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>> assurer la sécurité de mes peuples, et préserver >> l'Espagne des derniers malheurs. L'aveuglement >> avec lequel ont été repoussées les propositions >> faites à Madrid, laisse peu d'espoir de paix. >> Cent mille Français commandés par un prince >> de ma famille, par celui que mon cœur se plait >> à nommer mon fils, vont marcher en invoquant » le Dieu de S. Louis, pour conserver le trône >> d'Espagne à un petit-fils d'Henri IV, préserver >> ce beau royaume de sa ruine, et le reconcilier • avec l'Europe. - Que Ferdinand VII soit libre >> de donner à ses peuples des institutions qu'ils >> ne peuvent tenir que de lui, et qui en assurant >> leur repos dissiperont les justes inquiétudes de >> la France; les hostilités cesseront dèsce moment. » C'était à moi de délibérer. Je l'ai fait avec >> maturité : j'ai consulté la dignité de ma cou > ronne, l'honneur etla sûreté dela France. Nous >> sommes Français, Messieurs, nous serons tou>> jours d'accord pour défendre de semblables in

>> térêts. >>>

Mgr. le Duc d'Angoulême, nommé par le Roi, généralissime de l'armée d'Espagne, part vers la fin de mars, et va célébrer la fête de Pâque à 'Toulouse, où l'on voit avec une touchante édification à la Sainte-Table le petit-fils de S. Louis que l'on verra bientôt imiter aussi, à la prise du Trocadero, la valeur héroïque de son saint et magnanime aïeul au pont du Taillebourg: il passe la Bidassoa le 6 avril. Des rebelles, des déserteurs et autres mauvais Français, échappés par la fuite aux recherches de la justice contre les acteurs des différentes conspirations, se présentent en armes sur la rive opposée avec les étendards et les cris de la révolte; la bravoure et la fidélité des soldats du roi, leur répond par des coups de canons qui en renversent une partie, et font fuir les autres.

L'entrée du Prince en Espagne, la sagesse de

sa proclamation; sa conduite, mélange noble et admirable de bonté, de justice et de fermeté; les dispositions et la discipline de ses vaillantes troupes; la réputation de leurs chefs, l'habileté de son plan r'ouvrent tous les cœurs à l'espérance. Cette espérance s'unit aux explosions de la joie partout où passe le prince. Partout sa marche est accompagnée de vœux et de bénédictions. A son approche les Cortès s'enfuient de Madrid à Séville, emmenant avec eux, de vive force, le roi d'Espagne et sa famille.

Le 25 mai, le Prince entre dans la capitale de ce royaume au milieu des acclamations et de l'allégresse publique. Il s'empresse d'établir sous le nom de Régence un gouvernement provisoire qui donne, par son administration, et par les témoignages de confiance et de soumission qu'il reçoit successivement, une nouvelle preuve du sage discernement du prince qui l'a formé.

Après avoir tout réglé dans Madrid, et y avoir déjà reçu de nombreux rapports sur les succès continuels de ses belliqueuses troupes sous la conduite de chefs aussi habiles que braves, les maréchaux Moncey, Oudinot, les généraux Molitor, Curial, Donnadieu, Damas, Bonnemain, Aubert, Bourck, Bourmont, Larochejaquelin, Bordesoult, et autres guerriers qui ornenttous de leurs lauriers la double couronne des Lys, ainsi que les guerriers Espagnols à la valeur desquels ilsse plaisent toujours à payer un juste tribut d'éloges; après avoir, disons-nous, tout réglé dans la capitale, et s'être empressé comme il l'a fait dans toute cette glorieuse campagne, de distribuer des distinctions honorifiques avec une promptitude, une grâce et un discernement si propres à enflammer de plus en plus les courages, le Prince se met en route pour Séville. Au seul bruit de sa marche, les Cortès saisis d'une nouvelle frayeur, renouvellent leurs violences envers le roi Ferdinand. Ceprince leur ayant déclaré - « que sa dignité de roi et >> l'intérêt de son peuple ne lui permettaient pas de >> consentir à sa translation de Séville à Cadix, cette troupe de factieux porte l'audace jusqu'a déclarer son roi déchu de la royauté; et après lui avoir substitué une Régence, elleletraîne à Cadix au milieu des baïonnetes de ses satellites, et à travers les gémissements et l'effroi du peuple de ces contrées.

