en abîmes, le philosophisme du dix-huitième siècle est enfin par

venu.

CHAPITRE H.

Sources, et manie systématique du philoso

phisme révolutionnaire du 18. siècle.

Formée par l'orgueil, la dépravation des mœurs et une basse jalousie contre le glorieux siècle de Louis XIV, la conjuration du philosophisme révolutionnaire a puisé ses maximes irreligieuses, incohérentes et destructives dans les mauvais livres des sophistes anciens, des Leucippe et des Epicure, des Celse et des Porphyre; et dans ceux plus mauvais encore des modernes, les Bayle et les Spinosa, les Collin et les Tindal; enfants impies de la Hollande et de l'Angleterre. Ils y ont puisé aussi cette manie de faire des systèmes sur la formation de l'univers, afin de le créer, chacun selon ses rêveries ou son caprice. La multipli cité de ces systèmes aussi ridicules qu'insensés a fait dire assez agréablement par l'estimable abbé Barruel, jésuite aussi instruit que zélé pour la défense de la religion, dans ses Lettres Helarennes, (ouvrage très-instructif, et qui fait bien connaître les contradictions et les absurdités de nos sophsites:)

« Nous n'aurons jamais deux jours de suite la << même opinion, le même système, (grâce à << nos philosophes.»)

«Le lundi, nous serons pour les soleils de « verre, d'émeril, de craye, de pierre-ponce; << et surtout pour la comète et les époques de «M. de Buffon,» (époques d'après lesquelles on mourra de froid à Montpellier, au mois de juillet dans 30,060 ans et dans 92,998 ans sous la zône torride elle-même.)

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«Le mardi, nous tiendrons avec Telliamed, > (anagramme du nom de M. de Maillet auteur > de cet ouvrage, où il dit que l'homme est né >> des poissons,) pour la terre dévidée par le > soleil, et pour le brochet et la carpe, nos très>> dignes parents. »

<< Robinet nous fera passer le mercredi assez >> joyeusement avec les œufs que pondent les >> montagnes, et ceux dont il a vu éclore le so>> leil et la lune. »

« Le jeudi, Lametrie, (médecin né en 1709, >> auteur de l'homme-machine,) nous racon> tera les amours de la tigresse, du renard, de >> la louve, et de tous ces animaux charmants dont > l'union a produit ce beau monstre que nous >> appelons homте.»

Le vendredi sera pour la nature qui a >> formé l'univers. » (selon l'auteur du Systéme de la Nature.)

« Le samedi sera pour l'univers qui n'a point été fait : » (et qui est par conséquent éternel, d'après l'ouvrage nommé à tort: Le bon sens.)

« Par respect pour Voltaire >> (chef des impies du dix-huitième siècle, né à Paris en 1694, et mort en 1778 dans la même ville, d'un genre

de mort qui faisait regretter au célèbre Tronchin, son médecin, que tous les incrédules n'en eussent pas été témoins;) « par respect pour >>> Voltaire, nous lui consacrerons le dimanche. >> Ce jour-là, nous croirons aux Adams de >> toutes les couleurs, ainsi qu'aux Pélerins de >> saint Jacques (dont les coquilles attachées à >> leurs chapeaux ont formé les montagnes de co>> quillages attribuées au déluge,) et puisqu'avec >> Voltaire, il faut toujours rire aux dépens de » quelqu'un, nous lui livrerons l'animal Pro>> totipe de M. Diderot : >> (animal qui a produit tous les autres animaux, et l'homme lui-même, dit cet obscur déraisonneur, l'un des rédaçteurs de l'Encyclopédie.) « Ainsi nous aurons >> chaque jour notre philosophie, mais celle de >> la veille ne ressemblera jamais à celle du len>> demain. » (Let. Helv. 31.)

Le philosophisme, après avoir puisé ses poisons dans les immondices de tous les siècles, et dans sa propre corruption, les a élaborés pendant 50 à 60 ans de toutes les manières, et répandus sous toutes les formes dans les veines du corps social. Leur fermentation à fait naître au moment marqué par la vengeance divinė la plus terrible des explosions.

CHAPITRE III.

Prédictions, phénomènes et charlatants avant et depuis la Révolution.

L'explosion de nos orages politiques souvent prévue par des hommes éclairés, a été précédée et suivie d'illusions, de jongleries, et d'évènements dont plusieurs nous semblent des phénomènes non sans exemple, ou sans analogies dans l'histoire, mais qui n'en sont pas moins dignes d'être rappelés comme des preuves de cette épidémie philosophique qui sera toujours le signe caractéristique du dix-huitième siècle. Parmi les phénomènes effrayans de ce siècle, l'on doit citer :

ART. 1.

Conspiration publique.

La formation publique d'une conspiration générale antichrétienne et antimonarchique, au sein même du royaume très chrétien, et au moment où il était encore éclairé par les derniers rayons du beau siècle de Louis XIV.

ART. 2.

Crédit des Conspirateurs.

Le crédit dont jouirent auprès des princes, des nobles, et même de beaucoup de membres du clergé, les sophistes du dix-huitième siècle, ennemis déclarés de la religion, de la royauté et de la noblesse, dont ils ambitionnèrent souvent les avantages tout en la déchirant.

Авт. 3.

Atteintes par l'autorité.

Les atteintes funestes portées au Saint-Siége, à l'Eglise gallicane, à la puissance royale, et à l'enseignement, par des magistrats, des corps et des autorités qui se disaient les défenseurs de la religion et de la monarchie; atteintes fa

vorables aux vœux des impies qui travaillaient à la destruction de l'une et de l'autre..

Авт. 4.

Funestes inconséquences.

La condamnation assez fréquente des principes dangereux des sophistes, pendant que l'on voyait fêter leurs personnes dans les cercles, et leurs mauvais livres jusque dans les cabinets des chefs du Gouvernement.

Авт. 5.

Prédictions non écoutécs.

L'inutilité des prévoyances trop bien fondées des amis éclairés de la religion et de la monarchie : en voici quelques-unes; lisez et jugez.

L'abbé Dubos imprimait en 1740, dans un excellent ouvrage, (Réflexions sur la Poésie, 3. vol. in-12.) ces mots : « L'esprit philoso>> phique fera. bientôt d'une grande partie de >> l'Europe, ce qu'en firent autrefois les Goths >> et les Vandales. » (t. 2. p. 497.)

Louis XV disait vers 1760: « Les philoso>> phes perdront la monarchie; je plains mon

>> successeur. >>>

Le Clergé dans son assemblée de 1765 disait en condamnant plusieurs mauvais livres... «Le >> mal est assez pressant pour allarmer les deux >> puissances... La majesté de l'être suprême, >> et celle des rois sont cutragées... L'esprit du >> siècle semble nous menacer d'une révolution » qui annonce de toutes parts une ruine et une

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