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ART. 7.

Son entrée dans le 18. siècle avec Bossuet

à sa tête.

Environnée de ce cortège majestueux du siècle des splendeurs, l'église gallicane entre dans le dix-huitième siècle. Elle voyait encore

le 17. siècle. Nous faisons des vœux pour que Dieu lui accorde la grâce de réaliser cette espérance. Tous les amis du bien les partageront; ils le feraient quand ils ne connaîtraient de cet écrivain si digne du titre de son journal, que les paroles suivantes (juillet 1820): «Ce tableau serait uni>>>quement celui de la piété et des bonnes œuvres >> (dans tous les rangs, comme il le dit auparavant, >> cardinaux, archevêques, évêques, prêtres, prin»ces, princesses, religieux, dames les plus illustres, >> ermites, simples fidèles, etc., etc.)... On y ver>rait ce grand nombre d'établissements religieux >>>et charitables, formés comme par enchantement: >>>des hôpitaux, des maisons de refuge, des églises >>bâties, des réformes d'anciens ordres, des con>>grégations nouvelles, des séminaires créés de >> toutes parts, la discipline ecclésiastique réta>>blie, des missionnaires parcourant la France, ou >> partant pour les pays les plus lointains, des bon>nes œuvres de toute espèce, formées et suivies

avec un dévouement et une constance admirables: >> temps heureux où la religion était l'âme de la so>>ciété, et où son influence bienfaisante faisait éclore >>les institutions utiles, les fondations pieuses, et >> des monuments de zèle et de charité dont notre >> indifférence (ce mot est insuffisant) a détruit les >> uns, ou laissé dépérir les autres. » Puisse M. Picot remplir bientôt ces titres de sujets si intéressants et si utiles!

dans ses rangs une partie des hommes qui l'avaient le plus illustrée par leurs lumières et leurs vertus. Elle y voyait l'immortel Fénelon dont l'esprit et le cœur ornés de tant de grâces étaient la source de cette touchante éloquence, de cette aimable persuasion qui découlait de ses lèvres et de sa plume ingénieuse comme une douce rosée qui pénétrait les âmes, y faisait aimer toutes les vertus, et pouvait même y faire désirer celles qui sont au-dessus de l'humanité. Au milieu de ses membres vénérables et de ses glorieux souvenirs, cette Églises'avance avec une noble confiance ayant encore à sa tête le savant et sublime interprète des oracles du ciel, le grand Bossuet, l'un des génies les plus vastes et les plus profonds qui aient paru; Bossuet placé par l'auteur de tout don à une haute élévation au-dessus de tous les nuages, pour pénétrer plus avant dans les profondeurs du ciel, et dans les obscurités des siècles passés et futurs; pour combattre toutes les erreurs; pour établir avec une force nouvelle toutes les vérités de la foi; et pour éviter peut-être à la France, dans des moments critiques, de funestes déchirements, même en n'exposant que des opinions, dont l'Église dans son infaillible sagesse n'a point jugé la décision nécessaire au salut de ses enfants. Mais cette Église voit bientôt commencer en lui l'une de ses pertes les plus sensibles. L'aigle de Meaux s'envole dans l'éternité, laissant pour consolations le souvenir de ses combats et de ses victoires; de sa foi, et de sa vigueur vraiment épiscopale; et ses immortels écrits. Cette perte est assez promptement suivie de celle du religieux monarque, qui sut

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à 22 ans, dans l'ivresse du pouvoir et des plaisirs, reconnaître et écrire au père du grand Bossuet, qu'il avait donné le jour à un fils qui immortaliserait son nom; de ce prince qui, même dans ses égarements, honora toujours la religion, et lui donna dans ses revers des preuves de grandeur d'âme, qui seront à jamais l'un des plus beaux traits de ce règne, et le triomphe et l'orgueil de la France. A la mort de Louis-le-Grand, en 1714, les passions longtemps comprimées par un sage Gouvernement et par d'illustres exemples, se débordèrent comme les eaux des torrents à la chûte du rocher qui arrêtait leurs fureurs. Les vices brillants de la régence donnèrent, sous la minorité de Louis XV monté sur le trône à 5 ans, un trop libre cours à leur débordement. Elles portent partout l'amour des innovations, le trouble et le désordre. Il s'opère de promptes métamorphoses. L'or se change en clinquant, le diamant en pierre fausse, la majesté en air bourgeois, la dignité en frivole élégance. La gravité fait place à la bouffonnerie, la décence au scandale : le bon sens au bel esprit : la libéralité devient profusion, et l'on convertit les trésors d'un grand royaume en billets d'un aventurier. (Law, fils d'un coutelier écossais, condamné à la potence dans Londres en 1707, ministre des finances du royaume de Louis xv en 1720, et mort dans la misère à Venise en 1729.) Ces changements font naître le bouleversement dans les fortunes et dans les mœurs. Ils en font craindre de plus grands encore. L'Eglise effrayée fait entendre ses gémissements. Sa sollicitude maternelle cherche en

vain à ramener des enfans qui s'égarent. Les passions n'ont d'oreille que pour ceux qui les flattent.

ART. 9.

Naissance du philosophisme.

L'inondation des vices se répand de toutes parts, elle laisse sur son passage un limon fangeux dont la putréfaction fait éclore des milliers d'insectes vénimeux et malfaisants. Transe formés par la vengeance divine en légions de sophistes, ils commencent à répandre dans l'ombre les poisons dont ils sont nourris. Ensuite ils s'insinuent, déguisés sous les noms encore séduisants de philanthropie, de tolerance, de philosophie et de patriotisme. La livrée du bet esprit, de la mode, et du mépris des préjugés, les aide à se glisser dans les lieux où les premiers travestissements n'avaient pu les introduire.

ART. 10.

Ses rapides progrès.

Mais bientôt devenus plus forts, et plus audacieux, ils proclament ouvertement leurs maximes impies et séditieuses. Les partis se forment, les sectes se multiplient. Ces sophistes ont des systèmes pour tous les esprits, et des vices pour tous les cœurs. Au milieu de leurs divisions systématiques et insensées, ils inscrivent pour signe de raltiement, au haut de leur nouvelle Tour de Babel: Haine à la religion. L'Église, dont les justes frayeurs allaient toujours en croissant, n'a cessé de faire entendre ses plaintes, et d'opposer la vérité au mensonge. Affligée par l'égarement d'une partie de ses enfants, tourmentée par les novateurs, outragée par les ennemis de Dieu et des rois, elle pousse enfin les cris d'alarme. L'audace les combat, la crainte les étouffe, l'indolence les critique, et la faiblesse les rend inutiles. Le jour de la colère du Seigneur est arrivé; jour de nuages et de tempêtes, jour de ténèbres et de boulversements, de crimes et de calamités. Lisez et remerciez Dieu de ce que la France est encore France, de ce qu'elle a encore l'ineffable bonheur de posséder la vraie religion, et un roi légitime.

ART. 11.

Commencement de la révolution.

An 1789.

Le philosophisme, après avoir miné pendant plus de 60 ans les fondements de la religion et de la monarchie, obtient enfin de l'autorité ellemême les moyens de les attaquer publiquement avec des armes cachées sous les anciennes formes monarchiques. A force d'intrigues, de séductions, et de promesses fallacieuses, il arrache à la bonté de Louis XVI et à son zèle inépuisable pour le bonheur de son peuple, la convocation des états-généraux. Elle lui est accordée dans le moment même où l'agitation excitée par lui, devait la rendre plus funeste. Un protestant Génévois, bien digne d'être l'instrument du philosophisme, M. Necker prépare et procure à cette assemblée une

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