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toit encore achevée, d'où il concluoit qu'il falloit A N. 1563. continuer le concile, jufqu'à ce que le tout fût conduit à fa perfection.

L'extrême longueur de cette affemblée, l'ennui de ceux qui la compofoient & dont plufieurs s'étoient déja retirez fans permiffion, les dépenfes qu'il falloit faire chaque jour, & qui avoient déja épuisez les biens de plufieurs, enfin la crainte d'une guerre prochaine, depuis que les Proteftans s'étoient rendus maîtres de Wirtzbourg, toutes ces raisons firent plus d'impreflion au pape, que celles de Philippe II. Auffi tâcha-t'il de les faire goûter à ce prince, vers lequel il envoïa dans ce deffein Visconti évêque de Vintimille, qui partit pour l'Espagne le trentiéme d'Octobre. Pendant fon voïage les légats députerent au pape le douzième de Novembre JeanBaptifte Victorius pour lui faire fçavoir l'heureux fuccès de la derniere feffion. Il'le trouva à Civita-Vecchia, & Pie IV. lui témoigna beaucoup de joïe de la maniere dont les chofes s'étoient paffées. Il n'approuva pas cependant la proposition que les légats avoient faite de fe retirer fì le comte de Lune continuoit à mettre des obstacles à la fin du concile ; parce qu'il ne convenoit pas qu'un concile fût abandonné pour les chicanes d'un particulier. Mais il les exhorta par les réponses dont il chargea Victorius, à continuer leurs travaux, jufqu'à ce qu'on pût mettre fin au concile. Presque tous la fouhaitoient avec ardeur. Les Imperiaux la demandoient au nom de l'empereur, les évêques Efpagnols non-feulement ne s'y oppofoient plus, mais ils marquoient même par leurs empreffemens, qu'ils la désiroient

comme

A N. 1563.

X L.
Le cardinal de

Lorraine perfuade

la fin du concile.

Pallav ibid, lib.

Era-Paolo ut fup

comme les autres. Dans une assemblée qui fut tenuë fur ce sujet le douzième de Novembre, le cardinal de Lorraine dit qu'au commencement l'empereur & le roi catholique s'étoient oppofez à la fin du concile; mais que touchez des remontrances qu'on leur avoit faites là-deffus, & du danger au- 24. cap. 2. n. 4. quel on s'expofoit de voir assembler un concile national en France, ils s'étoient foumis, comme des fils obéiffans, aux volontez du pape. Que depuis le colloque de Poifli on avoit eu beaucoup de peine à retenir le clergé de France, & tous les ordres de ce royaume, qui vouloient prendre des mesures contraires au concile ; & qu'ils les prendroient infailliblement, fi on ne le terminoit au plûtôt. Que de plus les prélats François feroient obligez de fe retirer avant la fin, soit parce qu'ils ne pouvoient fous tenir plus long-temps la dépenfe, foit pour d'autres befoins publics & particuliers; qu'on fçavoit qu'il y en avoit déja un grand nombre qui étoient partis, & que les autres ne manqueroient pas de les fuivre inceffamment, fi on differoit plus long temps; que luimême étoit obligé de s'en retourner avant Noël ; & qu'il ne tenoit qu'aux peres de lui procurer la confolation de porter en France l'heureuse nouvelle de la fin du concile, & les remedes falutaires pour extirper l'erreur.

XLT. Les légats pren nent des mesures

matieres.

Toute l'affemblée fe rendit aux raifons du cardinal, & conclut à terminer entierement le concile, excepté les évêques de Lerida & de Leon, qui de- pour difpofer les manderent qu'on en obrînt auparavant le confentement du roi catholique, & quelques autres qui vou.. 24.6, 2. 1. 5. C 6. loient qu'on agitât encore quelques questions, mais

Tome XXXIV,

H

Pallav. ibid. lib.

fur lefquelles ils n'insisterent que foiblement. Le AN. 1563. premier légat ayant communiqué aux ambassadeurs ecclefiaftiques les avis de cette affemblée ; celui du cardinal de Lorraine prévalut, & l'on ne penfa plus qu'à traiter de la maniere dont on devoit le conduire pour terminer heureusement l'assemblée. On convint qu'il falloit s'attacher à établir les décrets de difcipline, qui avoient déja été conclus; & ceux qui étoient encore à faire, mais d'être moderez dans ce qui feroit décidé fur la réformation des princes. C'est pourquoi l'on approuva fort le modele du décret envoyé par le pape, dans lequel on renouvelloit les ftatuts des anciens canons, & l'on fe fervoit à l'égard des princes de monitions paternelles, au lieu d'anathêmes. Touchant les dogmes du purgatoire, des indulgences, de l'invocation des faints, & du culte des images, on remarqua que, quoiqu'il y eût déja beaucoup de choses décidées sur ces matieres dans les conciles précedens ; il étoit toutefois à propos d'en parler dans celui de Trente, pour corriger les anciens abus. Le cardinal de Lorraine à l'occafion des images, produifit un décret de la faculté de théologie de Paris, qui fut fort approuvé des peres. Les légats s'affemblerent donc le quatorziéme de Novembre avec le cardinal, & réfölurent qu'on ne traiteroit que des dogmes qu'on avoit produits, & dans la forme dont on a parlé. Pour cela ils appellerent quelques prélats à qui ils découvrirent leur deffein ; & après en avoir choisi cinq pour chaque queftion, ils les chargerent d'en dreffer les décrets avec cinq théologiens qu'on leur joignit, & d'expédier le tout en peu de jours.

