éclairé l'en rendre l'ornement le plus durable. ART. 4. Suite de ses services du 8. au 17. siècle. Ainsi se termine pour l'Eglise Gallicane le 8.° siècle. Par les sages règlements de ses conciles elle entra dans le g. d'une manière non moins utile pour la France, et non moins glorieuse pour elle. De tous les siècles qui l'ont suivie jusqu'au 16., il n'en est aucun dans le quel elle n'ait rendu les plus éminents services; il n'en est aucun qui n'ait offert à la vénération publique des évêques et des prêtres respectables par leur science et leurs vertus, même dans les temps où un grand nombre de Français placés aux premiers rangs savaient à peine lire. Dans tous, elle a formé des fidèles distingués par leur piété, leurs lumières et leurs bonnes œuvres. C'est dans le sein de l'Eglise Gallicane qu'ont pris naissance, ou se sont le plus illustrées tant de maisons, tant de congrégations religieuses qui ont répandu l'instruction, la sainteté et tous les bienfaits de la Religion, nonseulement en France, mais dans beaucoup d'autres partie du monde. L'Eglise de France a civilisé des peuples grossiers, fondé une monarchie puissante, détruit la servitude, créé au milieu de la bar-barie un droit de la guerre plus humain; construit des cités, défriché des forêts, conservé les arts et les sciences, élevé soixante-dix rois catholiques, érigé des monuments sans nombre à la gloire de l'Eternel, et ouvert des asiles à toutes les infirmités humaines. Mais ce qui doit surtout exciter notre admiration et notre e reconnaissance envers la miséricorde divine, c'est qu'elle ait su conserver depuis sa naissance la pureté et l'intégrité de sa foi à travers les invasions des Barbares idolâtres ou hérétiques jusqu'au 7o. siècle; des mahométants au 8.; des Normands au 9. et 10.°; au milieu de la belliqueuse agitation des croisades au 12.o, ainsi qu'au 13.°; des entreprises perpétuelles de l'Angleterre contre la France au 14.* et dans une partie du 15.*; enfin, dans le feu des crises convulsives et sanglantes du calvinisme pendant tout le cours du 16.°; crises qui furent si violentes qu'elles semblaient devoir tout engloutir. Ce qui ne doit point paraître moins admirable, c'est d'entendre, dans les siècles de grossièreté et d'ignorance, cette église parlant toujours le langage du bon sens, de la vérité et de la sagesse, lors même que plusieurs de ses ministres partagent les vices de ces siècles; et le parlant seule, tandis que toutes les autres classes, plongées presque en entier dans d'épaisses - ténèbres, sont obligées, pour leurs intérêts temporels, et même pour la guérison des mala.. dies, de recourir à ses membres. Hors de l'église catholique à laquelle son - divin auteur a promis qu'il ne l'abandonnerait -point jusqu'à la consommation des siècles, que - Fon nous montre des prodiges de cette nature. Sur cent trente - sept premiers ministres d'une religion quelconque, nés, en général, et élevés dans la grandeur et l'opulence, ayant, malgré eux, respiré plus ou moins l'air mal sain d'un siècle tel que le dix-huitième, que l'on nous en montre cent trente-trois résistant avec un courage unanime aux assauts réunis de la fureur et de la tendresse, de la fortune et de l'indigence, de la mort et de la vie, pour rester fidèles à leur Dieu, à leur conscience et à leur roi. ART. 5. Observations sur les Souverains-Pontifes. Sur les huit cents souverains connus de l'Histoire ancienne, et sur les mille cinq cent de la moderne, que l'on nous en montre deux cent cinquante-trois siégeant de suite sur le même trône, pendant 1780 ans, comme les souverains pontifes de Rome, sans qu'aucune force humaine ait pu détruire cette succession, quoiqu'elle ait été pour plus de cent de ces pontifes la route des persécutions, pour plus de trente celle du martyre, et pour tous un combat perpétuel pour le soutien des divines vérités de la religion catholique