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CHAPITRE VI.

Impiétés, contradictions et absurdités des principaux Sophistes du dix-huitième siècle, promoteurs de la révolution; le tout avec leurs propres expressions.

Après avoir parlé des caractères distinctifs, des phénomènes et des contrastes, de la révolution française, venons à ses résultats. Pour les mieux apprécier, faisons d'abord connaître les causes de cette révolution, en rappelant les noms de ces principaux auteurs avec quelquesunes de ces erreurs, et de ces opinions incohérentes, séditieuses, absurdes et impies, par lesquelles ces sophistes ont préparé cette grande catastrophe. Il sera plus facile alors de comparer les causes et les effets, les principes et les conséquences, les désirs et la réalité, les maîtres et les disciples.

ART. 1.

Voltaire, chef des impies du dix-huitième siècle, né à Parisen 1694, et mort en 1778.

Commençons par celui dans lequel Dieu a permis, pendant plus de 60 ans, le plus funeste abus des dons de l'esprit, pour apprendre aux peuples par les suites effrayantes de cet abus, qu'il est des hommes plus à craindre pour eux que les conquérants, et les ravageurs de provinces, même les plus redoutables. Commençons par cet écrivain qui, rempli de talens, pétri d'orgueil, affamé de célébrité, a surpassé les

Protées, les Gaméléons, les Circées de la fable par son habileté à varier les travestissements et les poisons de son irreligieux délire. Sa plume aussi versatile que séduisante outrageait ou louait, selon les intérêts et les caprices du moment, la religion et les mœurs, les autels et les trônes, les pontifes et les magistrats, les princes et les peuples. Ce chef des incrédules dont le mot d'ordre était un blasphéme, et les confidences des sacrilèges, écrivait au cauteleux d'Alembert son lieutenant : Ecrasez l'infâme, c'est-à-dire, la religion du Dieu de toute sainteté; et au comte d'Argental: «Si j'avais cent mille hommes, >> je sais bien ce que je ferais; mais comme je >> ne les ai pas, je communierai, et vous autres >> philosophes en direz ce que vous voudrez. >>> (Corresp. 1765 et 1767.) Se moquant de tout, et n'étant arrêté par aucun respect, il fut un distributeur aussi infatigable qu'ingénieux de critiques, de railleries, de satires, de bouffonneries et de mensonges, traitant du même ten toutes les matières, et s'exposant hardiment à des méprises ou des infidélités aussi grossières que ridicules. (1) Ce trop célèbre coriphée des esprits faux et superficiels, et des cœurs corrompus, puisa jusques à 84 ans dans les dépôts

(1) Voyez entre autres, dans le 3.o vol. in-12 des Lettres de quelques Juifs, édition de 1815, ses méprises ou ses barbarismes sur le latin et le grec de la page 343 à 360; sa science dans l'hébreu dont il a tant et tant parlé, de la page 360 à 400, et son aveu ainsi conçu, pag. 411: «J'ai pris un rabbin >> pour m'enseigner l'hébreu; je n'ai jamais pu l'ap>> prendre. >>

infects de l'impiété et du libertinage, et ne se lassa jamais de copier et de rajeunir les mauvais livres des autres, ou les siens propres. Le resultat de tant de productions sous tous les noms, er sous toutes les formes, en prose et en vers, fut pour lui de préparer, en se déshonorant par ses excès, son propre malheur et celui peutêtre de plusieurs millions de victimes qui le maudiront éternellement. Il a offert à une cupidité plus avide encore d'argent que de scandales, le moyen de rassembler, en y faisant entrer Brochures, lettres, pamphlets, libelles, etc. volumes dans lesquels l'on trouverait difficilement dix pages de suite entièrement irrepréhensible aux yeux du bon sens, de la vérité, de la religion et de la décence. Nous en avons déjà fait l'expérience, et nous offririons volontiers, selon nos faibles moyens, de la répéter à qui le voudrait. Citons quelques-unes de ses contradictions et de ses erreurs (1).

