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XIII SIÈCLE.

t. XXI, p. 235. Hist. eccl.,

1174, ils le supposent mort âgé de quarante-cinq ans, l'an 1216. Il est vrai que Lebeau fixe le même âge dans son His- Lebeau, l.xcvt, toire du Bas-Empire et que Fleuri fixe l'âge de quarantedeux ans. Or, suivant l'Art de vérifier les dates, Henri serait liv. LXXVIII, n. donc né l'an 1171, car telle est la date qu'exigeraient les 2. p. 431. qua- Art de vérifier, rante-cinq ans de vie que ces savants lui attribuent; et cette etc., t. I, p. 450. même année 1171 est précisément celle de la naissance de Gislebertichron. son frère Baudouin; mais, il n'est dit nulle part que la com- n. 127, p. 75. tesse Marguerite soit accouchée deux fois pendant cette année; et, d'ailleurs, où placerait-on la naissance de Philippe, second fils de Baudouin le Courageux, né, sans contredit, en 1174, trois ans avant son frère Henri?

Ce serait encore avec défiance qu'on oserait tenter de réfuter une date fournie par des savants d'une érudition et d'une critique ordinairement sûre et tant de fois éprouvée, si l'accord des faits contemporains ne confirmait pas la preuve testimoniale et arithmétique de la date contraire.

Édit. Bruxel.

1784.

Id. ibid.

N. 352, p.287.

Balduini præmonstr. chronic.

52.

Suivant la Chronique de Gislebert, Henri eut d'abord pour apanage le village d'Angre, dans le Hainaut; son frère y ajouta, après la mort de leur père, mille journaux de terre. Une autre chronique porte aussi la seconde concession (1). Henri n'était encore âgé que de dix-sept ans, lorsqu'il pria son père de l'armer chevalier. Sur ce fait et les suivants, sub. ann. 1195. d'Outreman cite la Chronique de De Guise. La première par. Hist. de Valentie de celle de Gislebert, qui est publiée, ne dit rien de ciennes, part. IV, l'âge qu'avait alors Henri. Il doit donc paraître probable lib. I, cap. 7, P. que les Annales de Valenciennes auront spécifié cet âge, ou bien que d'Outreman l'aura induit de la date de la naissance de ce prince, telle qu'il l'aura trouvée numériquement assignée dans ces Chroniques, à l'an 1177. Baudouin le Courageux refusa, en 1194, d'obtempérer à la demande de son fils en lui alléguant l'incompétence de son âge. Or, si Henri fût né, comme on le prétend, en l'année 1174, il aurait eu vingt ans quand il demanda l'ordre de chevalerie; reste à savoir si l'usage des comtes de Hainaut aurait été de proroger encore

Hist. de Const.

p. 307.

Hist. Byzantina,

(1) Ce nom d'Angre, dit d'Outreman, a trompé quantité d'historiens qui le nomment tantôt d'Anjou puis d'Ango, supposant qu'il fut père des rois de Jérusalem, et c'est pourquoi peut-être Ducange lui donne le surnom dit d'Anjou dans sa première Table des empereurs de Constantino- ed. 1600, p.217. ple, et dit d'Angers dans la seconde édition de cette Table, andegavensis dictus.

IHI SIÈCLE.

p. 506.

Art de vérifier,

t. III, p. 30.

au-delà de vingt ans, pour leurs enfants, la concession de Gisleberti, Chr. cet ordre; mais la preuve du contraire se lit dans les mêmes n. 117, p. 69. Hist. de Valenc., Chroniques; car il est rapporté que l'an 1168, à la veille part. IV, cap. i, de Pâques, Baudouin le Courageux fut armé chevalier, et comme il était né l'an 1150, suivant l'Art de vérifier les dates, il avait donc alors dit-huit ans. Baudouin, frère aîné de Henri, avait été armé en 1189, pareillement à dix-huit ans; enfin, Philippe l'avait été à vingt ans, en 1194, par le Roi de France Philippe-Auguste. On conçoit aisément, d'après ces divers exemples, que Baudouin le Courageux ait voulu suivre les usages de sa maison, en retardant au moins jusqu'à dix-huit ans, pour armer Henri chevalier, et ces faits comparés montrent de plus en plus que la date nécessaire de la naissance de Henri est l'an 1177.

Gislebert., n.

323, p. 262.

Hist. de Valenc., p. 507.

