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CN.Cochin Sculp.

Un religieux de l'ordre des Humilies attente a la vie de S. Charle Borrome.

HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE

LIVRE CENT SOIXANTE SEPTIE' ME.

matin

ORSQUE tout eut été reglé de la façon dont on vient de l'expofer dans le livre précedent, l'on fe mit en de voir de tenir la feffion, qui fut la vingtquatrième : elle commença le matin du onzième de Novembre, & dura jufqu'affez avant dans la nuit; George Cornaro évêque de Trevife y celebra la messe du Saint-Efprit, François Richardot évêque d'Arras fit le difcours en latin, & prit pour fon fujet l'évangile tiré du chapitre vingt-unićTome XXXIV.

A

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me de faint Jean, qu'on lut enfuite, & où il est fait A N. 1563. mention du miracle de Jefus-Chrift aux nôces de

11. Expofition de la

le mariage.

Labbe collect.

Cana en Galilée ; on avoit choisi exprès cet endroit pour s'accommoder à la matiere du facrement de mariage, qu'on devoit décider dans cette feffion. Ce prélat dans fon difcours dit, qu'il y avoit déja deux ans que ce faint concile étoit dans le travail de l'enfantement, & tout le monde dans l'attente de fon fruit; que ceux qui compofoient l'affemblée devoient donc bien prendre garde qu'il n'en fortît rien de mutilé, ni de contrefait, pendant que l'on attendoit quelque chofe d'entier & d'accompli. Que pour réuflir il falloit qu'ils ne perdiffent point de vûë les apôtres, les martirs, & l'ancienne église, afin que le fruit qu'ils alloient mettre au jour, en eût les traits & la reffemblance; que ce fussent la même doctrine, la même discipline, la même religion, qui aïant fort dégeneré dans les derniers temps, avoient befoin d'être rétablies dans leur ancienne forme : que c'étoit-là tout ce que la chrétienté at◄ tendoit depuis fi long-temps. La messe étant fine, on lut les lettres de Marguerite d'Autriche gouver nante des Païs-Bas, & les lettres de créance des ambassadeurs de Florence & de Malthe, fuivant l'or dre de leur arrivée.

Enfuite le prélat officiant lut à haute voix les cadoctrine touchant nons & le décret du mariage précedez, d'une petite préface, ou introduction, qui contient une expo fition de la doctrine fur ce facrement, & qui eft Genef. 11. 23. conçue en ces termes. Le premier pere du genre huC. 17. main par l'inspiration du Saint-Efprit a déclaré le lien du mariage perpetuel & indiffoluble, quand i

Conc. ut fuprà.

Ephef. v. J. Cor. VI.

a dit: C'est là maintenant l'os de mes os, & la chair

de ma chair. C'est pourquoi l'homme laiẞera fon pere & A N. 1563. Ja mere pour s'attacher à fa femme, & ils ne feront Matth. xxx. 5. tous deux qu'une même chair. Mais Notre-Seigneur Marc.x. 9. Jesus-Chrift nous a enfeigné plus ouvertement, que ce lien ne devoit unir & joindre ensemble que deux perfonnes, lorsque rapportant ces dernieres paroles comme prononcées de Dieu même il a dit : Donc ils ne font plus deux, mais une feule chair. Et auffi-tôt après il confirme la fermeté de ce lien déclaré par Adam fi long-temps auparavant en disant: Que l'homme donc ne fépare pas ce que Dieu a joint. C'eft auffi le même Jesus-Chrift l'auteur & le confommateur de tous les auguftes facremens, qui par fa paffion nous a merité la grace neceffaire pour perfectionner cet amour naturel, , pour affermir cette union indiffoluble, & pour fanctifier les conjoints. Et c'est auffi ce que l'apôtre faint Paul a voulu donner à entendre, quand il a dit: Maris, aimez vos femmes, Ephef. v. 28. 3úz comme Jefus-Chrift a aimé l'églife, & s'eft livré pour elle à la mort. Ajoutant encore peu à près: Ce facrement eft grand, je dis en Jefus-Chrift & en l'église. Le mariage dans la loi évangelique étant donc beaucoup plus excellent que les mariages anciens, à caufe de la grace qu'il confere par Jefus-Christ; c'est avec raifon que nos faints peres, les conciles, & la tradition univerfelle de l'église nous ont de tout temps enseigné à le mettre au nombre des facremens de la loi nouvelle. Cependant l'impieté de ce fiecle a pouffé des gens à un tel emportement contre une fi puissante autorité, que non feulement ils ont eu de très-mauvais fentimens au fujet de cet au

