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création et le gouvernement de l'univers; 3° avec le rôle de la troisième personne dans l'essence divine.

D. J'entrevois bien quelque chose, mais que tout cela est mystérieux !

R. Oui, certes, et cela doit être, puisque la mission du Saint-Esprit a son principe dans l'abîme des générations divines, et son terme dans la régénération de nos âmes, autre abîme mystérieux. Mais si la nature de cette mission nous reste inconnue, le fait de son existence est visible à tous les regards, et par l'éclat des prodiges qui l'accompagnent, et par l'immensité du résultat. Voyez donc !

Au moment où le Sauveur va remonter vers le Père, ses disciples, qu'il destine à être la lumière du monde, sont encore si ignorants de ce qu'ils auront à faire, qu'ils lui demandent s'il ne va pas rétablir le royaume d'Israël. — Jean a baptisé par l'eau, leur dit-il, mais vous serez baptisés, vous, par le Saint-Esprit sous peu de jours... Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous me rendrez témoignage dans Jérusalem, dans toute la Judée et dans Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre...... Et les jours de la Pentecôte étant venus, comme ils étaient tous réunis dans le même lieu, il se fit tout à coup un bruit dans le ciel, comme d'un vent qui souffle avec violence, et il remplit toute la maison où ils étaient assis; et il leur apparut comme des langues de feu qui se divisèrent et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du SaintEsprit, et ils commencèrent à parler des langues diverses, selon que l'Esprit-Saint les faisait parler. Or, il y avait à Jérusalem des Juifs, hommes religieux, de toutes les nations qui sont sous le soleil. Étant accourus en foule, au bruit de l'événement, ils ne savaient que penser quand chacun d'eux les entendit parler en sa propre langue. Dans leur surprise et admiration, ils se disaient l'un à l'autre : Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens? Comment donc chacun de nous les entend-il parler la langue propre du pays où il est né, etc., etc., etc. (1)?

(1) Actes des apótres, 1, 5·8; II, 1-8.

A la vue de ce prodige et du merveilleux coup de filet par lequel Pierre pêche dans cette multitude trois mille hommes de tout pays, en fait une seule âme, un seul cœur, et un seul corps par la communauté des biens (1), ne touchezvous pas, pour ainsi dire, au doigt la présence d'un esprit absolument nouveau dans les apôtres et dans leurs premiers disciples?

D. Oui, pour ceux qui furent témoins du fait, l'accomplissement de la promesse de Jésus-Christ était visible. Malheureusement nous, hommes du dix-neuvième siècle, nous sommes un peu loin du prodige et de ceux qui en furent les témoins oculaires.

R. Si vous êtes loin du prodige, c'est votre faute, car le prodige subsiste toujours, et l'on peut dire, sans exagération, qu'il est aujourd'hui dix-huit cents fois plus éclatant que quand il apparut pour la première fois à Jérusalem.

En effet, si vous n'entendez pas le chef des envoyés du Christ, Simon-Pierre, parler en même temps trois à quatre cents langues différentes, ne voyez-vous pas, ne pouvezvous pas voir trois à quatre cent mille prêtres, envoyés par mille à douze cents évêques, successeurs des apôtres, envoyés eux-mêmes par le successeur de Simon-Pierre, parler sur tous les points du globe près de trois mille idiomes. différents, y exprimer éternellement les mêmes choses, et y obtenir la foi aux mêmes dogmes et préceptes, de la part, non de trois mille hommes, mais de près de deux cents millions d'hommes ? Réfléchissez un peu: 1° à ce que sont par nature ces trois à quatre cent mille envoyés qui ne font qu'un dans leur enseignement; 2° à ce que sont par nature ces deux cents millions d'auditeurs qui ne font qu'un par leur foi; 3° à ce que sont pour la nature et des prédicateurs et des auditeurs les doctrines dogmatiques et morales du catholicisme; et vous comprendrez, je pense, qu'un tel spectacle, ne durât-il qu'une seule année, est pour le moins

(1) Actes des apôtres, IV, 32-35.

aussi merveilleux et naturellement inexplicable que le discours de Simon-Pierre aux jours de la Pentecôte. Or, il dure, ce spectacle, depuis dix-huit cents ans; n'ai-je donc pas raison de dire qu'il est dix-huit cents fois plus éclatant qu'à son début?

Hommes d'intelligence et de cœur, qui désirez mettre fin à vos doutes en matière religieuse, sortez quelques heures de vos habitudes d'irréflexion, pour méditer le fait de l'unité catholique (v. IIIe Fait, ch. I et I); et vous n'y trouverez d'autre explication que celle qu'en donne le catéchisme : Le Saint-Esprit est l'âme de l'Église enseignante, l'âme encore de toute âme qui croit à l'enseignement de l'Église.

