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vouement à toute épreuve de leurs sujets catholiques, dans la soumission et l'âme naturellement catholique des populations qui les respectent encore comme leurs chefs spirituels, donneront-ils au ciel et à la terre la plus grande des fêtes (1), par la déclaration solennelle de cette vérité qui est au fond de toute conscience chrétienne: Il n'y a qu'un Dieu, qu'un Christ; il ne doit y avoir qu'une foi, qu'une Église? Je l'ai déjà dit : dans cette hypothèse, l'Europe, un beau matin, serait tout étonnée de se trouver catholique, et le socialisme, tué du même coup que le protestantisme, ne vivrait plus que dans l'histoire.

Au lieu de cette noble et sainte inspiration, que nous avons lieu d'attendre de leur sagesse et des prières incessantes qui montent vers le trône du Maître miséricordieux du cœur des rois, les cabinets du Nord s'aveugleraient-ils jusqu'à protéger le socialisme comme un auxiliaire utile contre le progrès catholique? La recrudescence du fanatisme protestant, qui, sous l'influence anglaise, se manifeste en ce moment dans toute l'Europe, obtiendrait-elle la faveur des souverains et de nouvelles hostilités contre l'Église du Dieu vivant? L'Attila socialiste profiterait sans doute de cette alliance pour agiter de nouveau le Midi et tâcher d'y laver dans une mer de sang la honte de ses défaites. Mais ses tentatives n'aboutiraient probablement qu'à consommer le réveil religieux des nations catholiques, à cimenter l'union de leurs chefs et à les rallier autour du divin étendard pour une nouvelle victoire de Lépante .

Refoulé dans sa patrie et écumant de rage, l'enfant du Nord exécuterait l'ordre du ciel, et donnerait à ses alliés leur digne salaire, en mettant le feu à la mine dont les ga

respectueusement la vérité. Les princes changèrent donc de religion dans le seizième siècle pour avoir de l'argent, et ils en changeront dans le dix-neuvième pour conserver leurs trônes (s'ils sont à temps). Il n'y a rien de si aisé que de trouver vrais des dogmes qui s'accordent avec nos intérêts les plus chers. » M. de Maistre, Lettres et opuscules, tom. I, p. 276

(1) Saint Luc, ch. XV.

leries souterraines s'étendent de Dublin à Londres, de Londres à la Haye, de la Haye à Berlin, et de là se prolongent, les unes jusqu'à Saint-Pétersbourg et Moscou, les autres jusqu'à Drontheim, en passant par Copenhague et Stockholm.

Nous connaissons les affreux projets du socialisme en France, en Italie, et quiconque a étudié la marche des révolutions est convaincu que l'exécution dépasserait de beaucoup les horreurs du programme. Mais qui pourrait dire les exploits du monstre dans les pays où, depuis des siècles, les cours, les salons, les temples, les universités, les sociétés secrètes, la plume des écrivains, le pinceau des artistes, ont travaillé de concert à préparer de prodigieux amas de matières inflammables! L'embrasement serait tel, que les puissances catholiques n'arriveraient probablement que pour assister, l'arme au bras, au spectacle qu'offrit à l'armée de Titus la ville déicide. C'est ce que prévoyait, il y a près de quarante ans, M. de Maistre, quand, parlant de l'Angleterre et de la Russie, qui sont les deux pôles du monde anticatholique, il disait de la première : « J'ai l'œil sur l'Angleterre. Soyez sûr que de ce pays partira un jour quelque fusée à la Congrève qui nous donnera une belle illumination, » et de l'autre : « Si une fois le peuple était ébranlé et commençait, au lieu des expéditions asiatiques, une révolution à l'européenne, je n'ai point d'expression pour vous dire ce qu'on pourrait craindre :

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Prions, et prions sans relâche, pour que les lumières de la foi et les célestes ardeurs de la charité, dissipant la brume glaciale qui règne encore dans les hautes régions de la société européenne, préviennent l'explosion des feux de la justice divine, et que le Dieu des miséricordes nous donne

(1) V. Lettres et opuscules, tom. I, p. 218, 311.

le plus ravissant des spectacles : le pacifique auto-da-fé des tristes erreurs qui, en déchirant la famille de Japhet, l'ont empêchée jusqu'ici de porter avec plus d'abondance la lumière dans les tentes de Sem, et de lever l'anathème qui pèse toujours sur les enfants de Cham. Amen.

FIN.

TROISIÈME FAIT. L'EXISTENCE D'UNE ÉGLISE CATHOLIQUE.

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Pages.

QUATRIÈME FAIT, — - L'EXISTENCE DÉS HOMMES.

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