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gufte facrement; mais fous prétexte de l'évangile, A N. 1563. ouvrant la porte, felon leur coutume, à une licence toute charnelle, ils ont foutenu de parole & par écrit au grand détriment des fideles, plusieurs chofes fort éloignées du fens de l'églife catholique, & de l'ufage approuvé depuis le temps des apôtres : c'eft pourquoi le faint concile univerfel défirant d'arrêter leur temerité, & d'empêcher que plufieurs autres ne foient encore attirez par une fì dangereuse contagion, a jugé à props de foudroïer les heréfies & les erreurs les plus remarquables de ces schifmatiques, prononçant les anathemes fuivans contres les herétiques mêmes & contre leurs erreurs.

III. Douze canons fur le mariage.

CANON I.

Si quelqu'un dit que le mariage n'eft pas veritablement & proprement un des fept facremens de la loi évangelique,inftitué par notre-SeigneurJesus-Chrift; mais qu'il a été inventé par les hommes dans l'églife, & qu'il ne confere point la grace; qu'il foit anaANON II. theme. Si quelqu'un dit qu'il eft permis aux chrétiens d'avoir plufieurs femmes, & que cela n'est défendu par aucune loi divine; qu'il foit anatheme. CANON. 111. Si quelqu'un dit qu'il n'y a que les feuls dégrez de Levit. VII. parenté & d'alliance qui font marquez dans le Levitique, qui puiffent empêcher de contracter ma riage, ou qui puiffent le caffer, quand il eft contracté, & que l'église ne peut pas donner dispense en quelques-uns de ces dégrez, ou établir un plus grand nombre de dégrez qui empêchent, & annullent ou caffent le mariage; qu'il foit anatheme. CANON IV. Si quelqu'un dit que l'églife n'a pû établir certains empêchemens qui caffent le mariage, ou qu'elle ANON V. erré en les établissant; qu'il foit anatheme. Si quel

Y.

qu'un dit que le lien du mariage peut être rompu pour cause d'herésie, de cohabitation fâcheuse, A N. 1.563. ou d'abfence affectée de l'une des parties; qu'il foit anatheme. Si quelqu'un dit que le mariage fait & CANON VI non confommé, n'est pas annullé par la profeffion folemnelle de religion faite par l'une des parties; qu'il foit anatheme. Si quelqu'un dit que l'église eft CANON VIL dans l'erreur, quand elle enfeigne, comme elle a toujours enfeigné fuivant la doctrine de l'évangile & des apôtres, que le lien du mariage ne peut être diffous pour le peché d'adultere de l'une des parties & que ni l'un ni l'autre, non pas même la partie innocente, qui n'a point donné fujet à l'adultere, ne peut contracter d'autre mariage, pendant que l'autre partie eft vivante; mais que le mari, qui aïant quitté sa femme adultere, en époufe une autre, commet lui-même un adultere; ainfi que la femme, qui aïant quitté son mari adultere, en épouferoit un autre qu'il foit anatheme. Si quelqu'un dit, CANON VIII. que l'églife eft dans l'erreur, quand elle déclare que pour plufieurs caufes il fe peut faire féparation, à la couche & à la cohabitation entre le mari & la femme pour un temps déterminé, ou non déterminé; qu'il foit anatheme. Si quelqu'un dit CANON IS, que les ecclefiaftiques qui font dans les ordres facrez, ou les reguliers qui ont fait profession solemnelle de chafteté, peuvent contracter mariage, & que l'aïant contracté, il eft bon & valide, nonobftant la loi ecclefiaftique, ou le vœu qu'ils ont fait; que de foutenir le contraire, ce n'eft autre chose que de condamner le mariage, & que tous ceux, qui ne fe fentent pas avoir le don de chafteté, en

quant à

;

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