Enfin, hommes du dix-neuvième siècle, vous n'avez que trop écouté et glorifié les maîtres aveugles qui ont voulu opposer les enseignements de l'esprit et du cœur des hommes aux enseignements de l'esprit de vérité et de charitě. Quel en a été le résultat? La foi, dans une partie des masses, à des erreurs infernales, mais très-logiques, et le besoin, également logique, de faire triompher ces erreurs par le fer et le feu. N'est-il pas temps que nous retournions tous au pied des autels unir notre voix à celle de l'Église : Venez, Esprit créateur, remplir nos esprits de vos divines lumières, et embraser nos cœurs du feu de votre amour!

ARTICLE IX.

JE CROIS LA SAINTE ÉGLISE CATHOLIQUE, LA COMMUNION

DES SAINTS.

§ Ter.

Je crois la sainte Eglise catholique.

D. Après ce que vous avez dit de l'Église catholique, dans l'étude du troisième Fait, il ne me reste qu'à vous de

mander pourquoi on a fait un article de foi de l'existence de l'Église catholique, puisqu'elle est un fait visible.

R. Ce n'est pas précisément le fait matériel de l'existence de l'Église catholique qui est l'objet de notre foi, c'est la nature divine du fait. Par ces mots : « Je crois la sainte

Église catholique, >> nous professons que le divin Sauveur a mis le sceau à son œuvre et a pourvu au salut du genre humain par l'institution et la conservation, jusqu'à la fin des siècles, d'une Église ou société religieuse capable de sanctifier tous les hommes, c'est-à-dire, d'offrir à tous la loi pure de Jésus-Christ et tous les moyens qui peuvent en faciliter l'accomplissement. Il y a là, comme vous le voyez, un acte de foi non-seulement à l'institution divine et au gouvernement surnaturel de l'Église, mais encore un acte, au moins implicite, de foi et de soumission à l'enseignement et aux prescriptions de l'Église.

Or, cet article de foi était d'une absolue nécessité, car il est fondamental. Otez la foi à l'esprit de Jésus-Christ, toujours présent dans son Église, enseignant, guérissant et gouvernant toujours les âmes par l'organe de ceux à qui il a dit : Allez, enseignez, baptisez... Qui vous écoute, m'écoute, etc., qu'arrive-t-il? La foi à tous les articles qui précèdent et qui suivent celui-là s'évanouit comme un songe. La foi ellemème au Dieu tout-puissant devient une fable, et la morale du Décalogue n'est plus qu'une superstitieuse et barbare oppression de la liberté humaine. Pour les esprits capables de lier trois idées, il n'y a jamais eu, il n'y aura jamais de milieu acceptable entre ces deux partis : ou croire JésusChrist parlant par l'Église, ou ne croire qu'à soi, c'est-à-dire ne croire sérieusement à rien.

D. Le protestant vous dira: Je crois à Jésus-Christ par la Bible!

R. Si le protestant qui tiendrait ce langage était un sincère croyant de la Société biblique, je le prierais de m'apporter sa Bible; et quand le livre serait là, je lui dirais : Comment savez-vous, mon ami, que ce livre, traduit hier

par un de vos ministres et sorti des presses allemandes, suisses ou hollandaises, est l'envoyé du Christ auprès de vous? Votre Bible (dont la partie du Nouveau Testament n'existait pas encore) était-elle parmi les disciples qui reçurent les adieux du Sauveur? Supposé qu'elle fût là, et que ce soit à elle que le Christ ait dit: Allez, enseignez toutes les nations, apprenez-leur à observer toute ma loi ! êtes-vous sûr qu'elle se soit conservée pure de toute altération en traversant les quinze siècles durant lesquels le papisme a, selon vous, tout corrompu, tout souillé? Enfin, combien votre Bible a-t-elle ressuscité de morts pour vous faire admettre ce fondement de la foi protestante: La Bible contient toute la religion de Jésus-Christ, et, pour l'y trouver, il suffit de la lire? Il me paraît à moi que, pour accepter un tel dogme, il faudrait au moins avoir vu un cimetière rendre à la vie les générations dont il contient les cendres.

Mettons que vous autres, enfants du libre examen, vous soyez de meilleure composition que les croyants du papisme, et que vous admettiez sans raison et contre toute raison la divine mission de votre Bible, voici une autre difficulté.

Votre Bible contient plus de trente-quatre mille versets. Veuillez bien m'indiquer du doigt les textes qui établissent évidemment la vérité des articles du Symbole des apôtres, symbole que presque tous vos catéchismes ont conservé. Ces textes, voilà plus de trois siècles que vos théologiens les cherchent, et, comme ils ne les trouvent pas, la plupart d'entre eux ont jeté au ruisseau et le Symbole et la Bible. Au lieu de vous morfondre à découvrir ces textes, il vaudrait infiniment mieux, mon cher frère, méditer le sens de cet article de la foi de tous les siècles chrétiens : « Je crois la sainte Église catholique. » En effet, au tribunal de JésusChrist, où d'un jour à l'autre vous pouvez paraître, de deux choses l'une ou le juge suprême acceptera la Bible pour base de votre jugement, ou non; dans le dernier cas, à quoi vous serviront vos études bibliques? Dans le premier

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