Joseph Gall, né dans le Wurtemberg, en 1758, dépensa, dit l'auteur de l'exposition de sa doctrine, (Paris, 1804, 1 vol. in-8°.) cinquante mille fr., pour se procurer une collection de crânes d'hommes et d'animaux, de têtes en plâtre, et de cerveaux en cire, ainsi que pour imprimer sa découverte, et graver ses planches. Ses leçons furent défendues, en 1801, à Vienne en Autriche, comme n'étant propres... « qu'à >> bouleverser les têtes, à sapper les fondements. >> de la Religion, et à propager le matérialisme. >>> (Id.) Le docteur Gall se rendit à Paris avec tous ses crânes: grand empressement autour de lui: auditoire nombreux. Beaucoup de personnes trouvaient très-commode la doctrine des protubérances du cerveau, pour expliquer leurs passions, et justifier leurs vices. L'ignorance, la sottise, la fraude, la paresse, la cruauté, le vol même et le libertinage y cherchaient leur cause et leur excuse. L'on voyait force amateurs chercher les sinuosités et les protubérances de leurs crânes ou de celui des autres. C'était un moyen facile de répondre à tout. Les voleurs et les assassins eux-mêmes auraient, sans doute, substitué à leurs avocats, des experts cranologistes. Mais la chute de ces scientifiques visions n'a pas permis aux criminels de recourir à ce nouveau genre de défense. L'Encephalo-Cranio-Scopie, après avoir donné le jour à un assez grand nombre de brochures, et de pamphlets, s'est inscrite sur la longue liste des inventions aussi ridicules que dangereuses, et a fini par s'évaporer en épigrammes et en plaisanteries de toutes les espèces, ART. 12. Lavater. Avant 1789. Avant l'invention de la Cranologie, Lavater, ministre protestant à Zurich, avait enseigné à connaître le caractère des hommes par les traits du visage. Sa perspicacité avait reçu de grands éloges. Mais, ô vanité des Sciences physionomiques et philosophiques ! Les auteurs d'une nouvelle édition de son ouvrage, en 8 vol.in-8°., avec 6 vol. in-4°. de gravures, disent d'abord, que le philosophe instruit dans l'art de Lavater... « voit, (par les traits du visage) ce qui, >> est digne d'amour ou de mépris;.... devine >> l'âme, et trace le portrait moral... d'un per>>>sonnage... dont il ignore (même) le nom. >> Mais à la page 62 de leur Prospectus, on lit :... «que Lavater a cru aux rêveries des somnambules, à l'évocation des esprits, aux imposteurs Schræpfer et Cagliostro, et à tous les charlatants imposteurs de son siècle ! » Où était done alors cette perspicacité qui devinait les âmes? Cette science tant vantée de connaître les hommes à la seule inspection de leur visage, de quoi servait-elle donc au célèbre Lavater ? Quels services a-t-elle rendu avant et depuis la révolution, avant et depuis le retour de Louis XVIII en France? Ses 14 volumes ont - ils appris à distinguer, d'après leur visage, les honnêtes gens des fripons, les âmes droites des intrigants, et les vrais royalistes des révolutionnaires déguisés? Cette science de Lavater a-telle aidé depuis 50 ans, à éloigner des affaires publiques les esprits vains, irréligieux et vision naires? Prenons, pour exemple, Dupont de Nemours, né à Paris, en 1738, et mort en Amérique, en 1819, l'un des chefs des économistes, auteur de 16 à 17 ouvrages philoso-phiques, dans lesquels on lit :... « Que les ani>maux ont un langage entre eux comme les > hommes;... que s'ils ne font pas ce que nous > faisons, c'est qu'ils n'ont pas encore appris à >> écrire;... que le chat a l'avantage d'une lan> gue dans laquelle on trouve les mêmes voyelles > que prononce le chien; et de plus, 5 con>> sonnes, I'm, I'n, leg, l'r et l'f;... qu'il y a > un Dieu dans le połype, et peut-être plusieurs, >> un Dieu dans l'huître à l'écaille, et un très>> respectable dans l'éléphant; qu'il y en avait » un très - sublime dans Confucius, etc.; que la >> création de Nihilo est absurde;... que Dieu et > la matière doivent leurs propriétés au destin;... > que sous la puissance du destin, deux mots > très-clairs expliquent tout :... Natura natu>>rans, la Nature naturante, qui est Dieu, et >> Natura naturata, la Nature naturée, qui est >> matière, etc. L'auteur de ces absurdités consignées dans les Mémoires de l'Institut de France, dont il était membre, et surtout dans sa Philosophie de l'univers, (1 vol. in-8°.) n'en a pas moins été employé dans le Gouvernement, sous Louis XV, sous Louis XVI, sous la République, sous Bonaparte, et sous Louis XVIII, par lequel on l'a fait nommer deux fois conseiller d'Etat, ce qui recouvrit son serment de haine à la royauté en 1797: de quoi a donc servi, depuis 50 ans, la science de Lavater? Revenons, de cet exemple auquel l'on pour rait en ajouter tant d'autres, à la suite des phénomènes offerts en bien et en mal par la révolution. Nous appelons ainsi les faits suivants. ART. 12 bis. M. Neker, ministre. Le choix, en 1777, et en 1788 de l'ancien commis d'un marchand de Genève, pour être ministre du roi de France; d'un ancien garçon de caisse, devenu millionnaire, pour administrer les finances du royaume de Louis XIV, enfin de M. Necker, étranger calviniste, philosophe, bel esprit, pour régir la France au mo ment où la Religion catholique et la Monarchie étaient le plus violemment menacées par un philosophisme impie et cosmopolite. ART. 13. Crédulité ridicule.. L'importance donnée dans le dix-huitième siècle, même parmi les personnes les plus élevées aux rêveries absurdes des sophistes, et aux extravagances des charlatants, tels que les Saint-Martin, les Mesmer, les Cagliostro, etc.; tandis que l'on refusait de croire aux vérités, tout à - la - fois si consolantes, si sublimes et si simples de l'Evangile. ART. 14. La concession et l'appel des Etats-Généraux, dans le moment de la plus grande fermentation des esprits, et leur réunion à Versailles, à 4. lieues seulement de Paris, véritable foyer du volcan, où les factieux de toutes les parties de la France venaient, depuis 30 ans, allumer leurs torches incendiaires. ART. 15. Mécompte des Chefs. L'illusion de tous ceux qui ont aidé les fac-tieux à soulever la multitude, en se persuadant qu'ils pourraient la contenir ou la diriger au gré de leurs désirs, et de leurs intérêts, lorsqu'ils l'auraient précipitée dans la révolte, la fureur et l'anarchie. ART. 16. Imprévoyance des Constituants. La confusion des trois ordres, clergé, noblesse et tiers état, dans une assemblée qui s'appela constituante pour tout détruire, sans voir qu'ellé préparait la perte de la France et la sienne propre. Presque tous ses chefs ont péri sur l'é--. chafaud, ou par d'autres morts violentes. ART. 17. Église constitutionnelle. L'espérance d'établir sur les ruines de l'antique église gallicane, au nom du philosophisme, un fantôme d'Eglise constitutionnelle, après que 133 évêques sur 137, bravant tous les périls et la mort même, eurent refusé en 1791, avec une immense quantité des plus respectables prêtres dans tous les rangs, de prêter |