Or, tous ces détails se reproduisent dans la légende d'Actéon. Comme Adam il est d'abord couvert d'une peau de bête, de cerf, dit-on, par la déesse irritée, et c'est ainsi, couvert d'une nébride, qu'on le voit représenté sur d'anciens monuments figurés; comme Adam, il se serait ensuite vu livré à la poursuite d'une meute de chiens, fait imaginé ici par l'effet de la méprise qui a confondu le nom hébreu 277, chérubin, avec le mot ab qui signifie chien dans la même langue, et, au pluriel, pour, des chiens; comme le premier homme, enfin il aurait été frappé d'une sentence de mort mise à exécution par ces Chiens ou Chérubins. C'est donc bien le premier homme que nous retrouvons dans les deux premiers rois de l'Athènes antediluvienne, Actée ou Actéon et Cécrops, de même que nous reconnaissons Eve dans. le personnage d'Agraule, fille supposée du premier ou femme du second. Mais, nous l'avons noté, chaque tribu nommait d'un nom différent ce premier roi. Et, lorsque les compilateurs ont recueilli ces noms divers, il s'en est formé une liste qui a passé pour désigner des personnages différents, soit autant de rois successifs, qui ne sont autres, en général, que le premier homme de la création, partiellement confondu avec le premier né de la femme et avec le premier homme de la rénovation postdiluvienne, ainsi que nous venons de le voir pour Cécrops. H. D'ANSELME. Stésichor. fr. op. Pant. Ix-2-3. * Monum. céram. t. ij. p. 334. Archéologie Américaine. ETUDES DE PALEOGRAPHIE AMERICAINE. DÉCHIFFREMENT DES ÉCRITURES CALCULIFORMES OU MAYAS 2o ARTICLE II. Déchiffrement de quelques passages du Codex-Troano 2. 3 Ce Codex semble se composer de deux ouvrages réunis en un seul. Le premier constitue évidemment un Calendrier dont quelques pages sembleraient contenir des récits historiques. Les planches 20 et 21 dudit manuscrit (1re série) se signalent, pour ainsi dire, d'elles-mêmes et d'une façon toute spéciale à l'attention du philologue. C'est là que nous trouvons répété ce fameux signe serpentiforme, entouré d'un cartouche et qui, nous l'avons déjà expliqué dans notre travail sur le Mythe de Votan", possédait un caractère hiératique aux yeux des popu lations centro-américaines. A la 1re colonne de gauche de cette page 21 (non comptée la colonne des signes de jours), et qui semble contenir une relation plus ou moins historique, l'on ren 2 Voir le 1er art. au No précédent, t. xv, p. 413. MANUSCRIT TROANO. Etudes sur le système graphique et la langue des Mayas. Paris, impr. impér., 1869-70, 2 vol. in-40, 100 fr. Le même ouvrage, comprenant tout le texte, avec la grammaire et le vocabulaire maya français et espagnol, sans les planches, 40 fr. Revue de philologie et d'ethnographie, t. 1er, v. 380 et suiv. (Paris, 1875.), Essai de déchiffrement d'un fragment du manuscrit Troano. "Le mythe de Votan, études sur les origines asiatiques de la civilisation américaine, in-80 de 143 p., 1872, Paris, Maisonneuve. VI SÉRIE. TOME XVI.—No 91; 1878 (95o vol. de la coll.) 3 contre un groupe de caractères (n°15) dans lequel nous croyons reconnaître une fois encore le nom de Cukulcan. Malgré une variante presque imperceptible, l'on reconnaîtra sans peine l'identité des deux caractères inférieurs avec la syllabe cu de Landa, déjà transcrite (Voir le N° 3). Il ne faut pas oublier qu'ici nous sommes en présence non plus d'une écriture monumentale, mais bien de caractères cursifs. L'assimilation du caractère supérieur de droite offrirait peutêtre, de prime-abord, un peu plus de difficulté. Nous croyons, cependant, qu'avec quelqu'étude et quelqu'attention, on peut en établir la valeur de manière à satisfaire les critiques les plus pointilleux. Ledit caractère se trouve coupé en deux, pour ainsi dire, par une sorte de barre verticale, de sorte que l'on croirait, à première vue, avoir affaire non à un seul, mais bien à deux signes différents, accolés l'un à l'autre. Cette particularité se retrouve assez visible dans le signe L médial de Landa, car le signe L final est tout différent. Du reste, même d'après le missionnaire espagnol, le L médial se présente sous trois formes très-rapprochées les unes des autres, mais non absolument identiques (N° 16, 17 et 18). C'est là à coup sûr un exemple frappant des variantes qui devaient nécessairement et à chaque instant se produire dans une écriture dont les caractères étaient formés d'éléments si multiples. Du reste, l'écriture égyptienne avec ses trois formes hiéroglyphique, hiératique et démotique ne nous présente-t-elle pas un