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ou l'Église, représentant le père de famille, a jeté la bonne semence de la parabole évangélique. « Or, pendant que ces gens dorment, son ennemi vient, sème de l'ivraie parmi le froment, puis s'en va; quand la plante eut grandi et formé son fruit, l'ivraie parut également. Les serviteurs du père de famille s'approchèrent donc et lui dirent: Seigneur n'avez vous pas semé du bon grain dans votre champ, d'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie? Il leur répondit: C'est l'homme ennemi qui a fait cela. Alors ses serviteurs lui dirent: Voulez-vous que nous allions l'arracher? Non pas, répondit-il, de peur qu'avec l'ivraie vous n'arrachiez aussi le froment, laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson; et la moisson venue je dirai aux moissonneurs: Enlevez d'abord l'ivraie et liez-la en gerbe pour la brûler, puis recueillez le froment dans mon grenier » (1). Admirable legon de tolérance pratique dont l'Église s'est toujours inspirée; et qui, malgré son ardent désir de ne voir en ce monde que des œuvres parfaites, la porte à mettre un frein au zèle indiscret de certains serviteurs et à attendre en patience l'heure de la justice et de la vérité.

Essayer de contraindre le pouvoir public à supprimer, quoi qu'il puisse arriver, telle ou telle erreur, tel ou tel mal invétéré, serait parfois plus dangereux que la tolérance de l'erreur et du mal; et, en cela, Dieu de qui dérive tout gouvernement humain, donne dans son gouvernement un exemple que les hommes peuvent et doivent imiter: « Dieu, dit S. Thomas, bien que tout-puissant et infiniment

(1) Matt., ch. XIII.

bon, permet néanmoins que dans l'univers il se fasse du mal qu'il pourrait empêcher; il le permet de peur qu'en l'empêchant de plus grands biens ne soien' supprimés ou que de plus grands maux ne soient provoqués; de même donc, dans le gouvernement humain, les chefs tolèrent avec raison quelque mal, de crainte de mettre obstacle à un bien ou de causer un plus grand mal, comme le dit S. Augustin dans le Traité de l'ordre. C'est ainsi que les infidèles, bien qu'ils pèchent dans leurs rites, peuvent être tolérés, soit à cause de quelque bien venant d'eux, soit pour éviter quelque mal. Les Juifs observent leurs rites dans lesquels la vérité de la foi que nous gardons était autrefois préfigurée; il en résulte cet avantage que nous recueillons le témoignage de nos ennemis en faveur de notre foi, et que l'objet de notre croyance nous est, pour ainsi dire, présenté en image. Quant aux cultes des autres infidèles, qui sont contraires en tout à la vérité et complètement inutiles, ils ne mériteraient pas la tolérance, si ce n'est toutefois pour éviter quelque mal, comme le scandale ou le trouble qui pourrait résulter de la suppression de ce culte; ou encore un empêchement au salut de ceux qui, à la faveur de cette tolérance, reviennent peu à peu à la foi, car c'est pour cela que l'Église a toléré quelquefois même le culte des héréliques et des païens quand la multitude des infidèles était grande (1)

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Telle est l'admirable conduite de l'Église et celle qu'elle n'a cessé de conseiller aux pouvoirs publics suivant la différence des temps et la diversité des

(1) Sum. 2a 2, q. X, art. 11.

circonstances. Elle n'oublie pas son idéal et ne fait aucun sacrifice de ses droits, mais comme elle n'ignore pas combien il est malaisé de faire un homme parfait, elle sait mieux encore qu'il est presque impossible de faire une nation parfaite, ce qui ne l'empêche pas d'espérer toujours et de travailler sans relâche à éloigner de tous les Etats qui lui sont confiés par sa mission divine, les funestes conséquences qu'entraînent infailliblement pour les peuples l'oubli de Dieu et à plus forte raison la proscription de Jésus-Christ et de son Église. La conscience détruite, il ne reste plus que la force, et la force elle-même ne peut que périr sous le nombre et le débordement irrésistible de toutes les cupidités et de toutes les passions.

O Jésus, Verbe de Dieu, unique et éternelle expression de l'intelligence divine, donnez à la raison humaine l'exacte connaissance de vos droits et une noble fierté quand vous daignez l'appeler à devenir votre auxiliaire soumis et dévoué. Sublime raison qui ordonnez l'harmonie universelle de tous les êtres, par laquelle règnent les rois et dont la lumière inspire aux législateurs des lois justes et équitables, donnez aux nations que vous n'avez pas condamnées à une perte irrémédiable, des gouvernements qui, loin de vous craindre et de vous proscrire, se fassent gloire d'offrir à votre Église une hospitalité digne de vous et de coopérer à l'éternel salut des sujets que vous avez confiés à leur sagesse et à leur dévoue

ment.

TABLE DES MATIÈRES

DU TOME PREMIER

L'ŒUVRE DE JÉSUS-CHRIST

LIVRE PREMIER

Jésus-Christ Docteur par Excellence

CHAPITRE PREMIER

Enseignement de Jésus-Christ sur le premier

principe de l'homme.

CHAPITRE II

Enseignement de Jésus-Christ sur la fin der

nière de l'homme.

CHAPITRE III

Enseignement de Jésus-Christ sur l'élection et la réprobation éternelles.

CHAPITRE IV

Établissement d'un code moral universel;

énormité de l'entreprise.

CHAPITRE V

Rappel de l'ancienne loi et proclamation de la

loi nouvelle. .

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33

67

95

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