baye, au Grand-Chatelet, à la Conciergerie, à la Force, et au cloître des Bernardins. Ces maisons furent teintes du sang de près de 300 prêtres et de 11 à 1200 autres victimes, Suisses, gardes et officiers du roi, et autres personnes marquantes par leur naissance, leurs fonctions leur dévouement, y compris l'infortunée princesse de Lemballe, dont les assasins portèrent la tête au bout d'une pique, traînèrent les membres sanglants dans les ruisseaux, et arrachèrent le cœur pour assouvir leur fureur anthropophage. Ces massacres se répétèrent dans plusieurs villes, surtout à l'égard des prêtres, avec une férocité non moins effroyable: ils continuent à Paris, nuit et jour, du 2 septembre au 7. Nous avons ouï dire à un témoin oculaire que le sang humain coulait dans les ruisseaux comme celui des animaux dans l'endroit où on les égorge. La rage des bourreaux armés de vingt instruments de mort, tels que sabres, fusils, haches, lances, coutelats, piques, épées, poignards, etc., la réproduisait longtemps au milieu des blessures et des souffrances les plus cruelles, avant que les victimes du philosophisme révolutionnaire pussent, en expirant, consommer leur sacrifice. Aux Carmes de la rue de Vaugirard, à Paris, Mgr. Dulau, pontife << dont la piété égalait le >> savoir, dont la modestie surpassait le mérite,» dit le respectable auteur des Confesseurs de la foi; (T. 1. p. 88.) après avoir béni et encouragé ses frères en leur disant : « Soumettons>>> nous, et remercions Dieu d'avoir à lui offrir >> notre sang pour une si belle cause,» tombe percé successivement par deux bourreaux, sans proférer une parole de plainte, et n'expire que sous les coups différés d'un troisième. Après la mort de ce saint prélat, les mas-sacres continuent. Refugiés dans la chapelle, les ministres du Seigneur offraient à Dieu leur dernière holocauste. Les assassins viennent les y assiéger. Les prêtres encore vivans sont arrosés du sang de leurs frères frappés avant eux. Le pavéen ruisselle: les murailles en sont teintes. Une balle atteint l'évêque de Beauvais qui était en prière. L'évêque de Saintes, qui avait mieux aimé s'exposer à tous les périls, que de se séparer d'un frère si tendrement aimé, et si digne de l'être, court à lui, l'embrasse; et ces deux vénérables pontifes, Mgr. François Joseph, et Pierre Louis de Larochefoucauld, périssent sans que le fer des meurtriers puisse rompre les liens de la tendresse, fortifiés par l'héroïsme de la foi, et couronnés par le martyre. Dieu seul connaît, dans toutes leurs circonstances, les tourments soufferts, et le nombre des victimes immolées à Paris, ainsi que dans toute la France, pendant ces jours remplis des horreurs du crime, et des triomphes de la vertu. « Les victimes étaient traînées par les pieds, >> ou par les épaules, et avaient la tête fracassée >> par les frottements du terrain, (et les coups » qu'elles recevaient.) Leurs joues tombaient en >> lambeaux, déchiquetées par les sabres et les >> couteaux. On jetait des corps encore palpi> tants sur des cadavres inanimés. Le sang ruis>> selait à grands flots sur les lits, dans les >> chambres, le long des escaliers, dans les cours, >> et allait grossir les ruisseaux des rues sous > milles formes plus épouvantables les unes que >>> les autres : le carnage multipliait les accidens >> de la douleur et de la mort: et ce qui peint >>>d'un seul trait l'horreur non encore surpassée >> de ces lugubres scènes, c'est l'étude que fai>> sait une partie des prisonniers des différentes >> positions dans lesquelles chacune des victimes >> qui les précédait, se laissait immoler, pour >> connaître la position qui rendait la mort plus >> prompte et moins cruelle. Etrange et lamen>> table situation inouïe jusqu'alors dans les fastes >> des proscriptions (et des fureurs) populaires!.. >> La tête de l'infortunée princesse de Lamballe,.. >> dont le seul crime était son héroïque et con>> stante amitié pour la Reine.... placée au bout >> d'une pique, fut promenée autour des murs du >> Temple, les joues rougies d'un fard pétri avec >> son sang, tandis que son cadavre était aban> donné à ces harpies dont l'enfer dut alors en>> vier la possession. » (Article sur les 2 et 3. sept. 1792, par M. de Lestrade. Drap.