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ver sa ville & ces deux corps d'un massacre "peut-être général, mais toujours d'éloigner le pillage & l'incendie que présageoit ce ramas de brigands. La ville d'Aix s'occupe, a ajouté M. Bouche, à élever un monument à son maire : l'assemblée lui ą payé un juste tribut d'applaudissemens. Ce trait équivaut à celui d'Assas.

Dans les séances consacrées aux finances, M. Vernier ne paroît pas à la tribune sans entendre autour de lui quelques murmures. Il ressemble au créancier importun, dont la vue produit sur son débiteur une sensation désagréable. Cependant la position n'est pas la même. Toutefois M. Vernier a débuté par dire qu'il voudroit être chargé d'une commission plus agréable pour l'assemblée & pour lui. Les esprits se sont calmés, & il en a profité pour proposer & obtenir une quinzaine de décrets qui autorisent autant de petites villes ou communautés à emprunter ou imposer des sommes peu considérables considérables, comme Salins & Chevreuse quatre mille livres, Mirepoix deux mille, Fontenay huit cents livres, &c. Entr'autres décrets en voici un.

DÉCRET.

«L'assemblée nationale, sur le rapport de son comité des finances, ayant égard aux délibéra

tions prises au conseil général de la ville & commune de Montpellier, les 27 mars & 13 avril derniers, au consentement donné par le sous-fermier des droits de l'équivalent, & par l'une de ses cautions, le 27 mai, autorise les officiers municipaux de la ville à remplacer les droits perçus sur les boucheries pour une année seulement, à compter du 24 juin courant, par une taxe personnelle en sus du rôle de la capitation, laquelle ne sera supportée que par ceux qui payent 3 liv. & au dessus, pour cette espece d'imposition, la classe indigente en demeurant affranchie; réserve néanmoins que la présente autorisation ne pourra rien préjuger sur la masse des impositions qui devra être supportée à l'avenir par la ville de Montpellier. >>

J'ai omis de relater deux soumissions, de chacune 4 millions, dans l'achat des biens nationaux de la part des villes de Montpellier & de Car

cassonne.

M. Bouche a annoncé que le comité de vérification avoit examiné les titres de MM. Faucher, se disant députés de Bazas, & qu'il avoit trouvé à l'unanimité leurs pouvoirs insuffisans. En conséquence, l'assemblée a déclaré qu'il y avoit eu erreur de fait dans son décret du 7 juin

dernier, & que les pouvoirs de MM. Faucher

étoient insuffisans.

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M. le Chapelier au nom du comité de constitution, a rendu compte d'une adresse de la société des amis de la constitution au département de la Correze. Ils se plaignent de la lenteur des commissaires du roi, qui ne veulent pas que l'administration de ce département soit en activité avant la fin de juillet'; puisqu'ils n'ont pas encore convoqué les assemblées primaires. En cela, ils protegent les menées des ennemis du bien public qui se trouvent sur les lieux. Il a proposé un projet de décret que l'assemblée a rendu général en l'adoptant comme suit:

DÉCRET.

«L'assemblée nationale décrete que son président se retirera vers le roi pour le prier d'ordonner à ses commissaires, pour l'établissement des assemblées administratives des départemens, & notamment du département de la Correze, de suivre leurs opérations avec exactitude, de les accélérer le plus qu'il sera possible, en exécutant exactement les décrets, & d'instruire l'assemblée nationale de la suite de leur travail. »

M. l'abbé Gouttes a présenté, au nom du co

mité des finances, un projet de décret pour parvenir à connoître les réclamations de ceux qui ont souffert de la révolution, particuliérement des veuves & des enfans de ceux qui ont péri au siege de la Bastille, afin de fixer l'indemnité que l'assemblée nationale veut leur accorder.

M. Camus a dit que le comité des pensions s'occupoit de cet objet, & l'assemblée a tardé de faire droit jusqu'à ce qu'elle ait entendu son comité des pensions.

M. de Canteleu a dit que d'après les renseignemens donnés toutes les semaines au comité des finances, par le contrôleur général, l'état de la contribution patriotique étoit, hier 10 juin, de 79 millions 72 mille livres. Il a proposé d'en placer le tableau divisé par provinces dans la salle. Ce tableau seroit changé tous les huit jours, & chaque député pourroit exciter la contribution de sa province en voyant si elle est en retard. Cette proposition a été décrétée.

Plusieurs mémoires, a continué M. de Canteleu, sont présentés au comité des finances sur le parti qu'on peut tirer des cloches qui se trouvent dans les maisons religieuses supprimées. Le sieur Auguste, par exemple, porte à quarante millions la valeur de ces cloches; il représente l'avantage qu'il y aura à mettre dans le commerce

une matiere qui coûte beaucoup à tirer de l'étranger. Il offre de fondre les cloches à des conditions particulieres. Plusieurs autres propositions de cette nature ont déjà été faites de la part d'entrepreneurs françois & étrangers. D'après cet exposé, il a proposé, & l'assemblée a décrété ce qui suit: DÉCRET.

<< L'assemblée nationale, après avoir ouï son comité des finances, ajourne à deux mois toute décision sur l'emploi des cloches des maisons religieuses supprimées, ordonne l'impression du rapport de son comité, & invite les fondeurs & métallurgistes à faire leurs propositions & communiquer leurs vues. >>

M. de Mirabeau a demandé & obtenu la parole. Il a dit :

MESSIEURS,

<< Franklin est mort. ... Il est retourné au sein de la Divinité le génie, qui affranchit l'Amérique & versa sur l'Europe des torrens de lumieres.

Le sage que deux mondes réclament, l'homme que se disputent l'histoire des sciences & l'histoire des empires, tenoit sans doute un rang bien élevé dans l'espece humaine.

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