qu'ils n'ont cessé de prêcher et de défendre. Ils les ont défendues ces vérités sans jamais établir l'erreur, même par la bouche de quelques-uns d'entr'eux qui ont, d'une manière plus affligeante, payé le tribut aux faiblesses de l'humanité, tribut qui nous paraît rendre ce prodige encore plus étonnant. C'est une chose incompréhensible pour celui qui ne croit et n'adore point les promesses de Jésus-Christ à celui auquel il a dit: «Vous êtes Pierre, et sur cette > pierre je bâtirai mon église et les portes de >>l'enfer ne prévaudront jamais contre elle.» Tu es Petrus, et super hanc petramæ dificabo Eeclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt adversùs eam. (Mat. 16.) Ego rogavi pro te ut non deficiat fides tua.... Confirma fratres tuos: (Luc. 22.) ART. 6. Grandeur de l'Eglise gallicane au 17.° siècle. Revenons à l'église gallicane, l'une des plus belles portions de cette église universelle. Nous avons dit qu'elle conserva seule en France le flambeau de la vérité dans les siècles de ténèbres. Elle sut aussi le conserver du treizième au seizième siècle, époque où, sans une grâce particulière de la bonté divine, l'esprit de subtilité, et la fausse science eussent été aussi funestes à la noble simplicité de la foi catholique, qu'un philosophisme novateur et inquiet l'a été au bon sens depuis le dix-huitième siècle. C'est avec cette sûreté dans son antique doctrine, dans ses traditions apostoliques, que l'église gallicane s'est présentée à ce beau siècle, qui devait l'élever avec la France entière au plus haut point de grandeur, de science, et d'illustration : c'est alors que l'on a vu sortir de son sein les trésors des siècles anciens, brillants d'un nouvel éclat; c'est alors que ces grands écrivains, distingués dans tous les genres d'instruction vraiment utile, ont enrichi le monde de trésors nouveaux, pendant que les Berulle, les François-de-Sales, les Bouthilier-de-Rancé, les Olier, les Bourdoise, les Vincent-de-Paul, les Lasalle, fondateur des écoles chrétiennes, opéraient ou préparaient d'autres merveilles. Tout dans l'ordre spirituel et temporel fut marqué au coin de cette grande époque, l'une des plus glorieuses du genre humain: science et zèle dans l'épis copat où l'éclat de la naissance est augmenté et sanctifié par celui de la vertu; beaucoup 1 d'instruction et une sainte ardeur pour la gloire de Dieu dans tous les rangs du sacerdoce; émulation et modestie dans les élèves du sanctuaire; respect, décence et piété dans les temples; erudition, ferveur et édification dans les cloîtres; grandeur dans le monarque; habileté et amour du bien dans les ministres; lumière, sagesse dans la magistrature, et une dignité dans la noblesse, unie à la bonté, dignité dont le souvenir nous paraît s'effacer tous les jours, mais dont nous pourrions cependant citer encore des exemples, soit auprès des princes qui en sont le modèle, soit dans les armées ou dans les antiques manoirs de la loyauté et de la bravoure. L'on voit aussi, dans cet heureux siècle, talents et respect religieux dans les académies, une vivifiante rivalité dans les arts, prospérité et probité dans le commerce, honneur aux grands souvenirs et à tous les genres de mérite, l'éducation confiée à des maîtres, à des institutions célèbres par leur capacité et leurs succès; partout un goût éclairé, à la cour et à la ville; partout, et dans tous les rangs, une politesse, une urbanité, un tact des convenances qui ne sont presque plus connus que dans les livres; enfin un je ne sais quoi de réservé que l'on serait tenté d'ajouter, et de grand jusque dans les faiblesses de l'humanité. (1) (1) L'estimable auteur de l'Ami de la Religion et du Roi, écrivain aussi éclairé que vertueux, et _dont les écrits, en général, nous ont toujours paru très-utiles à la religion, fait espérer un tableau des vertus et des services de l'Eglise gallicane dans |