A N. 1563.

XLII.

Congrégationsge
nerales pour exa-
& la difcipline.

miner le dogme

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Pallav. ut fupra

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Tout étant ainfi difpofé, on commença le quinziéme de Novembre à tenir des congregations generales deux fois chaque jour, pour opiner fur les quatorze articles qui reftoient de la réformation: & comme l'envie qu'on avoit de finir au plûtôt, faifoit qu'on rejettoit ce qui paroilloit inutile, & qu'on ne s'attachoit qu'à ce qu'on jugeoit abfolument néceffaire, chacun fut en état de donner fon avis le dix-huitiéme du même mois. Le légat Moron charmé d'une fi grande promptitude, expofa en peu de mots, que le concile avoit jusqu'à présent travaillé en vain pour ramener les héretiques ; qu'il y avoit beaucoup d'avantages à tirer de fes décifions, tant pour le dogme que pour la difcipline ; qu'il étoit vrai qu'on pouvoit en efperer de plus grands, mais que fuivant la conjoncture des temps, il falloit choisir un moindre bien, quand on ne pouvoit en obtenir un plus grand. Que Dieu peut-être pour recompenfer les peres de leur zele & de leurs bonnes intentions, leur procureroit des temps plus favorables. Que le peu qui reftoit à examiner, fe trouvoit fi jufte & fi bien digeré, qu'il étoit inutile d'avoir recours à des difputes publiques. Qu'on avoit réformé l'article des princes; & que c'étoit aux évêques à les engager à faire leur devoir par leurs bons exemples, plûtôt que par des anathêmes & des cenfures. Qu'ainfi rien n'empêchoit qu'on ne finît entierement dans la prochaine feffion. Après que plufieurs prélats aurent dit auffi leurs avis, on propofa cles propoiez par quatre nouveaux chapitres. Le premier touchant la differens piclats. vie frugale des évêques, & l'ufage qu'ils devoient Pallav. ut fup. lib. faire des biens de l'église. C'étoit dom Barthelemi 4

XLIII.
Nouveaux arti-

24. cap. 3. n. 3. É

:

XLIV.

Differens avis fur

Ja vie frugale des

évêques.

Pallav. ut fuprà

Lib. 24. cap. 3. n. $6.7.

des Martirs archevêque de Brague qui avoit propo A N. 15.63 fé cet article. Le fecond concernoit les dixmes dont joüissoient les laïques. Le troifiéme pour moderer les cenfures & les anathêmes. Le quatrième pour établir un endroit dans les églifes, où l'on confervât les actes publics. De plus, on propofa vingt-deux chapitres pour la réforme des reguliers en general; & huit autres particuliers concernant les religieufes.. Le premier des quatre articles fut peu goûté du grand nombre. Le cardinal Madrucce crut en affoiblir la force en repréfentant que plufieurs évêques étant princes, & poffedant des états, ne pourroient, felon lui, se réduire à cette vie fobre & frugale qu'on demandoit d'eux, fans décheoir de leur dignité, & causer du trouble dans leur païs. L'archevêque de Brague refuta ces prétextes, & dit que pour lui il croioit qu'il falloit prefcrire aux évêques une maniere de vie conforme à la fainteté de leur état, regler leurs meubles & leurs domeftiques, & les obliger même à rendre compte au concile provincial, de l'ufage qu'ils auroient fait de leurs revenus: qu'ils étoient à la verité maîtres de la portion qui leur étoit néceffaire : mais qu'ils n'étoient que les œconomes. du furplus. Mais de fi fages remontrances ne furent pas écoutées par les peres.

XLV.

Le comte de Lune

infifte à vouloir

qu'on attende la réponse du roi d'Espagne.

a

::

Peu de jours après cette congrégation, le comte de Lune qui voyoit avec quel empreffement on couroit vers la fin du concile, en fit des reproches à quelPallav. loco fup. ques. ambassadeurs; il déclara aux légats qu'il ne pouvoit fouffrir qu'on voulût ainfi terminer fans attendre. la réponse du roi d'Espagne fon maître & leur fignifia qu'il employeroit tous les efforts, non

citato

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