Le Prince généralissime précédé des troupes sous les ordres des valeureux généraux Bordesoult et Bourmont arrive à Séville, où il est reçu comme dans la capitale: il en console les habitants, et se remet en route pour Cadix. Le 18 août, il parait au milieu desguerriers qui environnent cette ville. La place est bloquée de toutes parts. Animés d'une nouvelle ardeur par la présence du prince, les commandants et les troupes de terre et de merredoublent de zèle pour le service du roi de France, ot pour la délivrance de celui d'Espagne. Le septembre, la valeur du généralissime et celle de ses intrépides guerriers bravent les périls de l'eau et du feu, et enlèvent de vive force le Trocadero pendant que le général Lauriston étrenme son baton de Maréchal de France par la prise de Pampelane. Le 15, la flotte digne de ses chefs les Hamelin, les Derotoux, les Depérré et autres vaillants marins, réduit le fort Sancti-Petri à se rendre, et le 1er, octobre, les Cortès aux abois, Jaissent partir le roi Ferdinand avec toute son auguste famille pour le camp de son libérateur. La délivrance de ce monarque, son rétablisse ment sur son trône comblent de joie et couvrent de gloire le Prince, l'armée, et la France entière. L'Europe partage l'admiration et la reconnais sance de l'Espagne. C'est au milieu de l'explosion de tous ces sentiments que le modeste et magna.

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nime vainqueur du monstre des révolutions revient de Cadix à Paris. Arrivé le 2 décembre, il va le 3, sans appareil, déposer au pied des saints autels tous les applaudissements qu'il a reçus à son entrée dans la capitale, et rendre grâce au roi des rois, et à l'auguste protectrice de ses aïeux, ainsi que de toute la France, pénétré des sentiments que le vertueux monarque, qui se plaît à l'appeler son fils, exprimait le 25 août dernier. Remerciant alors M. lecomte de Chabrol, préfet de Paris, de ses félicitations sur les succès de nos armes en Espagne, il lui dit: «C'est Dieu qui a tout fait: c'est à > lui qu'il faut tout rapporter. Nous ne sommes que >> de faibles instruments dans ses mains. Rendez» lui grâce de ce qu'il nous a choisis pour être. >> celui de sa bonté.>>

Nous ne pouvons, en effet, assez remercier le souverain Auteur de tout bien desprodiges demiséricorde par lesquels il nous a conservé et rendu des princesauxquels la France, l'Espagne, l'Europeentière doivent leur retour à l'espérance d'un avenir plus paisible et plus heureux. Le résultat de tous les efforts des sophistes, des factieux, des conspirateurs, des guerriers révolutionnaires de la France, du Piémont, de Naples, de l'Angleterre, de la Suisse, réunis à ceux de l'Espagne, maîtres absolus des places, et de toutes les forces de ce puissant royaume, doit enfin ramener de l'erreur à la vérité ceux dont le cœur et le sens ne sont pas entièrement pervertis. Peuvent-ils n'être point frappés du sort que viennent encore d'éprouver les déplorables victimes des dangereuses visions du philosophisme révolutionnaire? Ses agents bouleversèrent l'Espagne pour la rendre heureuse; et le peuple espagnol les repousse, les abandonne, les maudit, et les immolerait s'il en était le maître. Vaincus et tremblants, les pricipaux chefs et partisans de la révolution espagnole fuient de tous

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côtés. Chassés de leur patrie par la peur, retvoyés de Gibraltar par la prudence, et au nombre de plus de 1400, ils vont errer en Afrique, en Allemagne, en Angleterre, en Amérique, et cherchant partout, dans leur désolation, un repos que des cœurs factieux ne peuvent trouver nulle part. Les journaux parlent déjà d'imitations effiayantes du désespoir de dom Salvador, député des cortes qui s'est tué lui-même. Ils commencent aussi à parler de secours à solliciter pour ceux sans doute de ces malheureux qui n'ont point partagé le pillage des églises, des monastères, et des trésors publics, ou dont les désordres ont déjà absorbéle fruit de ces rapines. Voilà pour les fugitifs; mais ceux des plus coupables révolutionnaires qui n'ont pu fuir, sont ou dans les prisons, ou exilés, ou sous la surveillance de la police, dépouillés de leurs emplois, environnés de craintes, et tous l'objet de la haine ou du mépris public. Sans protection des Français, leurs vainqueurs; p sieurs de ces factieux, fugitifs ou autres, auraien été sacrifiés à la vengeance et à l'indignation blique. San Miguel, ministre des affaires étrangeres qui, en janvier dernier, contribua à échauffer encore davantage les têtes des cortès contre les notes diplomatiques des souverains, qui accom pagna de termes injurieux la retraite de leurs ambassadeurs, qui osa ensuite menacer son ployer la force pour lui faire quitter Madrid, disgracié depuis par les cortès mêmes, battu ei blessé dans une sortie militaire de Barcelonne, at tend dans les prisons son sort futur. Riego, chel de la révolte des soldats dans l'île de Léon, battu etmis en déroute par le général Bonnemain, arrêté dans sa fuite, lui quatrième, par de simples villageois, livré aux autorités espagnoles, est jugé par les tribunaux, condamné à mort, el après avoir fait tant de bruit pendant 27 ou 28 mois, il périt à 38 ans sur un échafaud.

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