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> destruction générale.» (Condamn. de livres, in-4.° page 5.)

M. Seguier, avocat général, disait au parlement de Paris en 1770 : « L'impiété est arrivée >> au moment d'une révolution générale, qui ne > laissera plus ni culte, ni mœurs, ni Dieu. »

L'approche d'un bouleversement par le philosophisme devenait de jour en jour si frappante, qu'en 1775, M. Delille, officier, dans les vers d'une simple chanson, faite, dit-on, à Chanteloup, l'annonçait en ces mots : « Du > même pas marcheront noblesse et roture, les >> Français retourneront au droit de nature... >> Adieu parlements et lois, et ducs et princes >> et rois... Puis devenues vertueux par philoso>>phie, les. Français auront des Dieux à leur >> fantaisie, etc., etc. »

Le père Beauregard, jésuite célèbre par son zèle pour le salut des âmes, disait dans la chaire de la cathédrale de Paris, en 1776: « La hache » et le marteau sont dans les mains des philoso> phes; ils n'attendent que le moment favorable >> pour renverser le trône et l'autel. Vos temples, > Seigneur, seront dépouillés ou détruits : vos > fêtes abolies, votre nom blasphémé, votre >> culte proscrit. Mais qu'entends-je, grand > Dieu ! Que vois-je? Aux saints Cantiques qui >> faisaient retentir ces voûtes sacrées en votre >> honneur, succèdent des chants lubriques et > profanes; et toi, divinité infâme du paganisme, >> impudique Vénus, tu viens ici même prendre >> audacieusement la place du Dieu vivant, et >>t'asseoir sur le trône du Saint des Saints pour » y recevoir le coupable encens de tes adora>teurs. » (Le 10 novembre 1795, la convention se rendit à la cathédrale de Paris, appelée depuis Temple de la raison, pour y célébrer, avec les vrais sans culottes, la fête de la raison représentée sur l'autel par une comédienne. Des prostituées rendirent le même service à cette nouvelle déesse dans presque toutes les parties de la France pour remplir les vœux des zélés disciples de Voltaire, qui avait donné pour mot d'ordre à toutes les sectes philosophiques du dix-huitième siècle ce point de ralliement au milieu de leurs perpétuelles divisions: Ecrasez l'infâme, c'est-à-dire la religion catholique. Si ces sectes n'ont pas réussi, ce n'est pas leur faute. Puissent ceux de leur partisans dont la perte n'est pas encore consommée, dire avec toutes les personnes sensées : « Le doigt de >> Dieu est là: Digitus Dei est hic. » (Exo.) C'est lui seul qui les a sauvés jusqu'à ce jour.

En 1785, M. de Noé, évêque de Lescar disait dans un discours imprimé et non prononcé sur l'État futur de l'église : « Je vois les >> partisans de l'homme de péché, de l'impie, >> accourir sur ses pas dans nos temples, ren>> verser nos autels, en arracher les prêtres, >> porter une main sacrilège sur les ornements >> du sanctuaire, se charger avidement de ses >> dépouilles; fermer les portes de la maison de >> Dieu;... et par des libations impures pro>> faner... ces vases consacrés par la célébration >> de nos mystères les plus redoutables. >>>

L'un de nos plus illustres orateurs, honoré par 40 ans de zèle pour défendre la religion, l'Église et le Saint-Siége contre les attaques du philosophisme, malgré les persécutions et les cachots si voisins de la mort, Mgr. de Boulo

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gae, évêque actuel de Troyes, disait dès 1779, dans son éloge du Dauphin, fils de Louis XV:... « Il n'y a plus de règle, dès qu'il n'y a plus de >> barrière sacrée... » Il ajoute: «M. le Dauphin » voyait se préparer la fatale révolution, l'inva>>sion des impies plus redoutable encore que >> celle des barbares; il voyait à sa suite l'esprit >> de la nation qui s'énerve, et laisse la France >> languissante dans une consomption interne >> dont peut-être elle ne se relèvera plus... Il > voyait... tous les excès commis au nom de la >> raison; la dégradation des âmes entraînant >> celle des esprits : plus rien de sûr dans les principes;... l'oubli de toute vérité, et la fatale > indifférence qui mettant fin à toutes les dis>>>putes, mettra bientôt le comble à toutes les

» erreurs. »

Dans le carême de 1787, le même orateur qui a été plus d'une fois celui des rois et des princes pendant leur vie et après leur mort, annonçait à la Cour, surtout dans son sermon sur la vérité, de si effrayantes calamités, qu'un magistrat nous rappelait encore, il y a quelques années, l'effroi des auditeurs et le mécontentement de ceux qui ne veulent pas être troublés dans leur indolente et périlleuse imprévoyance.

