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Le cœur humain, surtout, proclame et réclame le Dieu universel. Que demande-t-il, ce cœur que nulle richesse, nulle volupté, nulle gloire ne peut remplir? Il demande l'infini. Il veut que Dieu remplisse sa promesse au père des croyants: Je serai moi-même ta grande récompense (1); il lui dit, comme David: Je ne serai rassasié que quand tu m'apparaîtras dans ta gloire (2).

2o Tous les hommes proclament et réclament le Christ universel. L'ancien monde fut unanime dans l'attente d'un envoyé céleste qui rétablirait parmi les hommes le règne de la vérité et de la justice. Cette foi, que Socrate prêchait à ses disciples, a été chantée par Virgile (3). Depuis la fin du premier siècle de l'ère chrétienne, la moitié du monde n'a cessé d'adorer dans Jésus-Christ le vrai médiateur entre Dieu et les hommes. Les peuples non chrétiens célèbrent aussi leurs divins docteurs: les musulmans ont leur prophète; les Chinois, leur Confucius; les Indous, leur Krischna; le nord de l'Asie adore dans le Grand Lama le Dieu incarné; enfin les incrédules saluent leurs principaux chefs, les Voltaire, les Rousseau, les Kant, les Goethe, etc., comme autant de lumières du monde, de Christs de l'éternelle raison. Il n'y a donc qu'une voix dans l'univers pour reconnaitre la nécessité d'un représentant de Dieu, de la raison ou de la nature, qui, dissipant les erreurs qui divisent la famille humaine, rallie celle-ci sous l'étendard de l'une et indivisible vérité, de sorte qu'il ne s'agit plus que de discerner, parmi tant de Christs, quel est le vrai Christ universel. Or, la question ainsi posée n'en est plus une. Les prétendus révélateurs de Dieu, de la raison ou de la nature s'évanouissent comme des fantômes devant l'auteur de la révélation évangélique. Ou reconnaître dans

Dieu a son palais; que c'est de là qu'elle-même tire son origine, puisqu'elle la tire de Dieu. » Apologétique, ch. 17.

(1) Genèse, XV, 1.

(2) Ps. XVI, 15.

(3) Voy., dans Platon, le Second dialogue d'Alcibiade, et dans Virgile, la quatrième églogue: Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna......

Jésus-Christ le rédempteur de l'humanité, ou nier Dieu, nier l'humanité, et créer pour Jésus-Christ une catégorie à part dans l'histoire des grands imposteurs, ce que l'incrédule lui-même n'osera faire, à moins qu'il ne soit aveuglé par l'ignorance ou la rage.

3o La conscience humaine proclame et réclame l'Église universelle. — Avant même qu'on ait lu dans l'Évangile l'établissement par Jésus-Christ d'un corps de ministres de sa parole, chargés de réunir tous les hommes en un seul troupeau conduit par un seul pasteur, la conscience dit à tous que le Fils de Dieu, incarné et crucifié pour la rédemption du genre humain, n'a pu laisser son œuvre imparfaite, qu'il a dû prendre le moyen de faire parvenir à tous la vertu rédemptrice de sa parole et de son sang. La conscience dit à tous qu'il n'a pu confier à un livre quelconque, et surtout à un livre tel que la Bible, la mission de convertir le monde; et ceux qui lui attribuent "cette idée extravagante la démentent eux-mêmes en créant chaque jour des églises, des sociétés, pour propager la Bible-religion et les traités qui l'expliquent.

Enfin, l'Église universelle n'est pas une idée; c'est le fait le plus colossal que puisse contempler l'œil de l'homme. Elle est là avec son caractère trois fois divin de l'unité; unité toujours impossible et toujours subsistante, miracle permanent qui implique et résume des millions de miracles, miracle qui attire tous les regards qui ne redoutent pas la lumière, défie toutes les explications, pulvérise tous les sophismes du schismatique, de l'hérétique, de l'incrédule, et les condamne à se taire ou à déraisonner. (Voy. le III Fait.)