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(1) Nous conseillons, surtout aux jeunes gens studieux, de lire entre autres le supplément à la philosophie de l'histoire, par le savant académicien Larcher, 1 vol. in-8.°, les Lettres de quelques juifs à M. de Voltaire, par l'abbé Guence, 4 vol. in-12, ouvrage plein de grâce et de science, et spécialement les Lettres Helviennes, 5 vol. in-12; ouvrage très-instructif, qui nous a été fort utile en ce moment et dès notre jeunesse. En rapportant les honteux égarements des sophistes du dix-huitième siècle, avec leurs propres expressions, et en les réfutant, son estimable auteur, M. l'abbé Barruel, a bien justifié ces paroles des livres saints, qui forment son épigraphe: Ostendam gentibus nuditatem tuam. (Nah. 3 v. 5.)

<< Dieu seul est le principe de toutes choses, >> et toutes existent en luiet parlui. (Q. Ency. >> Idées.) Une horloge prouve un horloger, >> et l'univers un Dieu. » (Athéis.)

« L'existence de Dieu n'est point du tout >> nécessaire à la création de l'univers. » (T. 8. p. 352.)

« L'homme est libre sur la terre. » ( Disc. en vers sur la liberté.) « Les hommes font > un détestable usage de la liberté que Dieu. >> leur a donnée. » (Athéis. c. g.)

<< Tout se fait par les lois immuables du >> destin,... tout est nécessaire. » (Dic. phil. destin.)

« Les hommes sans la liberté, ne seraient' >> que de pures machines. » (Athéis. c. g.)

« Nous sommes des machines, ainsi que >> tous les autres animaux. » (Principe d'action.) « Notre volonté n'est pas libre, mais >> nos actions le sont. Mon chien de chasse est >>donc aussi libre que moi. » (Encyclop. liberté.)

« Je crois un Dieu créateur, vengeur et >>> remunérateur. » (L. à J.-J. Rousseau.)

« Je conçois l'univers éternel, parce qu'il > ne peut avoir été formé de rien. » (Principe d'act. n.° 4.)

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« Dieu dit, et tout existe. » (Encyclop.. art. éter.) « Nier l'existence de Dieu, c'est >> vouloir peupler la terre de brigands, de >>scelérats et de monstres. (Athéis.)

« Spinosa était non-seulement un athée, >> mais il enseignait l'athéisme. » (Atheis.) « Qu'un philosophe soit spinosiste s'il le >> veut. » (Axiome. 3.)

« Dieu est le plus libre de tous les Etres. >>>

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(Principe. d'act. n. 6.)

« Dieu est soumis à la loi d'un destin in

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( » évitable. » (Principe d'act. n.o 13.)

« On peut assurer, sans crainte de se trom>> per que Dieu est infini. » (Q. Encyclop. art. infini.)

« Il n'y a aucune raison de croire Dieu >> infini. » (Prin. d'act. n.o 4.)

« La liberté qu'il donne à tout être qui >> pense, fait des moindres esprits et la vie >> et l'essence. » (Disc. en vers sur la liberté.) «Les hommes obéissent irrésistiblement aux

> lois du grand Être. » (Principe d'action.)

« Quand notre raison nous apprend que >> 2 et 2 font 4, elle nous apprend aussi qu'il >> y a vice et vertu,... et qu'un bienfait est >> plus honnête qu'un outrage. » (Dict. phil. art. just.)

« Il n'y a pour les animaux comme pour >>> nous, ni bonté, ni méchanceté morale. » (Principe d'action.)

« L'ortodoxe.... ne se trompe pas en as> surant l'immortalité de l'âme, puisque la >> foi et la raison démontrent cette vérité. » (Q. Encyclop. art. Ame. n.o 3.)

<<Pour que je fusse vraiment immortel, >> il faudrait que je conservasse mes organes. >> Ouvrez le tombeau, vous n'y trouverez rien. >> qui vous donne la moindre lueur d'espé>>rance. » (Lettr. de Memn.)

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