Dans un mémoire lu au conseil du roi Louis XVI en 1788 (je crois) ou 1787, M. de Noailles lui disait : « N'entendez-vous pas Sire, le craquement de toutes les parties de la Monarchie qui s'écroule ? »

Dès 1778, M. Moreau né en 1717, et mort en 1803, savant historiographe de France dont les vues politiques étaient fondées surda religion

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et la justice, disait dans le cinquième volume de ses discours sur notre histoire, page 389 :... >> Souverains de la terre, que deviendra votre >> pouvoir, si ce n'est plus la conscience qui >> nous prescrit le devoir d'obéir? Que deviendra » la liberté des peuples?... Je suis effrayé de le >> prévoir, et je n'ose l'annoncer: mais nous ver>> rons sous les règnes suivants quelle est la force > la plus à craindre, ou celle de la souverai» neté que l'on abandonne, ou celle de la mul>> titude qui ne veut plus être soumise.... Malheur >> aux rois, malheur aux peuples, malheur à » l'État, lorsque la religion n'est plus regardée >> comme le rempart du trône!»

- Ces tristes prédictions furent traitées par tous les sophistes et les beaux esprits, de fanatisme, derêveries, de cagotisme, de capucinades, etc: Elles déplurent aussi à toutes ces personnes frivoles et insouciantes qui ne veulent pas être attristées, et qui se virent cependant forcées trop tôt à en pleurer, jusque sur les échafauds, l'effrayante vérité. Plusieurs arrachées de leurs habitations pour être livrées au bourreau, purent dire en y voyant pour la dernière fois lės portraits des Voltaire et des Rousseau, ce que dit le vertueux Louis XVI au milieu de ses malheurs : « Ces hommes ont perdu la France; » et peut-être, hélas! quelques-unes de ces per-sonnes pouvaient-elles ajouter: «ils m'ont perdu

» moi-même. »

Joignons aux prédictions que nous venons de rapporter, quelques évènements qui nous semblent par un certain mélange de folie, de corruption, de curiosité niaise et d'impiété, être une annonce de révolution.

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Авт. 6.

Le Mesmerisme.
An 1784.

En 1783, Mesmer, médecin Allemand, qui n'avait pu faire fortune dans sa patrie avec sa découverte du magnétisme animal, apporte à Paris son important secret. Il est promptement environné de curieux de toutes les classes : Nobles, gens de lettres, gens de cour, chimistes, médecins, physiciens, naturalistes; tous accourent au nom d'une philanthropie et d'un philosophisme affamé de nouveautés. Après beaucoup de conférences et d'explications, Mesmer consent à révéler son secret, si on veut lui assurer 240 mille francs. Cent amateurs souscrivent chez M. Margantin Notaire, rue saint Honoré, une obligation personnelle de 2400 francs. L'on rédige une espèce de constitution pour régler les droits et les devoirs des souscripteurs. Bergasse, l'un d'eux, nous apprend que leur but était de faire présent à l'humanité de cet important secret. (Observation sur un écrit de Mesmer 1785.) Tout s'arrange: le point essentiel est rempli, car ** Mesmer touche les 240 mille francs. Bergasse ajoute, (sans nous en dire le comment,) que Mesmer sut y en adjoindre encore 100 mille autres. Son domestique lui-même eut part à la bonne avanture: ses petits profits lui valurent 20 mille francs. Tout allait bien jusque là. Mesmer dévoile son secret, il explique le magnétisme animal, et ses procédés dans la cure des maladies. Newton qui ne s'en serait pas

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