Oeuvres complètes de P. de Ronsard: Les quatre premiers livres de La Franciade

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P. Jannet, 1858
 

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Page 31 - Je veux bien t'advertir, lecteur, de prendre garde aux lettres, et feras jugement de celles qui ont plus de son, et de celles qui en ont le moins. Car A, O, U, et les consonnes M, B, et les SS, finissants les mots, et sur toutes les RR, qui sont les vrayes lettres heroïques, font une grande sonnerie et batterie aux vers.
Page 10 - Or il est vraysemblable que Francion a fait tel voyage, d'autant qu'il le pouvoit faire, et sur ce fondement de vray-semblance j'ay basti ma Franciade de son nom : les esprits conçoivent aussi bien que les corps. Ayant donc une extresme envie d'honorer la maison de France, et par sur tout le Roy Charles neufiesme mon Prince, non seulement digne d'estre loué de moy, mais des meilleurs escrivains du monde, pour ses héroïques...
Page 259 - Éclate par soi-même, et moi par ma grandeur. Si du côté des dieux, je cherche l'avantage, Ronsard est leur mignon, et je suis leur image. Ta lyre, qui ravit par de si doux accords, Te soumet les esprits dont je n'ai que les corps; Elle t'en rend le maître, et te fait introduire Où le plus fier tyran n'a jamais eu d'empire; Elle amollit les cœurs, et soumet la beauté.
Page 11 - Françoise, lesquels vers j'ay remis le premier en honeur, je te responds qu'il m'eust esté cent fois plus aisé d'escrire mon œuvre en vers Alexandrins qu'aux autres, d'autant qu'ils sont plus longs, et par conséquent moins sujets, sans la honteuse conscience que j'ay qu'ils sentent trop leur prose.
Page 18 - Cereris. Le Vin, Pocula Bacchi. Telles semblables choses sont plus belles par circonlocutions, que par leurs propres noms : mais il en fault sagement user : car autrement tu rendrois ton ouvrage plus enflé et bouffi que plein de majesté.
Page 36 - D'une langue morte l'autre prend vie, ainsi qu'il plaist à l'arrest du Destin et à Dieu, qui commande, lequel ne veut souffrir que les choses mortelles soient éternelles comme luy; lequel je supplie très-humblement, Lecteur, te vouloir donner sa grâce, et le désir d'augmenter le langage de ta nation.
Page 38 - Tant l'aiguillon d'honneur vivement nous entame. La Muse en telle part de son traict va poignant, Et, encor que le coup n'apparoisse saignant, Si est-ce qu'il nous blesse et nous rend fantastiques , Chagrins, capricieux, hagards , melancholiques, Vaisseaux dont Dieu se sert...
Page 24 - Poésie, fondé et appuyé sur nos vieilles annales, j'ay basti ma Franciade, sans me soucier si cela est vray ou non, ou si nos Roys sont Troyens ou Germains, Scythes ou Arabes, si Francus est venu en France ou non, car il y pouvoit venir, me servant du possible, et non de la vérité.
Page 33 - ... et principalement ceux du langage Wallon et Picard, lequel nous reste par tant de siècles l'exemple naïf de la langue Françoise...
Page 32 - ... frémissent à l'entour de leurs rempars, où, quand elles courent la plaine sans contrainte, elles marchent lentement et paresseusement, sans frapper les rivages ny d'escumes ny de bruit. Tu n'ignores pas, Lecteur, qu'un...

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