quelle ils étoient, en qualité de prêtres & de pafteurs, de vivre faintement, de conduire leur trou- A N. 1568. peau dans la voye de l'évangile, & les exhorta avec beaucoup de ferveur, à vouloir reprendre les loix de l'ancienne difcipline dont on ne voïoit plus parmi eux aucun veftige. On ne pourroit exprimer quel effet produifit un fi puiffant fecours : & ce qui contribua encore à ce changement, fut le difcours d'un des députez, qui parlant au nom des trois cantons, dit, que leurs feigneurs reconnoiffoient avoir paffé les bornes, en permettant que les gouverneurs & juges du païs ufaffent de leur autorité fur les ecclefiaftiques; mais qu'il y avoient été contraints par la mauvaise conduite du clergé, laquelle étant publique & fcandaleufe, n'étoit point punie par les archevêques, qui depuis un temps immémorial négligeoient les pauvres vallées; mais qu'ils efperoient qu'à l'avenir les affaires changeroient de bien en mieux, ayant encore parmi eux ceux de leur nation qui avoient été envoyez au concile de Trente dont on avoit accepté les décrets, à l'observation defquels ils veilleroient, bien réfolus d'obéir au cardinal leur archevêque qu'ils reconnoiffoient pour leur pasteur.

Enfin tout le clergé de ce pays accepta publiquement les décrets du concile de Trente, & ceux du dernier concile provincial que l'archevêque avoit tenu, & promit de les obferver inviolablement. Chacun d'eux fit auffi sa profeffion de foi, en la maniere accoutumée. Le faint prélat en quittant ces val→ lées laissa partout une profonde estime de sa pieté, & de sa sagesse. Il remercia les députez des bons &

charitables offices qu'ils avoient rendus à ces peuA N. 1568. ples; il écrivit aux feigneurs des trois Cantons des lettres pleines de tendreffe, & les pria de ne point fe mêler du gouvernement, quant au fpirituel; & depuis ce temps-là il y eut toujours une amitié inviolable entre le faint prélat & ces feigneurs. Il emmena avec lui fix jeunes enfans de cette nation, qu'il plaça dans fon féminaire de Milan, pour y être élevez dans la difcipline ecclefiaftique. De retour en cette ville, il envoya dans ces vallées de faints prêtres, qui par la prédication de la parolę de Dieu, & l'adminiftration des facremens, firent des progrez infinis parmi ces peuples, qui avoient été fi long-temps privez de ces fecours. Dans la suite il y établit des Capucins inftruits & affermis dans la pieté, & leur obtint du pape la faculté de recevoir les confeffions des fideles,

XXVI.

dre des freres hu

miliez.

Charles liv. 2. ch.

14.

ordres monastiques

Le faint s'appliqua encore dans cette année à réIl réforme l'or former l'ordre des freres humiliez, qui s'étoient extrêmement éloignez du premier efprit de leur inGiufano vie de s. ftitut. On croit que cet ordre avoit été fondé par quelques gentilshommes de Milan, qui après une Heliot. bif. des longue captivité, dans laquelle ils avoient été rete tom. 6, ch. 20. nus en Allemagne par l'empereur Conrad, ou felon d'autres, par Frederic Barberouffe, ou Henri V. réfolurent à leur retour en Italie de mettre en commun tous leurs biens, & fe féparerent en 1134. de leurs femmes, qui embrafferent le même genre de vie, fuivant le confeil de S. Bernard. S. Jean de Meda de l'illustre famille des Oldrati de Milan, leur persuada peu de temps après de prendre la regle de S. Benoît ; & cet ordre fut approuvé en 1200. par Inno

cent

cent III. & conferva sa premiere ferveur, jusqu'au commencement du feiziéme fiécle, que le relâche- A N. 1568. ment s'y introduifit tellement, qu'en quatre-vingt-dix monasteres on ne comptoit qu'environ cent soixante & dix religieux ; que les fuperieurs qu'on nommoit Prévôts se regardoient comme propriétaires des revenus communs des monafteres, étoient perpetuels & réfignoient leurs prévôtez, comme fi elles euffent été des bénefices en titre ; ce qui devint la fource d'une infinité de défordres, ausquels faint Charles voulut remédier, après en avoir conferé avec le pape Pie V. avant fon départ de Rome.