-blanc du 3 sept. 1820, n.o 247.) M. Le Franc-Eudiste, supérieur du séminaire de Coutance, prouve aux Carmes ce qu'il enseignaît encore en 1789 à ses élèves... « qu'un > bon prêtre doit répandre son sang, plutôt que >> de montrer la moindre faiblesse, dès qu'il s'agit des intérêts du christianisme. » (Les Confess. de la foi, par M. l'abbé Caron. t. 1. p. 99.) M. l'abbé Lenfant, ancien jésuite, prédicateur plus recommandable encore par sa piété talents, expire à l'Abbaye sous le fer des assassins, en disant : « Mon Dieu, je > vous remercie de pouvoir vous offrir ma vie.. que par ses >> comme vous avez offert la vôtre pour moi. » (Id. p. 115.) M. Gros, l'un des docteurs de Sorbonne les plus distingués, curé de S. Nicolas-du-Chardonnet, ancien supérieur du séminaire des Trentetrois, répond à ceux dont le bon cœur voudrait le faire évader de S. Firmin : « L'on >> me cherchera,... et en ne cherchant que moi, >> l'on decouvrira d'autres prêtres cachés. Il >> vaut mieux que je sois sacrifié; » et il le fut. (Id. p. 121.) M. Charrier-Dubreuil, jeune lieutenant au régiment de la reine, l'un des 44 prisonniers d'Orléans, massacrés, tâchait de consoler la tendresse maternelle par ces mots : « Ma bonne >> mère, , je m'attends à périr, et je m'y prépare >> par la réception des sacrements: c'est toute >> ma consolation. Priez le Seigneur pour moi.» (Id. p. 146.) Mgr. de Castellane, évêque de Mende, aussi connu par ses abondantes charités que par sa générosité et son courage, enlevé le 8 septembre des prisons d'Orléans, déposé le soir sur la paille dans une église d'Etampes, avec 43 autres prisonniers qu'il confessa en leur annonçant qu'ils périraient tous le lendemain, se prosterne sur le pavé de cette église, implore la miséricorde divine; et est en effet massacré avec eux le lendemain à Versailles, malgré tous les efforts de la Municipalité et de son digne chef M. Richaud. (Id. 148.) ART. 16. Du 3 septembre 1792 au 18 fructidor an 6, septembre 1697. Le 3 septembre, -la sanguinaire Municipalité de Paris écrit aux départements:... « qu'une >> partie des conspirateurs féroces, détenus dans » les prisons, a été mise à mort par le peuple, » (c'est-à-dire, par des scélérats sans patrie,) >> actes de justice qui lui ont paru indispen>> sables;... et sans doute la nation entière.... >> s'empressera d'adopter ce moyen si nécessaire >> de salut public. » (Id. p. 181.) 1792. Le 5 septembre, le P. Valfrembert jeune capucin d'Alençon, dont aucun danger ne pouvait arrêter le zèle apostolique, est traîné par les pieds sur les quarante- deux marches de la salle d'audience de cette ville. Sa tête meurtrie les ensanglante toutes, et est ensuite coupée, ou plutôt sciée avec un mauvais couteau par une mégère aidée de sa fille âgée de quinze ans, furies, condamnées trois ans après, la mère à l'échafaud, et la fille à la réclusien. Le 4 du même mois, - à Reims, le vertueux curé de Saint-Jean, « M. Paquot qui se trouvait >> un trop grand pécheur pour mériter la gloire >> du martyre, » ayant refusé le serment avec une fermeté invincible, reçut le coup de la mort à genoux, et tenant un crucifix dans ses mains. Sa tête fut portée au bout d'une pique, et ses membres traînés dans les rues. Le même jour, un vénérable octogénaire, |