spectacle tout à fait analogue? Néanmoins, les modifications graphiques des signes Yucatèques semblent, si nous osons nous servir de cette expression, avoir revêtu un caractère plus individuel et dépendre en grande partie du caprice et de la fantaisie du scribe, et rien ne prouve qu'elles aient été dans le centre de l'Amérique, comme sur les rives du Nil, réduites en un système complet et suivi. En un mot, les Mayas en seraient restés aux débuts seulement de l'é (N. 16) (N. 17) (N. 18) (N. 15) criture hiératique ou mieux cursive. Nous n'hésiterons donc point à reconnaître un L dans le signe que nous étudions en ce moment. L'on avouera, du reste, qu'à moins d'avoir travaillé à la loupe ou au microscope, le scribe Yucatèque qui écrivait trèsfin, n'aurait jamais pu reproduire dans son intégrité et avec tous ses détails, le L médial de Landa. Il a donc modifié, éliminé, diminué un peu à sa guise, certain que malgré tout il resterait encore compréhensible pour ses compatriotes, de même qu'il l'est pour nous. se Reste enfin le dernier caractère, celui du rang supérieur à gauche. Il ne se rencontre pas sans doute dans l'alphabet de Landa, mais on le retrouve dans la série hieroglyphique des noms de jours. Ce n'est, à notre avis, que le signe Kan marquant le 4 jour du mois. Ce mot Kan que l'on traduit par Jaune, devait primitivement, comme nous nous sommes efforcé de l'établir dans notre travail sur le mythe d'Imos1, prononcer Can et signifier « Serpent ». C'est ce que prouve, jusqu'à l'évidence, la comparaison du calendrier Maya avec le calendrier Quiché. En tout cas, l'écrivain a d'une façon aussi naturelle que logique réduit l'hiéroglyphe à sa plus simple expression. Landa représente Kan par la figure de la partie supérieure de la tête d'un serpent inscrite dans un cercle (No19). Le rédacteur du codex Troano, lui, a supprimé le cercle qu'il remplace par une ligne sinueuse dessinant la tête du reptile. Quant aux lignes qui représentaient les dents de cet animal, il leur substitue des points. En tout cas, signalons cette tendance à se servir plutôt d'un seul signe syllabique que de plusieurs lettres dont nous avons déjà offert plus d'un exemple et qui, forcément, se manifeste avec plus ou moins d'intensité dans toutes les écritures hiéroglyphiques. L'auteur aurait pu employer les trois signes k, a et n, pour rendre la finale du mot composé. Il a préféré recou (N. 19) Le mythe d'Imos, tradition des peuples mexicains, publié dans les Annales, t. IV, p. 67, 129, 240, 300; t. v, p. 134 (6a série). rir à une syllabe unique. On ne s'étonnera pas de voir ici la forme Cuculan au lieu de Cukulan ou Kukulcan. Le son du k paraît s'être confondu souvent en Maya avec celui du c. Ils se ressemblaient beaucoup, puisque le k n'est autre chose que la gutturale forte, prononcée d'une façon détonnante. Nous terminerons la partie de notre travail consacré aux signes alphabétiques ou syllabiques, par l'étude d'un caractère qui revient très-souvent, dans le codex Troano, soit isolé, soit accompagné de quelques autres signes. On le rencontre notamment dans la première section du codex Troano, p. 21, à la 3o ligne horizontale. Il y constitue l'élément principal du 3° groupe en allant de gauche à droite, sous la forme que nous reproduisons ici (no 20). Le membre de gauche dudit groupe figure certainement une tête de mort, l'œil fermé et caché par les paupières et les cils. Une espèce de demi-cercle rentrant semble se rencontrer à la place du nez; là bouche est très-fendue, mais fermée. L'analogie avec l'hieroglyphe du 6o jour du mois1, qui s'appela Cimi, litt. « mortuus, defunctus», tel que le présente Landa, est des plus frappantes (n° 21). Seulement, dans le missionnaire espagnol, la forme du caractère apparaît, comme toujours, extrêmement arrondie; le nez fait une saillie au lieu d'être rentrant. A la racine de cet organe, signalons une petite ligne serpentiforme, que peut-être le copiste du manuscrit Troano indique par le demi-cercle rentrant dont nous avons déjà parlé. La ligne sinueuse en question pourrait bien avoir une valeur hiératique et cabalistique, comme les s environnés de cartouches de la page 20. Impliquant l'idée d'une sorte de consécration à la Divinité, elle indiquerait que la tête était celle d'une victime humaine sacrifiée sur les autels. L'on sait qu'au Mexique, ainsi que dans le Centre-Amérique, ces têtes restaient exposées le long des murs des temples. Enfin, rappelons que, d'après Landa, la bouche reste au moins entr'ouverte, et que |