Le faint prélat obtint pour cela deux brefs de fa fainteté, l'un qui lui accordoit la faculté d'impofer fur toutes les Prévôtez de l'ordre une décime pour fonder & établir un noviciat, & l'autre, qui lui donnoit l'autorité de délegué du saint fiége, pour pouvoir ordonner & exécuter tout ce qui fe trouveroit être néceffaire au bien de la religion. Pour y procéder avec ordre, Charles ordonna que le chapitre feroit indiqué dans la ville de Crémone. Là il fit faire lecture du fecond bref du pape, & publia des réglemens pour la réformation ; il établit le commun parmi les religieux, retrancha toute proprieté, ordonna que les Prévôtez seroient triennales, & qu'on ne les obtiendroit que par voye de fuffrage, & fit beaucoup d'autres statuts, qui ne tendoient qu'au bon ordre, & au maintien de la discipline monaftique. La plupart des religieux particuliers s'y foumirent avec plaifir; mais il n'en fut pas de même des prévôts, qui se voyant déchus de l'espérance de jouir toujours de leurs fuperiorités, Tome XXXIV,

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& des revenus qui y étoient attachez, dont ils s'éA N. 1568. toient rendus les maîtres, s'oppoferent vivement à cette réforme. Ces oppofitions durerent longtemps.

XXVII

quatre cardinaux

par Pie V.

Ciacon. ut fup. to.3.p. 1031.

Le pape fit le mercredi vingt-quatre Mars veille Promotion de de la fête de l'Annonciation, une promotion de quatre cardinaux, dont le premier fut Diego Spinola Espagnol, président du confeil de Castille, ́évêque de Siguença, & inquifiteur general d'Espagne. Il fut fait cardinal prêtre du titre de faint Etienne in Calio monte. Le fecond Jerôme Souchier, qui étoit François de la province d'Auvergne, ou felon d'autres, de Champagne, religieux de l'ordre de Cîteaux, docteur de la Faculté de Théologie de Paris, & le quarante-deuxième abbé de Clairvaux ; il avoit asfifté au concile de Trente. Il fut prêtre cardinal du titre de faint Mathieu. Le troifiéme Jean Paul Ab Ecclefia, Italien, né à Tortone : il fut d'abord cardinal diacre, enfuite prêtre du titre de faint Pancrace, & préfet de la fignature de juftice. Il avoit été fénateur de Milan, & gouverneur de Pavie. Il avoit pris l'état ecclefiaftique après la mort de fa femme pour se retirer à Rome, où Pie V. l'honora de fa bienveillance, & le chargea d'emplois considerables. Enfin le quatriéme fut Antoine Caraffe Napolitain, diacre, puis prêtre cardinal du titre de S. Eufebe, qu'il changea pour celui de faint Jean & de faint Paul. Il avoit été camerier de Paul IV. & avoit eu un canonicat du Vatican, dont il fut privé fous Pie IV. dans le malheur commun à la famille des Caraffes.

Le college des cardinaux, où ces quatre entre

rent, avoit perdu la même anné sept de ses membres.

A N. 1568.

Mort du cardi

860.

Luc. Vading. de

norum.

Auberi hift. de

cardinaux.

Le premier fut Clement Dolera, né dans le dio- XXVIII. céfe de Genes, dans le mois de Juin 1502. Etant nal Dolera. entré fort jeune dans l'ordre des Freres Mineurs, il Ciacon. ut fuprà s'y appliqua à l'étude des humanités, de la philofo-Ferdin. Ughel in phie, & de la théologie, & enfeigna ces deux der- Italia facra. nieres sciences avec tant de réputation, qu'il de- fcriptor. ordin. Mivint general de fan ordre en 1553. Il gouverna pendant fix ans avec l'approbation de tous fes religieux; ce qui engagea Paul IV. à le revêtir de la pourpre Romaine, dans la troifiéme promotion qu'il fit en r557. On l'appelloit le cardinal d'Ara cœli; parce que fon titre étoit de fainte Marie de Ara cali. Il fut protecteur des affaires de l'empire, & Pie V. le nomma à l'évêché de Foligni en Ombrie. Clement s'appliqua à faire recevoir les décrets du concile de Trente dans fon diocéfe, à réformer les mœurs des ecclefiaftiques, à foulager les pauvres, & à étendre les ordres religieux autant qu'il le put. Il établit chez lui les capucins, & donna une églife aux Freres prêcheurs. Il mourut à Rome le fixiéme de Janvier jour de l'Epiphanie âgé de foixante-sept ans, & laiffa pour les héritiers les pauvres incurables de l'hôpital de faint Jacques. Son corps fut inhumé dans l'église de fainte Marie de Ara cæli, devant le grand autel, où l'on voit fon épitaphe fur un tombeau de marbre.

,

Mort du cardinal

Le fecond fut Jean Michel Saracena, d'une no- XXIX. ble famille de Naples, qui prit ce nom d'une vic- Michel Saracena, toire remportée par un de fes ancêtres fur les Sa- Ciacon, ibid. to. 3. razins. Il vint au monde le premier de Novembre 2- 770.

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