Après avoir éprouvé le refus de son père, le jeune Henri, voulant absolument l'accompagner à la guerre qu'il faisait au duc de Brabant, s'échappa de la maison paternelle, et fut trouver Regnauld, comte de Dammartin et de Boulogne, qui le fit chevalier au mois de juillet 1194, et assez à temps pour qu'il pût se trouver à la bataille que son père Baudouin le Courageux livra, au mois d'août suivant, près de la Neufville en Hasbain. Le nouveau chevalier s'y acquit une grande réputation de valeur. Enfin, l'an 1195, il souscrivit, comme témoin, un acte de fondation reconnu par son frère BauA. Miræus, douin. Après quoi, les Chroniques ne rapportent aucun fait Diplom Belg. mémorable qui le concerne jusqu'à l'an douze cent, où il partit pour la croisade avec son frère Baudouin, étant âgé de vingt-trois ans.

cap. LXXX.

Pour donner quelque idée du caractère des principaux chefs de ces expéditions, et nous peindre celui de Henri de HaiHist. des croi- naut, il ne suffisait pas de dire en cinq lignes «< qu'il consades, t. IV, p. duisit ses hommes d'armes dans la Phrygie, montra ses éten311. Ann. 1204. darts dans les champs où fut Troie, combattit à-la-fois les Grecs et les Turcs dans les plaines qui avaient vu les armées de Xercès et celles d'Alexandre, et s'empara de tout le pays qui s'étend depuis l'Hellespont jusqu'au mont Ida » ; mais il eût fallu, ce nous semble, relever avec soin, dans les récits de Ville-Hardouin, les faits divers qui ont signalé la valeur, la politique et le zèle de ce prince pour le succès Geoffroi de de ces expéditions, lorsque croisé avec son frère Baudouin, Ville-Hardouin, il donna pour sa part, comme le dit Ville - Hardouin, Ibid., p. 23. « quanque il ot et il ot et quanque il pot emprunter pour le paye

pag. 19.

XIII SIECLE.

Ibid.,

P. 65.

P. 57.

P. 69.
P. 75-80.

ment de la dette des Croisés envers Venise; » lorsqu'il servit les intérêts de cette République au siége de Zara, pour arriver péniblement à parfaire la solde entière de cette dette; lorsque conduisant, âgé de vingt-six ans, la seconde bataille contre l'usurpateur Alexis, il marcha, en 1203, à l'assaut du seul avant-mur de Constantinople que la faiblesse de l'armée fançaise pouvait attaquer; lorsqu'attendant de pied ferme, en avant des palissades de son camp, les soixante batailles d'Alexis réunies contre les six batailles qu'il commandait en personne, il termina ce fait d'armes par replacer le légitime empereur sur son trône, et l'aider ensuite à réduire les sujets de son empire à l'obéissance; lorsqu'il enleva Philée de vive force, repoussant et mettant en fuíte Murzuphle, et lui nant, comme dit Ville-Hardouin, « ses chars d'armes, et pardi, son Gonfanon impérial et une Ancone (icon) qu'il fai« sait porter devant lui, et où il se fiait mult il et li autres « Grieux; » lorsqu'il délivra Cibotos assiégée par mer et par terre, en tombant à l'improviste, et suivi seulement de six vaisseaux pour en attaquer soixante; lorsqu'enfin, pour délivrer un de ses chevaliers, il se laissa emporter par son courage au point de se précipiter seul sur un escadron de Valaques lencienne, contidont ce chevalier était enveloppé. Voilà l'analyse des prin- nuateur de Villecipaux faits qui auraient dû fournir la page qu'on s'attendait à reg. 11, verso. trouver consacrée à la mémoire de Henri, comte de Hainaut, dans une Histoire des Croisades, et surtout dans son article biographique.

pre

Le reste des récits qui le concernent est contenu dans les Gesta d'Innocent III et dans la lettre insérée aux recueils de Martenne; mais ces sources paraissent n'avoir été que superficiellement consultées par nos écrivains récents. Il est donc convenable de les reproduire ici pour y fournir la continuation des récits relatifs à l'empereur Henri; et quoique obligés comme nous le sommes en cette occasion, de parler de son frère Baudouin, nous ne sortirons pas de notre sujet spécial, en ne faisant qu'analyser ce qu'en dit lui-même Henri de Hainaut, comme historien oculaire.

Pag. 91.

Pag. 91.

Pag. 195.

Henri de Va

Hardouin, MS.

Gesta Inno

Sa première lettre au pape Innocent III porte la suscription suivante: «Sanctissimo patri ac domino Innocentio, Dei centii III, p. 67, gratia summo pontifici, Henricus frater imperatoris Constan- n° cv. tinopolitani, et moderator imperii. » Le titre de régent qu'il

prend ici, montre assez que cette lettre est d'une date postérieure à la captivité de Baudouin; et en effet le rédacteur

XIII SIÈCLE.

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des Gesta, qui était contemporain des deux princes, l'ayant placée parmi les pièces datées de la neuvième année du pontificat d'Innocent, l'époque doit correspondre à la première moitié de l'an 1206. Voici le sommaire des faits racontés dans cette lettre.

