organisation conforme aux vues de la coalition de toutes les erreurs, et de toutes les passions contre les trônes et les autels. Nous avons rappelé plus haut les doctrines abominables des sophistes du dix-huitième siècle. Nous voici arrivés à leur entière application. Nous avons vu que leurs théories étaient impies, absurdes, et séditieuses. ART. 12. Idée générale despersécutions du philosophisme. La pratique unira à cette encyclopédie de systèmes, de visions chimériques, et de blasphêmes un monstre de plus, la cruauté et le vandalisme portés jusqu'au délire de l'impiété la plus barbare. Outre les assassinats et les massacres de cinq Archevêques et Evêques, ainsi que d'une immense quantité d'ecclésiastiques et de fidèles de tous les rangs; outre la spoliation, et la périlleuse déportation d'un nombre infini d'autres victimes de la rage antireligieuse; qui pourra redire les vexations, les tortures, les profanations, les sacrilèges, les horreurs des eachots les plus infects, ou des bateaux à soupape, enfin les angoises de la terreur et de la mort qui, ont couvert comme d'un voile funèbre les trente mille lieues carrées de la France catholique, depuis 1791 jusqu'au 9 thermidor, 27 juillet 1794, et trop souvent encore après cette époque? Nous croyons pouvoir assurer qu'il n'a pas existé en France, dans ces temps déplorables, nous ne disons pas seulement une ville et un bourg, mais encore un village, et même un hameau un peu mar quant, où il n'y eût au moins un impie persécutant, et quelque catholique persécuté, ecclésiastique ou laïc. Plus de 60 mille Eglises ont été successivement pillées, dévastées, et plus ou moins souillées. Il s'est commis dans beaucoup des forfaits qu'une bouche chrétienne oserait à peine raconter. Tous leurs ministres ont été dépouillés. Ceux auquels Dieu a fait la grâce de rester fidèles aux invariables lois de notre divine religion ont été, ou mis à mort, ou déportés, ou incarcérés, ou réduits à se cacher. Ceux qui avaient eu le malheur de se laisser entraîner, et que la miséricorde divine a rappelés, ont en général reçu la même récompense de leur courage et de leur heureux retour à la vérité. La fureur du philosophisme ne s'est point contenté du pillage et de la dévastation des Églises. Un grand nombre de ces édifices sacrés a été livré à la destruction, ou à des usages profanes, et quelquefois même sacrilèges. Dans beaucoup d'endroits les âmes religieuses ont été long-temps saisies d'horreur et d'effroi, en se rappelant seulement les affreux brigandages qu'elles avaient vu exercer dans la maison du Seigneur. Nous croyons devoir citer ici le mot bien expressif que nous entendîmes en 1796 sortir tout naturellement de la bouche d'un bon fermier. Ce brave homme, après avoir fait à une dame dont il cultivait les terres, un récit assez animé de ses malheurs sous le règne de la convention, conclut brusquement :... Enfin, ma chère dame, j'ons été persécuté comme une Eglise. Ge mot nous frappa; il en dit plus que 50 pages de narrations. ART. 13. Quelques faits à l'appui par années. Il nous semble que ceci suffirait pour montrer quel a été le respect du philosophisme révolutionnaire pour la religion, première base des sociétés humaines. Mais, selon notre usage, nous y ajouterons des faits positifs pour l'instruction de ceux qui n'ont point vu ces jours de vertige et d'infortune. Un tableau chronologique placé dans le premier volume du supplément au dictionnaire historique de Feller, rappelle plus de 300 mesures de persécutions générales ou particulières, directes ou indirectes contre l'Église et ses ministres. Nous allons en citer plusieurs en renvoyant pour les détails au dépôt général des folies et des crimes de la révolution (le Moniteur,) et aux mémoires du temps. An 1789. Dès le commencement des États-généraux dont l'ouverture se fit par Louis XIV le 4 mai 1789, l'ordre du clergé composé de 48 archevêques et évêques, de 35 abbés ou chanoines, et de 202 curés, entendit gronder l'orage, et vit l'horison chargé de nuages prêts à lancer la i foudre. ART. 14. Du 25 juin 1789 au 2 septembre 1792. Le 25 juin suivant, le vénérable et bienfaisant archevêque de Paris, Monseigneur de Juigné, est insulté au sortir de l'assemblée par des gens ameutés à ce dessein; l'on poursuit à coup de pierre, au nom du peuple, cet excellent prélat qui, peu de mois auparavant, avait épuisé sa caisse, fait des emprunts, engagé son patrimoine, et vendu jusqu'à sa vaisselle pour soulager la misère du peuple dans l'hiver de 1789. Le 7 août 1789, l'assemblée abolit les dîmes, et déclare que les biens du clergé appartiennent à la nation, ce dont ne s'étaient jamais doutés tous ceux qui, depuis 1500 ans, les avaient successivement consacrés au service de Dieu et des pauvres. Le 26 (id.), elle proclame la liberté des cultes, ce qui, dans l'esprit du philosophisme, était et devint en effet bientôt, pour tous, synonime de l'indifférence et de la nullité, excepté pour le seul véritable, celui de l'Eglise catholique qui a toujours été, et sera jusqu'à la fin du monde, honoré de la persécution des impies. Le 29 octobre 1789, — - suspension des vœux religieux par zèle surtout pour la population, que les Voltaire, les d'Alambert, les Diderot, et plusieurs autres philosophes du dix-huitième siècle, n'ont pas augmenté d'un seul enfant, à l'exception de J. J. Rousseau qui lui a donné deux batards relégués aux enfans trouvés; population à laquelle leurs doctrines ont fait perdre 8 à 10 millions d'hommes depuis 1789. Le 2 novembre 1789, les biens du clergé mis à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir aux besoins du culte, des écclésiastiques et des pauvres. Qu'est-il revenu à la nation et aux pauvres de ces trois milliards environ de propriétés envahies? 1790. Le 13 février, - suppression en un quart d'heure de tous ces ordres religieux, l'ouvrage des siècles, et auxquels depuis 13 à 14 cents ans, la France avait dû successivement tant deser vices dans la religion, les sciences, les arts, la culture des terres, l'éducation de la jeunesse, le soulagement des malheureux, la prédication de l'Evangile, et la conservation des trésors de la littérature sacrée et profane. Le 13 avril, - Monseigneur de Cicé, archevêque d'Aix, offre au nom du clergé 400 millions pour subvenir aux besoins de l'État. Dès le 20 mai 1789, -l'Église gallicane avait renoncé à ses exemptions pécuniaires. Mais ce n'était point ce que l'on voulait. Sa destruction entière était le mot de l'énigme que l'on n'osait encore expliquer publiquement. Le 31 mai, - instruction sur la vente des biens du clergé. Le 18 juillet, -nouvelle fixation des évêchés, d'après un travail de Bois Landri, marchandet député de Paris. Le 12 juillet, - nouvelle organisation du clergé de France, sous le nom de constitution civile du clergé, nom aussi étranger à l'Église catholique, que les faux principes dont elle était remplie. Le 25 octobre, décret qui exige le serment à la Constitution civile du clergé. Vers ce temps un membre du comité des recherches écrit: Osez tout contre les prêtres, vous serez sou tenus. Le 1er novembre, pillaged'abbayes: pillages |