Voilà comment les trois premiers faits de l'existence de Dieu, de Jésus-Christ et de l'Église catholique, reliés entre eux et avec le quatrième fait, de l'existence des hommes, par une logique sérieusement inattaquable, donnent à la philosophie du catéchisme catholique une base qui n'est pas sans doute à l'abri des insultes et des dédains de l'in

crédulité ignorante, mais qui peut défier tous les efforts de la science humaine.

Nous allons contempler, dans les deux livres suivants, ce qui s'élève sur cette base immuable: je veux dire le Symbole des Apôtres et les commandements de Dieu et de l'Église. Le premier est l'étoile polaire, les autres sont la carte routière, données par le ciel aux hommes de bonne volonté qui voguent sur l'océan ténébreux de la vie avec la boussole infidèle de la raison humaine et le gouvernail trompeur d'une volonté affolée par les passions.

LIVRE II.

Le Symbole des Apôtres.

D. Qu'est-ce que le Symbole des Apôtres?

R. C'est la formule abrégée des vérités capitales que doit croire le chrétien, formule que les apòtres eux-mêmes concertèrent entre eux, pour servir aux pasteurs et aux fidèles de règle ou de signe de ralliement, soit dans la prédication, soit dans la profession de la foi évangélique. De là le nom de Symbole, qui, en vertu de son étymologie et de son acception ordinaire, signifie en même temps conférence et signe.

Dans le système religieux, le Symbole est le fondement, le préambule de la loi divine. Il contient les titres de Dieu à notre soumission, les puissants motifs qui doivent nous déterminer à observer les préceptes du Décalogue et à marcher, par la route du devoir, à la conquête des droits magnifiques que le Père céleste promet aux observateurs de sa loi. « Il contient, dit un de nos meilleurs catéchistes, l'histoire du monde, ou plutôt de la religion, depuis la naissance de l'univers jusqu'à la consommation des siècles : deux points distants, mais enchaînés par une suite de mystères que l'âme fidèle, comme un aigle élevé, et portée sur les ailes de l'espérance et de l'amour, doit parcourir d'un œil fixe, sans s'éblouir des abîmes de difficultés que la faible paupière de la raison humaine découvre au-dessous d'elle (1). »

(1) V. Cours complet de doctrine chrétienne, contenant le Catéchisme de Bourges, et l'explication du Catéchisme de l'empire; nouv. édit., Lyon, 1844, t. I, p. 26.

D. Comment divise-t-on le Symbole des Apôtres?

R. On y distingue d'abord quatre parties, que le catéchiste précité expose ainsi : « La première partie contient ce que nous devons croire de la personne du Père, et de l'ouvrage de la création; la seconde, ce que nous devons croire de la personne du Fils, et de l'ouvrage de la rédemption; la troisième, ce que nous devons croire de la personne du Saint-Esprit, et de l'ouvrage de la sanctification; la quatrième, ce que nous devons croire de l'Église, et de l'ouvrage de la glorification (1). » Ces quatre parties sont contenues elles-mèmes en douze articles, qui formeront la division générale de ce livre, et nous subdiviserons chaque article en autant de paragraphes que la matière l'exigera.

ARTICLE Ier.

JE CROIS EN DIEU LE PÈRE TOUT-PUISSANT, CRÉATEUR

DU CIEL ET DE LA TERRE.

S 1er.

Je crois.

D. Qu'est-ce que croire?

R. Croire, c'est adhérer aux vérités que Jésus-Christ nous enseigne par son Église, avec une telle énergie de conviction, qu'on regarde les opinions contraires comme indubitablement fausses, et qu'on soit prêt, avec l'aide de Dieu, à mourir plutôt que de renier sa croyance, ou de la dissimuler alors que la gloire de Dieu et le salut des hommes exigent impérieusement qu'on en fasse la profession publique.

(1) Cours complet, etc.

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