Quand l'empereur Baudouin eût appris la nouvelle de la défection des Grecs, les forces de l'empire étaient tellement divisées qu'il lui devenait presque impossible de faire face à l'orage. L'élite de ses troupes avait accompagné son frère Henri au-delà du détroit; le marquis de Montferrat était dans le royaume de Thessalonique. Payen d'Orléans et Pierre de Braccel étaient près de Nicée; enfin la garde de plusieurs places avait été confiée à d'autres chefs habiles. Joannice instruit à temps de la faiblesse du corps d'armée que commandait l'empereur Baudouin, l'attaqua à l'improviste, l'entoura de toutes parts et le fit prisonnier avec le comte Louis de Blois, Étienne du Perche et plusieurs autres barons et écuyers. Tel est, dit Henri, le malheur que nous ne pouvons exposer sans verser des larmes de sang. «< Quod non sine sanguinearum lacrymarum effusione referre valeo. Tantá obruti multitudine, non sine damno tamen illorum, ab inimicis intercepti sunt. Nescimus reverà qui capti fuerunt, qui occisi. Accepimus tamen ab exploratoribus nostris certissimis et famá veridicá, quod dominus meus imperator sanus teneatur et vivus, qui ab eodem Johannitio satis, ut asseritur, pro tempore, honorabiliter procuratur. » Voilà son style latin.

Ceux qui échappèrent à ce carnage, rencontrèrent à Rodestoch le prince Henri, Pierre de Braccel et la plupart des autres chefs qui accouraient au secours de l'empereur. Lorsqu'ils apprirent sa captivité, ils ne balançèrent pas à confier la régence au frère de l'illustre prisonnier. Il continue lui-même, dans sa seconde lettre au pape, la narration Ibid., p. 68, des malheurs éprouvés par son armée. Après avoir fortifié les villes et les châteaux qui pouvaient opposer quelque résistance aux Grecs révoltés, il se hâta de ramener les débris de son armée à Constantinople; mais de nouveaux malheurs attendaient les croisés près de Rossa. La défense de cette ville avait été confiée à Thomas de Tenremonde, lequel ayant appris qu'un corps de Bulgares était campé dans les environs, sortit de la ville, pendant la nuit, pour tomber sur l'ennemi, dont il fit un grand carnage; mais au retour, ayant donné dans une embuscade du parti de Johannice, il y périt avec la plupart des siens.

XIII SIÈCLE.

Ce nouveau malheur ne découragea pas Henri dont le premier soin avait été d'entrer en négociations avec le roi des Bulgares, afin d'obtenir la délivrance de l'empereur. Le pape avait envoyé spécialement pour cet objet à Johannice, un nonce muni de lettres dans lesquelles ce pape lui exposait combien il lui serait avantageux de faire une paix durable avec les Latins, à l'approche surtout des armées toujours renouvellées de l'Occident, qui lui seraient indubitablement favorables, s'il leur donnait cette marque de modération dans l'usage de la victoire. Mais Johannice termina sa réponse au pape en disant qu'il lui était impossible d'octroyer la délivrance de l'empereur, puisqu'il avait subi dans sa prison le sort de toute chair. «Quia debitum carnis exolverat

cum carcere teneretur.

Dès que cette mort devint avérée, Henri fut élevé sur le trône impérial et couronné à Sainte-Sophie le 20 août 1206. Voici la narration qu'il fait lui-même de ses expéditions. successives dans la troisième lettre que nous avons annoncée, et qu'il a datée de Pergame, l'an 1212, jour de l'octave de l'Épiphanie. On ne doit pas nous demander compte des six années intermédiaires à la date de la lettre précédente et à celle qui suit. Ces expéditions ont sans doute été le sujet de plusieurs autres circulaires écrites par l'empereur, mais elles nous sont restées inconnues, quoiqu'elles aient dû exister en France; car il y fait allusion comme on va bientôt en voir un exemple dans la traduction littérale de la suivante :

« Henri, par la grace de Dieu, très-fidèle empereur, en Jésus-Christ, de Romanie, couronné par Dieu et gouverneur toujours auguste; à tous ceux de ses amis à qui la présente parviendra dans sa teneur; salut au nom du Seigneur des seigneurs.

« L'affection que vous avez pour nous, vous faisant désirer de connaître avec certitude l'état présent de nos affaires, afin de vous réjouir, ainsi que nous l'espérons, de leur prospérité; c'est pour cela que nous vous en donnons des nouvelles sur cette feuille; sinon pour vous instruire de tous leurs détails, du moins pour que vous appreniez les principales choses que le Seigneur a opérées en notre faveur.

<< Sachez donc que jusqu'à présent notre empire a eu quatre ennemis principaux et puissants, aux incursions et aux insultes desquels nous résistons continuellement de tous côtés. Le premier et le plus grand était Lascaris, maître de

Ibid., p. 69,

n CVII.

Ibid. no cvi.

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